Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Journée spirituelle organisée à l’intention des journalistes Dans la vallée sainte de Qannoubine… sur les pas du patriarche Stéphan Doueihy

«Élevez vos prières à l’intention de la canonisation du patriarche Stéphan Doueihy. » Dans la grotte de Sainte-Marina, dans la vallée sainte de Qannoubine, la voix du postulateur du procès de la canonisation du patriarche Doueihy, le père Paul Azzi, rompt le silence. Entouré de journalistes ayant répondu à l’appel lancé par la Fondation du patriarche Doueihy pour passer une journée dans la vallée sainte, le père Azzi explique que cette tournée s’inscrit dans le cadre des festivités organisées pour commémorer le 377e anniversaire du patriarche Doueihy, dont le procès en canonisation est à sa phase finale. Avec à l’ordre du jour trois stations : une rencontre avec le chef de l’Église maronite, Nasrallah Sfeir, pour lui remettre la Positio de sainteté du patriarche Doueihy, qui contient « la vie du serviteur du Dieu, ainsi que l’héroïcité des vertus, les guérisons et miracles rapportés par les fidèles », une visite au couvent de Notre-Dame de Qannoubine, où a vécu le patriarche, comme à la grotte de Sainte-Marina où sont enterrés dix-sept patriarches dont Stéphan Doueihy. « Trois siècles après sa mort, le patriarche Doueihy est toujours présent dans les esprits », affirme à L’Orient-Le Jour le père Azzi, nommé postulateur du procès en août 2000 par le patriarcat et le synode maronites. « Les gens ne l’ont pas oublié, poursuit-il. Ils se rappellent ses vertus et les miracles qu’il a faits. C’est la raison pour laquelle, quand un homme de Dieu donne un signe de sa présence par des miracles, des grâces ou des guérisons extraordinaires qui lui sont attribués, le synode maronite ne peut pas négliger le procès. Dans le cas du patriarche Doueihy, le synode maronite a ainsi pris en considération tous les miracles qui lui ont été attribués et, en 2000, la décision a été prise de soumettre au Vatican la cause de la sainteté de Doueihy. Pourquoi 300 ans après sa mort ? Je pense parce que le XXIe siècle doit être marqué par l’exemple et la spiritualité du patriarche. Je pense aussi que ce procès en canonisation renferme un message sur le rôle d’un patriarche tant au niveau mondain que spirituel. Mais le patriarche Doueihy représente aussi un idéal, d’autant qu’il était historien, philosophe et théologien. Il a réorganisé la liturgie maronite et a été le lien entre l’Occident et l’Orient, puisqu’il était l’émissaire du pape auprès d’autres églises au Moyen-Orient. » Selon le père Azzi, le patriarche Doueihy avait un message à lancer. « Dieu n’envoie plus des prophètes, mais des saints, affirme-t-il. Dans le cas de saint Charbel, on constate cette vie d’ermite, de prière et d’intimité entre l’homme et Dieu. Avec Hardini, on voit un administrateur. Sainte Rafca est le symbole de l’amour de la Croix et du sacrifice pour la Passion du Christ. Le frère Étienne Nehmé, dont le procès en canonisation est en cours, donne l’exemple d’un homme de fraternité, d’amour et de tendresse qui n’a pas hésité à venir en aide à des centaines de personnes et de familles délaissées au cours de la Première Guerre mondiale. En ce qui concerne le patriarche Doueihy, j’estime que c’est un appel pour réorganiser le patriarcat maronite, en ce sens qu’il s’agit surtout de construire et de conserver la foi des fidèles, d’autant que le rôle du patriarche, c’est d’être auprès de tout le monde. C’est ce que fait d’ailleurs le patriarche Sfeir qui incarne cette mission du patriarche Doueihy. » Au couvent Notre-Dame de Qannoubine, la pièce qu’avait occupée le patriarche Doueihy durant ses années d’ermitage est un lieu de pèlerinage pour de nombreux fidèles. D’une simplicité et d’une modestie infinies, elle comporte deux fenêtres minuscules, l’une ouverte sur le Saint-Sacrement, l’autre sur la fresque de la Vierge Marie dont l’intercession auprès d’elle lui a permis de recouvrer la vue. Une troisième fenêtre donne sur la vallée sainte en signe de rencontre avec les quelque 800 ermites et moines qui avaient vécu dans cette vallée d’où s’élevait « un nuage d’encens les jours de fête ». Aujourd’hui, seuls trois ermites y vivent, dont un moine colombien. Le procès en canonisation du patriarche Doueihy est à sa phase finale. L’enquête sera entamée bientôt, deux miracles ayant été retenus, l’un à Washington, l’autre à Beyrouth. Stéphan Doueihy sera le premier patriarche à être canonisé. « J’espère qu’il y aura d’autres procès, parce que le Liban mérite d’avoir des saints », insiste le père Azzi, précisant que d’autres visites seront organisées à Ehden (village natal du patriarche) et à Méouch dans le Chouf (où il s’est réfugié fuyant les persécutions), sur les pas du patriarche Doueihy. Une vie imprégnée d’austérité et de foi Né à Ehden, au Liban-Nord, le 2 août 1630, Stéphan Doueihy a suivi ses études dans l’école du village. Se distinguant par son intelligence et sa sagacité, il est envoyé par le patriarche Georges Omeyra, en 1641, à l’École maronite de Rome, où il poursuit ses études jusqu’en 1655, date à laquelle il rentre au Liban avec à son actif un doctorat en théologie et plusieurs études approfondies sur le patrimoine de l’Église maronite. Ordonné prêtre en 1656, Stéphan Doueihy fonde une année plus tard une école au monastère de Mar Yaacoub, à Ehden. Il y mène une vie d’ascète et d’écrivain avant d’être envoyé en 1658 à Alep. Au cours de cette même année, il est nommé missionnaire de la Congrégation pour la propagation de la foi en Orient. Nommé en 1660 visiteur patriarcal au Chouf et au Liban-Sud, Stéphan Doueihy est envoyé de nouveau, trois ans plus tard, à Alep, où il fonde l’École maronite. Il y passe cinq ans à prêcher et à enseigner, contribuant au retour de nombreuses personnes à la foi catholique, si bien qu’il est nommé « Chrysostome ». En 1668, Stéphan Doueihy fait le pèlerinage de la Terre sainte avec les siens. De retour au Liban, il est sacré évêque de Chypre et désigné visiteur patriarcal des régions de Jubbet, el-Zawiyé et du Akkar. Il retourne à Qannoubine en 1670, date à laquelle il est élu patriarche, malgré sa réticence. Persécuté à plusieurs reprises par les dirigeants du pays, Stéphan Doueihy trouve refuge au monastère Mar Challita, à Ghosta, qu’il avait consacré siège patriarcal en 1673. En 1680, il se rend au couvent Saint-Maron à Majdel Méouch, passant cinq années dans l’enseignement et la prière et poursuivant les recherches. Il retourne au monastère de Notre-Dame de Qannoubine en 1685, les dirigeants de Tripoli et de Jubbet s’étant engagés à ne plus l’importuner. Un engagement qui fait toutefois long feu, puisque le patriarche se rend de nouveau au monastère de Mar Challita, à Ghosta, en 1703. Il avait, entre-temps, ratifié les Constitutions de l’Ordre libanais et alépin, ainsi que les statuts des religieux antonins de saint Isaïe. Stéphan Doueihy retourne pour la dernière fois au monastère Notre-Dame de Qannoubine le 26 avril 1704 et y rend l’âme quelques jours plus tard (le 3 mai) succombant à sa maladie. Auteur de plusieurs ouvrages de liturgie, d’histoire, de philosophie, de chants syriaques et de plusieurs traductions, Stéphan Doueihy a pratiqué, à l’instar de ses prédécesseurs, l’austérité, l’ascèse et la mortification. Il a prôné la justice et le droit, et passé de longues heures à prier et à méditer. Nada Merhi
«Élevez vos prières à l’intention de la canonisation du patriarche Stéphan Doueihy. » Dans la grotte de Sainte-Marina, dans la vallée sainte de Qannoubine, la voix du postulateur du procès de la canonisation du patriarche Doueihy, le père Paul Azzi, rompt le silence. Entouré de journalistes ayant répondu à l’appel lancé par la Fondation du patriarche Doueihy pour...