Les lecteurs ont voix au chapitre

Un message ? À peine un SMS Ça commence à bien faire : pas un jour ne passe sans que des bien-pensants de tous bords ne nous rabâchent les oreilles avec cette malheureuse formule du pape Jean-Paul II du « Liban-message ». Ce que le défunt souverain pontife a voulu probablement exprimer, c’était l’idée d’une terre de cohabitation pacifique entre une multitude de confessions, au sein d’un système politique bancal, mêlant allègrement le religieux à la chose publique. Or bien avant ce flatteur mais ronflant pseudo- compliment papal – mais aussi après –, s’il est un message que les Libanais ont adressé au monde, c’est uniquement celui d’une population divisée, subdivisée, non plus seulement en confessions, mais en autant d’appartenances, mouvances, obédiences et autres allégeances. Il serait peut-être grand temps de revoir nos ambitions à la baisse : au lieu de vouloir à tout prix offrir à l’humanité l’illusion d’un modèle unique de pseudo-démocratie confessionnelle, obligatoirement vouée à l’échec, observons la façon dont le monde moderne a évolué et décidons-nous une bonne fois pour toutes de construire un véritable État laïc au sens entier du terme. Et laissons les messages, fatwas, incantations et autres modèles de cohabitation aux hommes de religion… mais cantonnés dans leurs lieux de culte. Dr Élio SASSINE Les inutiles Messieurs les présidents, messieurs les ministres, messieurs les diplomates, cette lettre vous est adressée. Vous que l’on voit chaque jour à la télévision, dans les rues ou dans les salons, je vous dédie ces quelques mots. Ne me prenez pas mal, je ne désire en aucun cas vous juger, je veux juste vous parler. Pardonnez-moi si je vous vexe et je préfère m’excuser d’avance si jamais je semble prendre un parti quelconque, mais je vous le dis déjà, quoi que vous croyiez, je ne me range ni à gauche, ni à droite, ni même au centre. Ce que j’essaie de faire, avec ce crayon à moitié cassé, c’est de, tout simplement,  vous mettre devant le fait accompli : ce que vous effectuez ne sert absolument à rien, vous vous fatiguez en vain (pardonnez-moi d’être si directe mais voyez-vous, on l’a souvent dit, la vérité ne sort que de la bouche des enfants). Que ce soit avec vos paroles ou vos armes, vous ne faites qu’aggraver la situation, et je dois vous le dire, vous vous révélez assez inutiles. Nous, nous ne comprenons pas votre charabia. Pourquoi voulez-vous tuer ? Pourquoi voulez-vous sanctionner ? Encore une fois ne me prenez pas mal, je ne cherche pas à vous accuser, je vous pose des questions, c’est tout. Et je n’attends pas comme réponses des discours interminables ou des balles dans la tête, j’espère juste quelques petites phrases, simples, sans mensonges. Ne vous cachez pas derrières ces micros et ces fusils, ne masquez plus la réalité car, aussi amère qu’elle soit, nous la supporterons. Pour vous dire la vérité, nous nous attendons au pire. Mes chers politiciens, vous, grands de ce monde, je dois vous avouer, cette lettre est difficile à rédiger. Parce qu’à travers ces mots, je dois accomplir la sale besogne qui m’a été confiée. Voyez-vous, messieurs, l’on m’a demandé de vous faire comprendre clairement que nous ne voulons plus de vous et que nous nous moquons de votre avis. La vérité est que, en regardant notre passé, nous avons remarqué que vous n’avez fait que la guerre et que, malgré vos promesses, la situation n’a pas changé. Et donc, nous avons tous décidé de n’écouter que notre cœur et de laisser tomber les frontières, les pays et les gouvernements. Nous ne voulons plus de présidents, de rois, de ministres ou d’ambassadeurs. Nous voulons juste une terre où l’on s’aime, sans Constitution ni déclaration, juste un peu d’humanité et beaucoup d’amour. Sabine SAADÉ