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Actualités - CHRONOLOGIE

Des défis restent à relever en vue d’une Europe plus unie au niveau intérieur et plus audacieuse sur le plan extérieur L’UE appelée à jouer un rôle plus actif au Liban et au P-O

BRUXELLES, de notre envoyée spéciale Tilda ABOU RIZK Une Europe plus engagée au niveau politique, économique et social, que ce soit au plan intérieur propre aux 27 pays de l’Union ou au niveau extérieur : tel est le défi que l’UE aura à relever au cours des prochaines années. Si le traité des réformes proposé par la présidence allemande, et qui a fait l’objet d’un consensus difficile au sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles du 21 au 23 juin derniers, a jeté les bases d’une politique européenne plus audacieuse et plus unie, il reste que la concrétisation des grandes lignes de cette politique suscite encore des interrogations, abstraction faite des réserves politiques qu’elle soulève parmi certains États membres. La conférence intergouvernementale prévue pour le 23 juillet, en principe, est appelée à rédiger un « traité modificatif », c’est-à-dire modifiant les traités actuels en vue de « renforcer l’efficacité et la légitimité démocratique de l’Union élargie et d’améliorer la cohérence de son action extérieure », selon les conclusions du Conseil européen de Bruxelles, réuni les 21 et 22 juin. Un double enjeu et de nombreux défis se présentent sur ce plan. Le premier consiste sans doute à amener les Français et les Néérlandais à adhérer au nouveau traité qui doit remplacer la Constitution à laquelle les deux peuples avaient dit non. À Bruxelles, les officiels déplorent la faiblesse de la communication entre les dirigeants et la population, parmi les États membres. Pour eux, les défaillances au niveau de l’information et de la communication sont une des lacunes de la politique européenne sur le plan intérieur. Et l’un des principaux défis, que l’Union des 27 aura à relever à l’avenir, est de parvenir à inverser la tendance et à établir une meilleure communication susceptible de rendre acceptables certaines décisions prises à l’échelle européenne et qui peuvent sembler contraires aux intérêts nationaux. « L’important n’est pas de présenter les institutions aux Européens, ce qui a pour effet de compliquer davantage les choses, mais de leur expliquer les résultats que ces institutions espèrent obtenir et de leur montrer qu’ils correspondent à leurs espérances, indique-t-on de source responsable à la Commission européenne. Ainsi, lors d’élections, il ne faut pas, estime-t-on de même source, demander aux Européens de voter en arguant de l’importance de cette démarche, mais de leur expliquer pourquoi il est important de voter. Si les Français ont dit non à la Constitution, c’est parce que leurs dirigeants n’avaient pas fait grand-chose pour leur expliquer à quoi elle servait et quels étaient ses objectifs. Le gouvernement ne leur avait pas expliqué l’importance de l’élargissement de l’Europe. » L’Europe élargie est destinée principalement à gérer les questions liées à la mondialisation et se voit ainsi contrainte d’adapter ses politiques, en matière de sécurité notamment, à l’évolution du monde. Une évolution qui l’oblige aussi à consolider son rôle et ses interventions à l’échelle internationale. L’UE, comme on le sait, est engagée dans un nombre impressionnant de missions à caractère humanitaire, socio-économique et sécuritaire dans le monde. Les exemples sont nombreux, en Europe de l’Est, au Moyen-Orient ou encore en Afrique. « Mais en Europe, les gens ne savent pas ce qui est fait », déplore-t-on de même source. Ils ne connaissent surtout pas leur finalité : en tant que puissance politique, l’Union pense qu’à travers la « Soft Policy » (politique douce) qu’elle pratique, elle peut influencer le cours des événements, sans intervention militaire, explique-t-on à la Commission, et pour certains, l’élargissement de l’Europe est aussi le reflet du succès de la « Soft Policy ». Cependant, pour ce qui a trait à la politique étrangère européenne, ce point de vue n’est pas partagé dans les milieux académiques à Bruxelles où l’on pense, même si le nouveau traité en voie d’élaboration élargit le rôle du haut représentant pour les Affaires extérieures et la Sécurité, que l’UE gagnerait à adopter une politique plus soutenue et plus cohérente. On reproche ainsi à l’UE de ne pas s’être davantage engagée au niveau du dossier israélo-palestinien, ce qui aurait pu éviter la récente détérioration dans les Territoires. Membre du « think tank », l’Insitut royal pour les relations internationales, M. Sven Biscop trouve ainsi « curieux » que l’UE ait choisi de rompre ses relations avec le gouvernement du Hamas, formé après les élections législatives palestiniennes, « dans la mesure où cette démarche est contraire à sa politique qui consiste à respecter le choix démocratiques des peuples ». Il se dit tout aussi surpris que le Liban « ne soit pas sur l’agenda de la politique étrangère européenne». « Je crois que pour le Liban, l’Europe a décidé de pratiquer la politique du Wait and See (attendre pour voir ce qui va se passer). Elle estime que, pour le moment, l’envoi des troupes de la Finul est suffisant, alors qu’elle devrait s’engager davantage dans le processus démocratique en cours dans ce pays, en le soutenant de façon plus substantielle au niveau politique ». L’attaque à la voiture piégée contre une patrouille du contingent espagnol près de Khiam pourrait cependant amener l’UE à s’investir davantage au niveau du dossier régional, rien que pour assurer la sécurité de ses troupes, et éviter des attentats répétés, similaires à ceux qui se produisent en Afghanistan contre les troupes de l’OTAN. Les propos, lundi, du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, selon lesquels il n’est pas possible de dissocier les attaques au Liban contre l’armée et la Finul des dossiers palestinien et iranien, sont très significatifs à ce niveau. Mais avant même que l’attaque contre les Espagnols ne se produise, à la Commission européenne on relevait aussi que tous les événements dans la région sont liés, en soulignant cependant que « l’Union européenne n’imposera pas de solutions ». Cependant, l’UE serait appelée, si elle veut s’impliquer davantage dans la région et y avoir un rôle plus efficace, à demander aux États-Unis de modifier leur politique qu’ils appliquent pour le moment dans la région, estime M. Biscop. Pour lui, l’UE se doit d’avoir une politique commune plus claire et plus cohérente à l’égard de la Syrie, d’être plus active au Liban et d’établir des canaux de communication avec le Hamas. « Si, à ces trois niveaux, nous réussissons à faire bouger les choses, nous pourrons alors amener les États-Unis à changer leur politique dans cette partie du monde », soutient-il. D’autres observateurs européens sont plus critiques que lui à l’égard de l’UE. Ils lui reprochent de « faire le sourd-muet dans la région, de ne pas avoir de politique bien définie et de ne pas réaliser qu’elle a la possibilité de changer le cours des événements depuis qu’elle est devenue un acteur international ». Pour ces personnes, le fait que l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, soit nommé à la tête du quartette pour le Proche-Orient, alors qu’il est connu pour son alignement ferme sur la politique américaine, « est une preuve de l’absence de perspective européenne pour la région ». Reste à voir comment le renforcement du rôle de l’UE sur la scène internationale, prévu dans le nouveau programme de la présidence portugaise de l’UE, va se traduire, d’autant qu’il était aussi prévu dans celui de la présidence allemande précédente.

BRUXELLES, de notre envoyée spéciale Tilda ABOU RIZK

Une Europe plus engagée au niveau politique, économique et social, que ce soit au plan intérieur propre aux 27 pays de l’Union ou au niveau extérieur : tel est le défi que l’UE aura à relever au cours des prochaines années. Si le traité des réformes proposé par la présidence allemande, et qui a fait l’objet...