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Actualités - CHRONOLOGIE

Cinéma Réalisé dans l’urgence de la guerre, le second long-métrage du cinéaste est une arme contre la haine « Sous les bombes », de Philippe Aractingi, à Venise

Le film du cinéaste Philippe Aractingi « Sous les bombes » sera présenté le dimanche 2 septembre au Festival de Venise dans le cadre de « Venice Days ». Une consécration pour ce réalisateur qui signe là son second long-métrage et qui s’est toujours muni de sa caméra pour témoigner et dénoncer la bêtise et la haine. « Lors de l’éclatement de la guerre de juillet, je n’ai pas réfléchi, s’exclame Philippe Aractingi. Il ne fallait pas hésiter, et il était de mon devoir d’artiste de réagir immédiatement avant de se laisser happer par la colère. » Sous les bombes est l’expression de la douleur d’un homme qui dit « avoir réagi à une gifle. Je ne pouvais me permettre de demeurer passif devant un événement aussi dense », poursuit Aractingi. L’œuvre cinématographique va donc germer le 12 juillet dans la tête du cinéaste et... sous les bombes. « Il n’y avait pas de scénario, mais des idées chaotiques qui n’attendaient qu’à se matérialiser », avoue-t-il. Et c’est lors du départ en France, dix jours après (comme tant de Libanais à l’époque), que la trame se resserre, que le canevas prend forme. « J’ai exprimé mon désir de tourner à Hervé Chabalier et Capa Cinéma qui se sont embarqués dans l’aventure sans savoir préalablement où elle allait nous mener. » De retour au Liban et après que Chabalier ait réuni une équipe de producteurs autour du projet, Aractingi commence à peaufiner le squelette d’un scénario en compagnie de Michel Léviant. Le tournage de Sous les bombes peut démarrer. « Pour ce film j’ai appris, confie-t-il, à surmonter mes peurs. À part ma propre peur de la guerre, il y avait la crainte de mettre une équipe en danger, jumelée à celle de monter un tel projet qui semblait au départ aléatoire. » Action Tourné à l’envers, comme contraire aux aiguilles d’une montre dans des conditions précaires, le film mettait en scène deux comédiens (Nada Abou Farhat et Georges Khabbaz) face à une nuée de réfugiés, de journalistes, de militaires ou de religieux. Autodidacte et homme de terrain, le cinéaste franco-libanais, qui avait déjà exploré plusieurs modes d’expression, allait encore une fois faire preuve d’innovation. « J’avais réalisé des news, du reportage de guerre, du documentaire (40) et même du docu-animalier en Afrique et en Mongolie. Mon premier long-métrage, Bosta, avait, contrairement à celui-ci, nécessité beaucoup de temps et de réflexion. Sous les bombes se devait de s’inscrire dans un autre registre. » Le réalisateur allait ainsi monter une œuvre cinématographique de fiction bien réelle. À travers une approche journalistique, le film, qui évoque la guerre à travers les personnages et qui sonde l’humain face à l’événement, est la quintessence de tous les travaux du cinéaste. « J’y ai mis toutes mes expériences précédentes », avoue-t-il. Il s’agit d’un road-movie qui met en scène une femme revenue au Liban déchiré par la guerre (de juillet 2006) à la recherche de son fils qu’elle avait gardé chez sa sœur au Sud. Accompagnée d’un chauffeur de taxi d’apparence roublard et véreux, sa quête prendra une autre tournure à son arrivée. En cours de route, les personnages vont apprendre à se connaître et à se découvrir. Beaucoup d’émotions, peu d’images de morts (« on en a trop vu », affirme Philippe Aractingi) et une vision d’un pays à la fois tendre et douloureuse, tragique et douce se retrouvent dans cette œuvre de plus de 90 minutes. « Le film s’est construit au fur et à mesure, confie l’artiste, un peu d’une manière organique, avec les événements et non pas contre. » Entre réalité et fiction, mêlant parfois les deux, le long-métrage de Philippe Aractingi sublime l’état de guerre et plonge le spectateur dans une autre dimension, celle des émotions créatives. En improvisant et toujours guidé par son flair et sa détermination, le reporter des sentiments illustre l’intimité sans jamais verser dans le pathos. Il offre à voir une œuvre unique en son genre qui fera, certes, après son voyage à Venise, son petit bout de chemin. Colette KHALAF
Le film du cinéaste Philippe Aractingi « Sous les bombes » sera présenté le dimanche 2 septembre au Festival de Venise dans le cadre de « Venice Days ». Une consécration pour ce réalisateur qui signe là son second long-métrage et qui s’est toujours muni de sa caméra pour témoigner et dénoncer la bêtise et la haine.
« Lors de l’éclatement de la guerre de...