ÉTATS-UNIS La Fed et la crise du crédit dicteront la tendance à Wall Street dans les prochains jours

Les répercussions de la crise du crédit immobilier et la décision de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt dicteront la tendance à Wall Street dans les prochains jours après l’alerte de la semaine écoulée, la pire depuis plus de trois mois pour les principaux indices boursiers. La publication des derniers chiffres sur les ventes de logements dans l’ancien et le neuf, aujourd’hui et demain, apporteront de nouvelles données sur la convalescence ou non du secteur de l’immobilier américain. Les groupes Lennar et KB Home respectivement troisième et cinquième constructeurs de maisons individuelles aux États-Unis publieront par ailleurs leurs résultats trimestriels demain et jeudi. En mars, pénalisés par le ralentissement du marché immobilier, Lennar avait affiché un bénéfice en baisse de 70 %. KB Home avait vu le sien chuter de 84 %, mais son taux d’annulation était revenu à un niveau normal. L’actualité macroéconomique sera par ailleurs chargée toute la semaine avec notamment les dernières données sur la confiance du consommateur, les revenus des ménages et les chiffres définitifs du PIB au premier trimestre. « Les marchés financiers ne touchent pas le fond un vendredi », dit un adage de Wall Street. Les prochains jours permettront de vérifier la justesse de cette maxime après que les trois principaux indices boursiers américains ont tous fini en recul de plus de 1 % vendredi. Sur la semaine, le Dow Jones a perdu 2,1 %, le S&P 500 2,0 % et le Nasdaq 1,4 %, le risque de faillite de deux fonds spéculatifs gérés par Bear Stearns faisant craindre une déstabilisation de l’ensemble des marchés financiers. Avec la bulle immobilière du début des années 2000, des hedge funds ont massivement investi sur le marché de la dette. Ils ont racheté des « subprime mortages », titres de créance les plus risqués et les moins cotés, en pariant sur une remontée des prix qui n’a pas eu lieu en raison de la crise immobilière des derniers mois. Crainte d’une contagion Certains analystes estiment qu’il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. Les hedge funds finançant massivement leurs investissements par de la dette, leurs difficultés se répercutent sur leurs créanciers. « On craint une contagion qui pourrait s’étendre à d’autres secteurs », déclare Stephen Massocca, de la banque d’affaires californienne Pacific Growth Equities. « Commence par vendre, tu réfléchiras ensuite », ajoute-t-il pour résumer le mouvement observé vendredi sur les marchés d’actions. Les investisseurs auront aussi un œil sur les taux ces prochains jours avec la réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), mercredi et jeudi. « Ces 18 derniers mois, le marché a vraiment été attentif à la Fed et à ce qu’elle disait sur l’état de santé de l’économie américaine », remarque Brian Gendreau, stratège chez ING Investment Management, à New York. Le taux des Fed funds est de 5,25 % depuis juin. Mais à l’issue de la réunion du FOMC jeudi, le communiqué de la Fed ne devrait modifier qu’à la marge la position de la Banque centrale américaine, toujours préoccupée par les risques inflationnistes, estiment généralement les économistes. « Ce qui a troublé le Dow, c’est la montée des rendements sur le marché obligataire », estime Gendreau. Le rendement de l’emprunt de référence à 10 ans a approché le taux de 5,25 %. Un relèvement des taux d’intérêt durcit le coût du crédit et peut potentiellement peser sur le rythme de la croissance économique. Dans l’actualité des entreprises, les publications de résultats seront peu nombreuses. Outre les constructeurs Lennar et KB Home, le numéro un mondial des articles de sport Nike présentera ses trimestriels demain, de même que la chaîne de magasins d’alimentation Kroger.