Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

VIOLON D’INGRES Médecin, féru de théâtre et comédien amateur Joe Toutounji, entre planches radiographiques et planches scéniques...

Quand le Dr Joseph Toutounji troque sa blouse blanche de radiologue contre un costume de scène, cet homme sérieux, calme et discret, ce praticien méticuleux, se transforme alors en boute-en-train, drôle, espiègle, ou même agité pour les besoins d’un rôle comme celui d’« Oscar » qu’il a interprété en décembre dernier, sous la direction de Marion Guerraz. Il est assez difficile, de prime abord, d’imaginer ce monsieur si réservé et même plutôt timide évoluant devant un public sur les planches. Néanmoins, du Dindon de Feydeau à Oscar, en passant par Treize à table, Le dîner de cons, ou encore Le Nouveau testament de Sacha Guitry, Joe (son prénom de scène) Toutounji semble se glisser avec une facilité déconcertante dans la peau de personnages truculents et de joyeux plaisantins. Un talent de comédien découvert un peu par hasard. Après des études de médecine à l’Université catholique de Louvain et une spécialisation en radiodiagnostic et imagerie médicale, Dr Toutounji retourne à Beyrouth en 1983 exercer sa spécialité dans différents hôpitaux de la ville. Contraint de quitter en 1989 à cause de la guerre, il repart pour la Belgique pour revenir au pays en 1992. Avec, cette fois, « l’envie d’avoir une activité parallèle, quelque chose qui me sorte de la routine du métier », dit-il. Son cousin Jean-Pierre Toutounji, féru de théâtre – « il en avait fait un peu au cours de ses années d’études universitaires » – lui propose de se joindre, avec lui, à un groupe d’une dizaine d’amis de Nadine Mokdessi qui voulaient s’essayer aux planches. Mû par une certaine curiosité, « une envie d’essayer », il intègre ainsi le noyau de ce qui sera, un an plus tard, l’Atelier de théâtre de Nadine Mokdessi. Une activité saine Un rôle coup d’essai dans Sketches multiples, la première pièce de l’Atelier jouée, en 1993, devant un petit comité, confirme ses aptitudes et son choix. D’autant qu’au plaisir du jeu viendra se greffer la motivation de participer à une « juste cause »... médicale. Car, à la suite d’une suggestion du Dr Jacques Mokhbat, la metteuse en scène et son groupe d’apprentis-comédiens-amateurs vont rapidement donner des représentations publiques au profit d’associations caritatives, à commencer par la Société libanaise du sida. Les appréhensions que Joe Toutounji avait sur l’impact négatif que pourrait avoir sur son image de médecin la fréquentation des planches seront ainsi définitivement balayées. Une pratique qui deviendra de plus en plus prenante, au fil des années, des pièces et des rencontres avec différents groupes et metteurs en scène (après Mokdessi, il a travaillé sous la direction de Michèle Malek et, dernièrement, de Marion Guerraz). À raison de deux séances de répétition par semaine, durant quatre à six mois, pour chaque pièce, Toutounji peaufine son jeu, « prend de l’assurance » et gagne ses galons de comédien. Un incendie bien maîtrisé Un violon d’Ingres qui lui apporte outre le plaisir « du travail et de la création en équipe, les bienfaits d’une activité saine – c’est le médecin qui parle ! – qui permet d’exercer la mémoire et l’élocution, de vaincre le trac et même d’apprendre à improviser dans certaines situations ». Exemple : alors qu’il interprétait un monologue dans Le Dindon de Feydeau, une des lampes électriques provoque un court-circuit déclenchant un début d’incendie sur scène. Spontanément, Joe Toutounji s’empare d’un verre d’eau posé là pour les besoins de la pièce, le jette sur les flammes pour les éteindre, tout en accompagnant son geste de deux phrases improvisées, qui permettront de faire passer l’incident comme partie intégrante de la scène ! Malgré son emploi du temps chargé – depuis 1999, il s’occupe avec deux autres confrères d’un centre privé d’explorations diagnostics et d’imagerie médicale –, Dr Toutounji s’arrange pour être disponible pour toute bonne pièce. Et s’il lui est déjà arrivé de prendre des pauses plus ou moins longues – de 2000 à 2004 par exemple où, « pour des raisons personnelles et professionnelles », il n’avait participé à aucun projet de théâtre – il lui est aujourd’hui très difficile d’imaginer arrêter un jour de jouer. « Sauf évidemment s’il ne se présente plus aucun rôle intéressant », déclare ce fervent adepte de l’humour fin et de l’esprit à la Guitry, dont l’un des plus chers souhaits est que le théâtre francophone au Liban continue sur sa lancée. Zéna ZALZAL
Quand le Dr Joseph Toutounji troque sa blouse blanche de radiologue contre un costume de scène, cet homme sérieux, calme et discret, ce praticien méticuleux, se transforme alors en boute-en-train, drôle, espiègle, ou même agité pour les besoins d’un rôle comme celui d’« Oscar » qu’il a interprété en décembre dernier, sous la direction de Marion Guerraz.
Il est...