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Près de 100 maisons abandonnées sont devenues une aubaine pour les jeunes migrants Des Européens trouvent leur Home Sweet Home dans des squats de Londres

« Bienvenue, installez-vous, je vais faire du thé », dit Inese, une jeune Lettone, en ouvrant la porte de son squat. Comme de nombreux jeunes Européens, elle habite l’une des dizaines de maisons abandonnées le long du périphérique nord pour vivre à Londres sans les loyers faramineux. Arrivée pour faire du tourisme il y a deux ans, elle a vite épuisé ses économies mais, séduite par la ville, a décidé de rester. En habitant ce squat, un pavillon qu’elle a rénové, et « glanant » de la nourriture presque périmée jetée par les supermarchés, elle vit quasiment sans argent dans l’une des villes les plus chères au monde et passe ses journées à peindre. « Si je devais courir après l’argent, et ne pouvais pas peindre, je me sentirais pauvre », explique la jeune femme aux cheveux châtains courts, dans sa chambre aux murs blancs dont les fenêtres donnent sur un jardin. Elle travaille occasionnellement dans une usine et son petit ami, Martin, se fait embaucher parfois comme déménageur. Mis à part le bruit assourdissant du North Circular, l’une des artères les plus encombrées de Londres, leur pavillon aux murs repeints, avec eau et électricité, ferait envie à plus d’un Londonien. Dans ce quartier, le ministère des Transports avait décidé au début des années 1970 d’élargir le périphérique nord, ce qui impliquait la démolition de 300 maisons. Plusieurs centaines ont été acquises par l’État, mais le projet n’a jamais vu le jour, et en attendant une éventuelle décision de justice, près de 100 maisons abandonnées sont devenues une aubaine pour les squatters. Dans la maison voisine, Jean-Baptiste, un Français arrivé il y a sept ans à Londres, a lui aussi choisi cette solution. « Avec un salaire de 800 livres et un loyer de 450 livres, on a assez pour survivre, mais pas pour apprécier la ville », explique ce jardinier passionné de musique. « Mais la vie de squatter, c’est pas de tout repos », dit avec un grand sourire le jeune homme brun, qui vit dans une chambre confortable encombrée de caissons d’amplificateurs et de deux chiens. Il raconte les déménagements fréquents, les efforts pour nettoyer une maison qui avait été abandonnée pendant deux ans et un incident avec un gang de Lituaniens qui a voulu investir la maison de force. Jean-Baptiste dit ne pas avoir de problèmes avec ses voisins qui payent des loyers ou avec les autorités. « Si vous n’embêtez personne et nettoyez devant votre porte, vous pouvez rester », résume-t-il. « Les gens ne se rendent pas compte que des migrants que l’on croise à Londres, qui font des métiers dont on a besoin, vivent parfois dans des squats », remarque le journaliste Simon Ostrovsky, qui a suivi pendant plusieurs mois les hauts et les bas de jeunes Lettons et Lituaniens du North Circular. Il en a tiré une série de quatre courts documentaires, North Circular Stories, diffusés cette semaine sur Channel Four. Quelques centaines de mètres plus loin, sur Bowes Road, un autre squat, qui n’a pas l’air d’en être un, est habité par des Russes de Lituanie. Anton, un étudiant en architecture d’une vingtaine d’années, montre avec fierté sa chambre repeinte en vert vif. « Avant je vivais à Greenwich avec des Polonais et des Lettons, mais il y avait beaucoup de saleté. On a trouvé cette maison, débarrassé des tas de briques, les rats, on a nettoyé les graffitis, réparé les vitres », raconte-t-il, en faisant griller des ailes de poulets sur un barbecue en brique dans le jardin où traînent de vieux canapés, sur fond de musique pop russe. Anton et ses compagnons disent tous se plaire beaucoup à Londres et espérer encore un peu de répit pour profiter de leur maison.

« Bienvenue, installez-vous, je vais faire du thé », dit Inese, une jeune Lettone, en ouvrant la porte de son squat. Comme de nombreux jeunes Européens, elle habite l’une des dizaines de maisons abandonnées le long du périphérique nord pour vivre à Londres sans les loyers faramineux.



Arrivée pour faire du tourisme il y a deux ans, elle a vite épuisé ses économies mais,...