Rechercher
Rechercher

Actualités

EN COULISSES - Quel que soit son registre musical, derrière chaque œuvre il y a la petite histoire. À découvrir « La Traviata », de Verdi

Après Rigoletto, Le Trouvère et La Traviata s’inscrivent dans la trilogie populaire de Verdi. Des œuvres inoubliables qui, désormais, font partie du patrimoine musical classique. Mais si les deux opéras sont d’une égale beauté, ils ont, cependant, été accueillis très différemment. En effet, bien que Le Trouvère ait été rapidement adopté, La Traviata, par contre, sera mollement applaudie. « La Traviata a fait hier un fiasco. Pire que cela, les gens ont ri. Je n’en suis pas troublé. Ont-ils tort ou bien est-ce moi ? Je pense toutefois que La Traviata n’a pas dit son dernier mot. » C’est par ces propos que Verdi allait rendre compte, à l’un de ses amis, de la première représentation de cette œuvre qui a eu lieu le 6 mars 1853. Le compositeur n’avait jamais éprouvé le moindre doute sur cet opéra, persuadé qu’une bonne distribution ne pouvait manquer de la faire triompher. D’abord intitulé Amor en morte, l’opéra, une fois terminé, a reçu le nom de La Traviata, qui signifie la dévoyée. Il s’agit là de l’héroïne, la jeune Violetta, une provinciale que la vie parisienne a pervertie mais qui conserve, dans son for intérieur, une âme noble. Cet opéra reflète un peu la vie privée de Verdi car au moment où il composait La Traviata, il avait décidé, malgré la réprobation de son entourage, de vivre avec la cantatrice Giuseppina Strepponi, sans l’épouser. Les obstacles auxquels a dû faire face cet opéra étaient de taille. Pour la première et dernière fois dans un opéra de Verdi, le sujet n’appartenait pas au passé, encore moins à la mythologie. Cette prostituée notoire que le compositeur avait osé mettre en scène avec tant de réalisme était, aux yeux de ses contemporains, insupportable. Cela avait réussi à déclencher un véritable scandale. L’opéra donné en costumes contemporains allait être sifflé, voire hué. Il n’a pu être à nouveau présenté que transposé au XVIIe siècle, sous Louis XIV. Une autre difficulté était le choix de la prima donna, car toute l’œuvre reposait sur elle. Pour la première fois dans l’histoire de la musique, un compositeur se consacrait à un opéra de personnages, où le héros devenait humain jusqu’au tragique. Or, après avoir longtemps hésité, Verdi, quoique peu convaincu, allait confier le rôle à Fanny Salvini-Donatelli. Cette talentueuse chanteuse avait un seul défaut, mais majeur pour le sujet de l’opéra. Elle débordait malheureusement de santé. En la voyant mourir sur scène, soi-disant de consomption, le public est parti d’un immense fou rire. Le fiasco de cette première allait convaincre Verdi que le rôle de Violetta n’exigeait pas tant une voix hors du commun, que seulement de la sincérité, du sentiment et surtout une belle présence scénique. Plus tard, les meilleurs gosiers du monde ont prêté leur voix à Violetta et, il y a quelques années, le rôle a été magnifiquement porté à l’écran par Theresa Stradas, une jeune cantatrice qui, à la stupéfaction générale, allait délaisser une gloire prometteuse pour se consacrer à l’œuvre de Sœur Teresa en Inde. Colette KHALAF



Après Rigoletto, Le Trouvère et La Traviata s’inscrivent dans la trilogie populaire de Verdi. Des œuvres inoubliables qui, désormais, font partie du patrimoine musical classique. Mais si les deux opéras sont d’une égale beauté, ils ont, cependant, été accueillis très différemment. En effet, bien que Le Trouvère ait été rapidement adopté, La Traviata, par contre, sera...