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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAIT D’ARTISTE - Un chef d’orchestre hors pair Sir Simon Rattle, le plus Berlinois des Anglais !

Il y a du conte de fées et de la légende dans le parcours de l’un des plus grands maestros du monde, dans le sillage d’un Karajan ou d’un Abbado. Et on nomme bien sûr sir Simon Rattle, le plus Berlinois des Anglais, maestro assoluto, qui dirige aujourd’hui l’Orchestre philharmonique de Berlin. Une présence rassurante et magique que les mélomanes avertis captent comme des ondes lumineuses dès que la baguette fend l’air et que s’échappent les premières mesures. Mais c’est aussi un choix éclectique et varié de partitions allant de Wagner à Mahler en passant par Beethoven, Debussy, Dvorak, Britten et bien d’autres et last but not least, un art souverain de décrypter un texte musical, tissé du sens le plus absolu du détail métissé d’une musicalité qui coule avec la fluidité, la force et la transparence des sources… Figure emblématique de la musique classique, sir Simon Rattle, éminent sujet de Sa Gracieuse Majesté la reine d’Angleterre, vient d’apparaître dans un concert de ces charmants festivals d’été (à défaut de l’applaudir à Baalbeck ou Beiteddine) en Allemagne, avec des pages d’Enescu et de Prokofiev. On l’a aperçu récemment au petit écran, dans une émission d’Arte, avec ses cheveux blancs annelés cadrant son visage illuminé par une musique qui subjuguait littéralement l’auditoire. Talent, modestie, humour, décontraction : voilà les atouts de ce brillant et génial chef d’orchestre, tout vêtu de noir et né en 1955 à Liverpool. L’occasion de revoir une carrière qui a défrayé les chroniques et de réécouter des œuvres qui ont plongé les cœurs dans les résonances les plus insoupçonnées, les plus bouleversantes. Tout commence par des études pour piano et violon, et c’est en tant que percussionniste que le musicien se fraye une place dans le premier orchestre qui l’embauche ! Très vite, on le voit (à seize printemps !) à la tête de la Royal Academy of Music de Londres, et c’est en 1974 qu’il obtient son diplôme en remportant, dans la section compétition pour chef d’orchestre, le prix John Player. Il venait aussi, en même temps, de présenter une Deuxième Symphonie de Mahler qui n’a laissé indifférent ni critique ni public ! Et de là, tout s’enclenche rapidement. De l’Orchestre de l’âge des Lumières à l’Orchestre symphonique de Bournemouth en passant par l’Orchestre symphonique de Liverpool et de Birmingham, ses responsabilités occupent les feux de l’actualité musicale et ses prestations le révèlent de plus en plus au grand public et à la presse qui ne tarit plus d’éloges à son propos. Des philharmoniques à l’art lyrique… Le grand virage est opéré en 1999 quand sir Simon Rattle, auréolé de ses coups d’éclat antécédents, prend la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin (considéré à très juste titre comme l’un des postes les plus prestigieux au monde) après une rude bataille avec les acharnés partisans de Daniel Barenboïm. Nouveau succès, nouvelle administration et gestion pour une productivité plus dense et une qualité de présentation encore supérieure. EMI, une des plus grandes maisons d’édition de disques, lui propose un contrat d’exclusivité. Le voilà aussi, par ailleurs, catapulté à la tête du Festival de Pâques de Salzbourg où, par le biais d’une nouvelle corde à son arc, c’est-à-dire l’art lyrique, il triomphe avec Beethoven (Fidelio), Mozart (Cosi fan tutte) Britten (Peter Grimes) et Debussy (Pelléas et Mélisande). C’est Wagner avec L’Anneau du Nibelung, placé sous sa houlette, qui fera l’événement en 2007-2010 prévu pour un Festival d’art lyrique en Aix-en-Provence. De la musique classique (XVIIIe, XIXe siècles) aux audaces contemporaines, sir Simon Rattle n’est pas de ceux qui ont froid aux yeux et encore moins à sa baguette de « Herr Dirigent » ! Des grands romantiques (Brahms, Lizst) aux modernes (Schoenberg, Berg, Szymanowski, Janeçek, Gershwin) la musique ne connaît pas de frontières pour ses emballements, ses coups de cœur, son génie et flair des partitions surexposées ou jamais interprétées. Les connaisseurs soulignent que sa direction du cycle des symphonies de Beethoven, avec l’Orchestre symphonique de Vienne, a une « fraîcheur et une incandescence remarquables ». Dans un registre parfaitement différent, son enregistrement de La mer de Debussy n’as pas moins reçu un accueil enthousiaste et été couvert de dithyrambes. Les récompenses et les prix, et c’est justice, véritable reflet de miroir de ses nombreux et remarquables accomplissements, ont plu sur sir Simon Rattle. De docteur honoris causa à officier des Arts et Lettres en passant par les prix les plus divers (Shakespeare, Toepfer Fondation de Hambourg), la liste de la reconnaissance publique de son immense talent, de la générosité de sa production et de son énergie débordante, fait l’objet d’une nomenclature bien longue et fournie. Mais l’essentiel est sans nul doute ailleurs… L’essentiel est surtout dans l’amour de cette musique (partagé avec les musiciens de l’orchestre et l’écoute du public) qu’il transmet avec tant de doigté, d’inspiration, de vibration, de véhémence, de cœur, de sincérité, de zèle et de passion. On se plaît à rêver au jour ou aux soirées où, à l’ombre des colonnes d’Héliopolis à la Békaa ou des fines arcades du palais des Eaux au Chouf, l’on pourrait écouter Ariane à Naxos ou Le chevalier à la rose de Strauss placé sous direction. Autre temps, autres préoccupations. Le rêve d’une vie sans doute, mais il est quand même permis d’espérer... Entre-temps, vite un lecteur pour mettre une platine aux scintillements nacrés qui mènent justement aux confins de ce rêve secrètement caressé. Le silence s’installe et sir Simon Rattle lâche, en toute vengeresse liberté, des myriades de notes emprisonnées entre une clef de sol et une clef de fa…. Edgar DAVIDIAN
Il y a du conte de fées et de la légende dans le parcours de l’un des plus grands maestros du monde, dans le sillage d’un Karajan ou d’un Abbado. Et on nomme bien sûr sir Simon Rattle, le plus Berlinois des Anglais, maestro assoluto, qui dirige aujourd’hui l’Orchestre philharmonique de Berlin. Une présence rassurante et magique que les mélomanes avertis captent comme des...