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Actualités - REPORTAGE

Reportage Les ministères de Gaza nagent en pleine confusion

Dans les ministères à moitié désertés de Gaza, la confusion règne : de nouveaux ministres ont été nommés à Ramallah en Cisjordanie, mais le Hamas contrôle toujours les administrations de la bande de Gaza. Dans son bureau, dont les fenêtres portent encore les stigmates des récents combats interpalestiniens, le directeur général du ministère de l’Éducation, Naamane Ali al-Charif, secoue la tête : « Nous nous sentons complètement perdus. Que va-t-il se passer maintenant ? Il existe un vide de pouvoir. » Dans ce ministère, la situation est ubuesque. La nouvelle ministre, Lamis al-Almi, nommée par le chef du cabinet d’urgence Salam Fayyad, siège à Ramallah. Mais le ministère de Gaza est toujours dirigé par un ministre adjoint nommé dans le gouvernement limogé par le président Mahmoud Abbas. « Dans l’intérêt des écoliers et surtout des lycéens, qui passent en ce moment même le baccalauréat, je crois que tous les deux ont décidé de faire fonctionner le ministère dans la souplesse, dit-il diplomatiquement. Fermer les écoles reviendrait à propager l’ignorance dans notre société. » Les contacts continuent entre Gaza et la Cisjordanie, explique-t-il, par téléphone, fax. « Nous avons même fait une vidéoconférence », ajoute le directeur, sans exclure des « obstacles » à l’avenir. M. Charif assure que les employés de l’Éducation ont le sens du devoir et se rendent au travail tous les matins. Mais l’ambiance a beaucoup changé depuis la prise de contrôle de Gaza par le Hamas après une semaine de combats avec les forces fidèles au Fateh de M. Abbas, qui ont fait 115 morts. « On sent que les gens se retiennent de parler. On préfère se concentrer sur notre travail et laisser de côté la politique pour les politiciens, même si elle fait entièrement partie de nos vies », dit-il. Au ministère de la Santé, l’ambiance est similaire. « Vous voulez connaître la situation ? Nous sommes fatigués, dépressifs, malheureux. Nous nous sentons perdus », confie l’adjoint du ministre, le Dr Hassan Abdelrahim Khalaf. Théoriquement sous les ordres du nouveau ministre Fathi Moughli, lui aussi présent en Cisjordanie, le Dr Khalaf esquive la question quand on lui demande d’où viennent les directives : « Nous préférons éviter les conflits ministériels. » « C’est vrai, il existe un conflit politique et deux gouvernements. Mais, malgré cela, je crois que nous réussissons, au niveau administratif, à éviter les conflits politiques », insiste-t-il. Dans de nombreux ministères, les employés sont présents en petit nombre. D’autres sont entièrement vides comme celui des Affaires étrangères, endommagé par un bombardement israélien, puis par les combats interpalestiniens. Derrière une table sale, un homme qui fait office d’agent d’accueil s’esclaffe au téléphone. Sans prêter attention aux visiteurs, il lâche : « Personne ici. Quelques fonctionnaires viennent le matin, puis repartent. » Tout près se trouve l’important ministère des Finances. Dans les bureaux, des employés barbus et apathiques somnolent ou discutent entre eux. Sur les portes, des autocollants : « Il n’y a de Dieu que Dieu et Mohammad est son prophète. » Pour le directeur général des lieux, nommé il y a trois mois par le Hamas, « tout fonctionne ». « Depuis une semaine, les employés sont revenus. Vous pouvez le voir de vos yeux : la sécurité a été rétablie à Gaza », assure Mohammad Ali, portant une longue barbe poivre et sel. « Si Salam Fayyad (qui détient aussi le portefeuille des Finances) veut venir ici, il est le bienvenu. » Mehdi LEBOUACHERA (AFP)

Dans les ministères à moitié désertés de Gaza, la confusion règne : de nouveaux ministres ont été nommés à Ramallah en Cisjordanie, mais le Hamas contrôle toujours les administrations de la bande de Gaza.
Dans son bureau, dont les fenêtres portent encore les stigmates des récents combats interpalestiniens, le directeur général du ministère de l’Éducation, Naamane...