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Douze étudiants volontaires pour animer un « camp de jeunesse » En vacances dans un ghetto rom de la République tchèque

Tae Young-kim est venue de Séoul, Yasushi Takano de Tokyo, Émilie Bouchard de Montréal et Laura Romain de Paris, pour quinze jours de vacances très spéciales dans le ghetto rom d’Usti Nad Labem, une ville industrielle et triste du nord de la République tchèque. « C’est une superexpérience, je voulais découvrir l’Europe, la culture tzigane m’intéresse, c’est une chance de rencontrer les gens du pays », s’enthousiasme Yasushi Takano, étudiant en chimie de 21 ans. Jusqu’à présent, le jeune Japonais n’a vu de l’Europe que le centre communautaire de la rue Maticni, devenue tristement célèbre en 1999 à cause du mur dit « de la honte » que la municipalité y avait érigé pour isoler le quartier rom. Ils sont douze étudiants de 18 à 28 ans à s’être portés volontaires pour animer sur place le « camp de jeunesse », organisé par une association tchèque locale. Ils vivent et dorment dans la maison étroite et sombre qui abrite le centre. Malgré la vue sinistre sur l’usine fermée et les immeubles délabrés, ce sont pour eux de vraies vacances. « Vivre avec des gens que l’on n’aurait jamais l’occasion de rencontrer, connaître d’autres cultures est une façon différente de voyager », souligne Laura, une étudiante styliste parisienne qui a déjà participé à d’autres camps du même type en Russie et en Lituanie. Les visiteurs étrangers organisent des jeux dans la cour, animent des ateliers de danse, repeignent le centre. L’objectif est plus humain qu’éducatif : il s’agit avant tout « de partager de bons moments », comme le dit Kim, la Sud-Coréenne qui, comme les autres, a payé quelque 150 euros de participation pour le séjour et financé son voyage jusqu’à Usti nad Labem. Pour Émilie, la Québecoise, c’est « une expérience qui apprend beaucoup sur la question des minorités », malgré la barrière de la langue. Selon elle, le contact avec des enfants réputés difficiles se passe très bien de mots. Du côté des Roms, communauté défavorisée qui compte environ 300 000 membres en République tchèque, « le voisinage avec la majorité blanche conduit parfois à des troubles sociaux », comme le dit succinctement le descriptif du camp. « Les enfants aiment rencontrer des étrangers, ça les change, parce que ici, les “Blancs” sont en général xénophobes », explique la chef de camp, Ingrid Mitackova, une Tchèque de 21 ans. Plusieurs volontaires disent avoir été « choqués » par la façon dont les petits Roms sont regardés et traités. Alors que, selon un récent sondage, 79 % des Tchèques jugent mauvaise la cohabitation avec les Roms, les protestations ont été rares quand le vice-Premier ministre Jiri Cunek a affirmé qu’il valait mieux être « bronzé » pour toucher des allocations familiales, ou quand la présidente de la commission sénatoriale des Droits de l’homme Liana Janackova a suggéré de régler « à la dynamite » le problème des ghettos roms, rongés par la pauvreté et le chômage. « Dans mon pays, beaucoup ne me considèrent pas comme citoyens à part entière, mais quand on reçoit des Américains ou des Anglais, on vit ensemble comme une famille », dit le gardien du centre. Laura, elle, pense que le contact est plus facile quand on est un étranger de passage. D’ailleurs, ça ne lui viendrait pas à l’idée de séjourner dans un camp gitan en France.

Tae Young-kim est venue de Séoul, Yasushi Takano de Tokyo, Émilie Bouchard de Montréal et Laura Romain de Paris, pour quinze jours de vacances très spéciales dans le ghetto rom d’Usti Nad Labem, une ville industrielle et triste du nord de la République tchèque.
« C’est une superexpérience, je voulais découvrir l’Europe, la culture tzigane m’intéresse, c’est une chance de...