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Humeur Quand un œil dit zut à l’autre… Le parcours du combattant

Vous est-il déjà arrivé de vous promener avec une paupière rouge et enflée ? Dès que vous rencontrez des connaissances, elles vous indiquent le nom et les coordonnées du meilleur ophtalmologiste de la ville. Fascinant, le réflexe. Je viens d’apprendre ces jours-ci qu’il y a à Beyrouth autant de meilleurs ophtalmos qu’il y a d’ophtalmos. Plutôt rassurant, non ? Ce matin-là, en me réveillant, je sentais une lourdeur dans ma paupière supérieure gauche. Un peu enflée. Mais de douleur, point. De rougeur, pas encore. Le soir, la paupière n’ayant pas désenflé, j’ai commencé à me surveiller : pas de doute, l’œil gauche rougit. Je devrais peut-être prendre rendez-vous chez l’ophtalmo. Le lendemain, mes collègues m’interpellent : « Qu’est-ce que tu as à l’œil ? C’est contagieux ? Moi, ma belle-sœur en sort, c’est un sale virus… Moi, mon frère, conjonctivite bactérienne… Je connais un excellent ophtalmo… » À midi, j’ai au moins cinq adresses et noms d’ophtalmos sur ma table de travail et la tête farcie d’histoires de bobos aux yeux. Je commence à la trouver saumâtre. J’appelle mon ophtalmo, lui explique mon problème par téléphone. Il diagnostique une conjonctivite allergique, me conseille un antihistaminique, des lavages de l’œil au sérum physiologique. Je devrais constater une amélioration au bout de 48h. Quarante-huit heures plus tard, mon œil gauche est rouge sang, la paupière supérieure a triplé de volume et les larmes sont visqueuses. Rendez-vous pris chez l’ophtalmo. À mon arrivée, je panique. Il y a au moins 25 personnes dans la salle d’attente. Et toutes ont les yeux plus ou moins rouges et plus ou moins enflés. Plutôt moins d’ailleurs, comparés à moi. Surprise ! Je fais fuir tous les curieux… Plus personne pour m’indiquer le meilleur ophtalmo de la ville, puisque j’y suis. Deux heures plus tard. Le diagnostic de l’ophtalmo me laisse perplexe : qu’est-ce qu’une cellulite orbitaire ou préorbitaire ? Pourquoi des antibiotiques par voie intramusculaire ? Ou mieux, l’hôpital, si possible… À mon avis, je devrais consulter un site médical sur Internet, avant de mourir idiote. Scotchée à mon écran, je consulte, avec de plus en plus de fébrilité. Très sérieux, ça, la cellulite orbitaire. Peut vite dégénérer en méningite, etc. Un deuxième avis s’impose. Demain, j’irai consulter le patron d’un grand service d’ophtalmologie, dans un grand hôpital. Le surlendemain, j’arrive dans le service en question. Le grand patron ophtalmo étudie sur son écran lumineux la radio du sinus que l’on m’a commandée de faire. « Non, non, finit-il par me dire, rien ici ne confirme la cellulite orbitaire… Vous avez une conjonctivite virale. Compliquée d’une allergie. Très méchantes, en cette saison, les conjonctivites. Pour éviter toute surinfection, on va mettre là-dessus des gouttes d’antibiotique local. Je m’occupe de vous. » Aah, rassurant. Me voici équipée de gouttes. Entre ça et les injections, je devrais être parée. Je vais sûrement finir par aller mieux… Incurable optimiste : ça va de mal en pis. Mon autre œil est atteint. Puisque j’ai dans mon sac au moins 10 cartes de visite de médecins ophtalmologistes, je décide de les appeler tous. Peut-être finirai-je par savoir ce que j’ai. Une allergie. Une conjonctivite virale. Non, bactérienne. Non. Tout compte fait, c’est une cellulite orbitaire. Ou, peut-être, préorbitaire… Hôpital recommandé… Vous êtes à la sécu ? Non ? Autre couverture médicale ? Non ? Alors, c’est sûrement une conjonctivite. Allergique, virale ou bactérienne. C’est contagieux. Restez à la maison. Chouette, mon patron va adorer ça… Je ne sais toujours pas ce que j’ai. Les ophtalmos, non plus. Qu’à cela ne tienne : au Liban comme ailleurs, il y a une immunité naturelle qui finit par réagir aux bactéries, virus et maux de toutes sortes. Si ce n’était le cas, nous serions tous morts depuis longtemps. Joëlle GIAPPÉSI
Vous est-il déjà arrivé de vous promener avec une paupière rouge et enflée ? Dès que vous rencontrez des connaissances, elles vous indiquent le nom et les coordonnées du meilleur ophtalmologiste de la ville. Fascinant, le réflexe. Je viens d’apprendre ces jours-ci qu’il y a à Beyrouth autant de meilleurs ophtalmos qu’il y a d’ophtalmos. Plutôt rassurant, non ?
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