Rechercher
Rechercher

Actualités

Peine de mort - La plupart des témoins à charge ont reconnu avoir menti Mobilisation pour Troy Davis, sur le point d’être exécuté aux États-Unis

Les ultimes recours sont lancés aux États-Unis pour empêcher l’exécution prévue ce soir de Troy Davis (photo), un Afro-Américain condamné pour le meurtre d’un policier blanc alors que la plupart des témoins à charge ont reconnu avoir menti, souvent sous la pression de la police. Les faits remontent à une nuit d’août 1989, sur le parking d’un fast-food à Savannah, en Géorgie (Sud-Est). Un SDF éméché, menacé par un ou plusieurs jeunes, appelle à l’aide. Un policier, qui n’était pas en service mais travaillait comme agent de sécurité dans un parking voisin, intervient. Deux coups de feu claquent : Mark McPhails, 27 ans, s’écroule. Plusieurs témoins ont assisté à la scène, mais certains quittent les lieux avant l’arrivée de la police et les autres assurent qu’il faisait trop sombre dans le parking pour identifier le meurtrier. Le lendemain, l’un d’entre eux, Sylvester Coles, se présente au commissariat avec son avocat pour dénoncer Troy Davis, un jeune homme de 20 ans qui venait de se porter candidat pour les marines et qui se rend de lui-même quatre jours plus tard, reconnaissant qu’il était présent le soir du drame mais niant toute implication dans le meurtre. L’arme du crime est introuvable, mais sur la foi de neuf témoignages, Troy Davis est incarcéré, inculpé et condamné à mort en août 1991. Dans les années qui suivent, les témoins commencent pourtant à se raviser. Aujourd’hui, sept d’entre eux ont modifié leur déposition, plusieurs affirmant même avoir menti sous la pression de la police. Le 8e témoin est introuvable et le 9e, Sylvester Coles, apparaît particulièrement suspect. En effet, la défense présente désormais quatre témoins supplémentaires, l’un affirmant avoir vu Sylvester Coles menacer le SDF puis tirer sur le policier, et les trois autres expliquant l’avoir entendu se vanter les années suivantes d’avoir tué le policier tout en faisant condamner quelqu’un d’autre. Mais aucun juge n’a entendu ces nouveaux éléments. La procédure était terminée au niveau de l’État quand ils sont apparus, et une loi de 1996 impose à la justice fédérale de se contenter de vérifier que les droits de la défense ont été respectés pendant le procès. Après un dernier échec devant la Cour suprême du pays en juin, l’exécution a été fixée à aujourd’hui, 19h00 (23h00 GMT), à la prison de Jackson (Géorgie). Les avocats de Troy Davis ont déposé de nouveaux recours devant les juridictions inférieures, mais le salut du condamné, âgé aujourd’hui de 38 ans, réside essentiellement dans le comité des grâces de l’État, qui devait examiner l’affaire hier dans la matinée. Un comité de soutien, qui anime depuis des années un site Internet (www.troyanthonydavis.org), ainsi que plusieurs associations, comme Amnesty International, ont appelé le monde entier à écrire au comité, et ces derniers jours, les médias américains, d’ordinaire discrets sur les exécutions, ont multiplié les reportages sur l’affaire. Le Conseil de l’Europe a appelé les États-Unis à ne pas exécuter Troy Davis afin d’éviter « une tragique erreur judiciaire », et l’archevêque et prix Nobel de la paix Desmond Tutu a écrit au comité qu’il était « choquant qu’en plus de 12 ans d’appels, aucun tribunal n’ait accepté de tenir une audience sur les pressions de la police ». William Sessions, ancien directeur du FBI et partisan de la peine de mort, a lui aussi estimé, la semaine dernière dans une tribune d’un journal d’Atlanta (Géorgie), qu’il serait « intolérable d’exécuter un innocent ».
Les ultimes recours sont lancés aux États-Unis pour empêcher l’exécution prévue ce soir de Troy Davis (photo), un Afro-Américain condamné pour le meurtre d’un policier blanc alors que la plupart des témoins à charge ont reconnu avoir menti, souvent sous la pression de la police. Les faits remontent à une nuit d’août 1989, sur le parking d’un fast-food à Savannah, en...