MOMENTS INSOLITES - La journée nationale du taboulé a été célébrée à Souk el-Tayeb samedi À vos taboulés, prêts, partez ! Carla HENOUD

Comme il est de tradition de fêter la journée du patrimoine, la journée du drapeau, la fête du Printemps, de la Musique, celle des Pères ou des Mères, il a été décidé, depuis 2001, de célébrer le taboulé, partout dans le monde, le premier samedi du mois de juillet. Le baptême eut lieu au Liban le samedi 07/07/2007, dans le cadre presque légitime de Souk el-Tayeb à Saïfi. Joie, bonne humeur et une pincée de fierté étaient au rendez-vous. C’est un peu du drapeau libanais qui est semé dans l’assiette de taboulé. Un peu, également, de cette mixité qui fait la force d’un pays multiculturel. En supprimer un ingrédient, même subtil, lui changerait son goût et sa vocation… Alors, pour honorer à l’étranger ce plat baptisé « roi du mezzé et symbole national » par un nostalgique Ricardo Mbarkho qui vivait alors en France, des réunions informelles ont eu lieu depuis 2001. Plus de vingt mille e-mails furent envoyés à la diaspora libanaise. « Les gens se sont ainsi retrouvés autour d’un plat de taboulé pour rendre hommage au Liban et à ses traditions,» précise-t-il. Cette année enfin, grâce au dynamisme de Kamal Mouzawak et la complicité de Wadih Haddad, Lina Hamdane et Barbara Abdeni Massad, et sous le patronage du ministère du Tourisme qui l’a officialisée, la journée nationale du taboulé s’est déroulée pour la première fois, d’une manière informelle, voire amicale, autour des stands de fruits, légumes et produits locaux qui font le charme et la force de Souk el-Tayeb. Réunion donc à 11 heures pour un petit déjeuner au goût de persil et d’oignon ! Créativité et savoir-faire Trois catégories ont été créées pour juger ce drôle de concours : taboulé traditionnel, « malheureusement trop souvent transformé, surtout à l’étranger », souligne Kamal Mouzawak, taboulé d’hiver, car, rappelle-t-il, « le taboulé était autrefois un plat d’été, puisque les ingrédients étaient saisonniers. Il fallait donc l’adapter à l’hiver… », et enfin créativité. Lina Hamdane et Wadih Haddad, membres de l’Académie libanaise de gastronomie, Ziad Abi Chaker, ingénieur en ressources biologiques, Ricardo Mbarkho, professeur à l’ALBA, Julia Aoun, directrice créative à Impact BBDO, Manal Sabri, et enfin Maya Ghandour Hert et Carla Henoud, journalistes, se sont réunis autour d’une table avec l’agréable tâche de goûter aux nombreuses versions de notre salade nationale. Les dix participants, venus de plusieurs régions libanaises, Jounieh, Saghbine, Aïn Zhalta, Zghorta, Chouf, Kfar Kafra, Batroun ou le Sud, ont proposé leurs propres interprétations du taboulé. Il y avait même un homme, le seul, de nationalité allemande, qui a offert un taboulé d’hiver, prétendant que la recette fut initialement importée d’Allemagne ! Surprenante, classique, pas assez salée, belle, étrange, trop salade et moins taboulé, nouvelle, bizarre, aigre ou délicieuse. Avec des écorces de citron, du coulis de grenade. Avec des choux à la place du persil ou des fleurs pour ingrédients supplémentaires, Thérèse Sarkis, Jamilé Nohra, Sawsan Chehban, Suzanne Doueyhi, Siham Ghanem, Maysoun Nasreddine, Michael Klinger, Lamia Salhab, Nada Saber, et enfin les enfants Zahra et Mohammad Selman ont fièrement proposé un taboulé bien de chez eux ! La délibération fut rapide. And the winners are : dans la catégorie traditionnelle, Siham Ghanem. Pour le taboulé d’hiver, Lamia Salhab. Et enfin pour sa créativité et un goût nouveau relevé de fleurs de jardin qui a fait l’unanimité, Zahra, un prénom qui rime bien avec cette recette fleurie, et Mohammad Selman. Des « trophées » en poterie artisanale fabriqués à Batroun et des lauriers en … persil sur la tête, les vainqueurs sont repartis un sourire au coin du cœur.  Rendez-vous l’année prochaine pour une réédition de l’événement dans un pays, qui, ose-t-on espérer, aura retrouvé les bons ingrédients d’une nation saine et équilibrée