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Actualités - CHRONOLOGIE

LU POUR VOUS - « La Castafiore , biographie non autorisée » lance un pavé dans la bulle Albert Algoud : « Égérie de me voir si belle »

La Castafiore, l’unique personnage féminin des albums d’Hergé, surnommée « le Rossignol milanais », a fait gloser plus d’un tintinophile, mais seule «La biographie non autorisée» d’Albert Algoud, publiée en 2007 chez Chiffet & Cie, jette un pavé dans la mare. En soulevant un débat osé et risqué sur l’identité sexuelle de la célèbre cantatrice, Algoud défriche les idées reçues et bouleverse agréablement le monde de la BD. Ce petit ouvrage broché, de couleur rose, est un « bijou » de livre. Puissant, il cache dans ses feuillets moult secrets et péripéties. Avec un ton subversif et caustique, mais également libre et décalé, Albert Algoud, lui-même tintinophile chevronné, jette le trouble dans l’univers bien confortable du célèbre globe-trotter à la mèche blonde. « Enfer et damnation ! » crieront certains. « Offense et opprobre ! » s’esclafferont d’autres. Mais il est certain que beaucoup conviendront que ce travail colossal d’archiviste et ces recherches fondées sur de nombreux exemples et démonstrations solides (dates et lieux) ne peuvent pas laisser indifférent et jettent le trouble dans une eau dormante. Qui est cette Castafiore? se demande Algoud. Cette cantatrice adulée dans le monde entier, diva d’entre les divas, dont les chants sont retransmis sur toute la surface du globe et qui, pourtant, ne fait pas l’unanimité à l’intérieur de la série ? Véritable bourrasque musicale, accompagnée souvent de sa camériste Irma et de son pianiste Igor Wagner, la Castafiore bouleverse tout sur son passage. Dès qu’elle apparaît, tout se brouille et s’embrouille. Fiorentino Casta ?! Personnage pas très sympathique, à la stature un peu colossale (poitrine volumineuse, hanches bien carrées et arrière-train assez imposant), la Castafiore réussit à troubler le valet Nestor ainsi que le vieux loup de mer Haddock qui perd de sa contenance. Même le brave professeur Tournesol (sourd comme un pot, mais apparemment amoureux dans Les bijoux de la Castafiore) semble apprécier sa musique. Faisant incursion dans sept albums, dont Le sceptre d’Ottokar, l’Affaire Tournesol, Coke en stock, Tintin et les Picaros et le fameux Les bijoux de la Castafiore (entièrement consacré à elle), Bianca est souvent l’alliée de nos héros. Pourtant – et c’est là qu’Algoud se permet de semer le doute – le personnage de cette diva fantasque mais froide est plus qu’ambigu. L’écrivain et humoriste français va jouer sur cette ambiguïté et construire une théorie sur laquelle s’articulera le roman. Et si Bianca Castafiore, alias Fiorentino Casta, était le dernier castrat de l’histoire de la musique ? Avouez que ça en bouche un coin. Ce véritable temple de la bimbeloterie féminine pour Hergé (de la boîte à poudre au parfum Arpège de Lanvin en flacon, jusqu’au collier signé Tristan Bior, en passant par la robe de la styliste Bouyeuse de Milan, petite-fille de Puccini et qui habilla La Callas) est touché au cœur par le séisme Algoud, qui pulvérise dans son petit ouvrage toutes les idées reçues. La diva traverse les albums de Tintin, mais également les époques et rencontre les figures les plus célèbres. De de Gaulle à Castro, en passant par Andy Warhol ou Joséphine Baker, Algoud fait, par ses élucubrations fantastiques, l’autopsie d’un siècle. Ce professeur de français, devenu animateur d’une émission de radio sur RFM puis sur Canal + dans Nulle part ailleurs, en compagnie d’Antoine de Caunes et de Karl Zéro, et chroniqueur dans le Canard enchaîné, Le Point et À nous Paris, est également l’auteur de plusieurs ouvrages. Esprit débridé d’une époque aujourd’hui révolue, celle des années folles de Canal +, l’humoriste-scénariste épluche, dissèque et passe au scalpel l’une des égéries de la bande dessinée. Même si certains tintinophiles auront le poil hérissé à la lecture de l’ouvrage d’Algoud, les vibratos de l’auteur ne brisent cependant pas le miroir de la grande Castafiore qui rira à jamais de se voir si belle ! Colette KHALAF
La Castafiore, l’unique personnage féminin des albums d’Hergé, surnommée « le Rossignol milanais », a fait gloser plus d’un tintinophile, mais seule «La biographie non autorisée» d’Albert Algoud, publiée en 2007 chez Chiffet & Cie, jette un pavé dans la mare. En soulevant un débat osé et risqué sur l’identité sexuelle de la célèbre cantatrice, Algoud...