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MUSIQUE Nouveaux sons d’Avignon pour Pierre Henry, quarante ans après « La Messe »

À l’occasion de son soixantième anniversaire, le Festival d’Avignon a convié une de ses figures emblématiques, le compositeur Pierre Henry, qui est revenu mercredi soir sur les terres de son entêtante Messe pour le temps présent, quarante ans après sa création. Le grand prêtre de la musique électro-acoustique célébrera le 9 décembre prochain son 80e anniversaire : 2007 était donc l’année idéale pour créer à Avignon Objectif Terre, un « concert manifeste » qui brassera ses thèmes chers – la nature, le cosmos – avec une sensibilité écologique particulière. L’histoire commune de Pierre Henry et du grand rendez-vous provençal des arts de la scène remonte à la présentation locale de ses grinçantes Variations pour une porte et un soupir, en 1966. C’est l’année des premiers pas de la danse au festival avec Maurice Béjart, qui chorégraphie l’œuvre. Un an après, les deux hommes, qui ont noué l’une des collaborations les plus fécondes qui soient entre un compositeur et un chorégraphe (une quinzaine de projets depuis 1955), créent dans la cour d’honneur Messe pour le temps présent, dont les jerks électroniques allaient devenir un tube de discothèque. À défaut d’être la plus forte, cette pièce coécrite avec Michel Colombier restera la plus accessible de Pierre Henry, qui porte aujourd’hui sur la chose un regard sans nostalgie ni concession. « Dieu m’en préserve, mais bon, à chacun son Boléro (le tube de Ravel), mais pas forcément là encore sa plus grande œuvre », confiait récemment au quotidien Le Monde le compositeur contemporain, avec son parler franc habituel. Signe de sa popularité, La Messe fut remixée en 1997, pour les 70 ans du compositeur, par quelques grands noms de la scène électro (Fatboy Slim, William Orbit, Dimitri from Paris...) et contribua à lui assurer une réputation de « grand-père de la musique techno ». L’intéressé n’a pas vraiment reconnu cette filiation, jugeant même durement le « manque de maturation d’écriture » des DJ et leur musique « uniquement jouée par la main gauche ». Il s’en est fallu du temps pour que l’élève de Nadia Boulanger et Olivier Messiaen, le percussionniste associé dès 1949 à la genèse de la « musique concrète » (ou « musique de bruits ») de l’ingénieur Pierre Schaeffer, gagne auprès de la critique et des institutions ses galons de compositeur. Mais aujourd’hui, Avignon reçoit Pierre Henry en maître. S’il n’a pas cette année les honneurs du Palais des papes, il se produira seul et non dans l’ombre d’un chorégraphe dans les belles dimensions de la cour du Lycée Saint-Joseph, où il pourra installer à sa guise 96 haut-parleurs, tels les instruments d’un orchestre dispersé autour du public. De quoi donner libre cours à son univers fait de bruits, éclectiques et souvent insolites, recueillis au micro, puis passés au filtre de l’électronique dans son studio privé, aux allures de capharnaüm, du XIIe arrondissement de Paris. Sa quête presque religieuse du son se fera cette fois Cantate philosophique et devrait se conclure par un signal d’alarme environnementale fort, « une alerte générale glacée, stridente, qu’il est grand temps d’entendre pour sauver cette terre mise sous cloche », selon Pierre Henry. Benoît FAUCHET (AFP)

À l’occasion de son soixantième anniversaire, le Festival d’Avignon a convié une de ses figures emblématiques, le compositeur Pierre Henry, qui est revenu mercredi soir sur les terres de son entêtante Messe pour le temps présent, quarante ans après sa création.
Le grand prêtre de la musique électro-acoustique célébrera le 9 décembre prochain son 80e anniversaire :...