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Actualités - REPORTAGE

Les travaux ont été financés par l’ambassade US Le sanctuaire d’Hygie la guérisseuse, à Temnine el-Faouqa, ressuscité

La réhabilitation des monuments historiques et des sites naturels s’inscrit dans le cadre d’une politique américaine axée sur la sauvegarde du patrimoine libanais. Après les nécropoles de Tyr, en 2003, l’ermitage Mar Mechii de Wadi Kannoubine en 2004, Bahr al-Moubaraka à Tyr et les manuscrits de la bibliothèque nationale en 2006, l’Ambassador’s Fund for Cultural Preservation (le Fonds de l’ambassadeur pour la préservation du patrimoine) a financé la restauration du sanctuaire romain de Temnine el-Faouqa, sérieusement endommagé par les actes de vandalisme durant la guerre civile (1975-1990). Les travaux, placés sous le contrôle de la Direction générale des antiquités (DGA), ont été dirigés par l’archéologue architecte Michel Daoud suivant les études et relevés établis au début du siècle dernier par le savant allemand D. M. Krencker. L’opération s’est chiffrée à trente mille dollars. Enchassé dans une forêt de pins et de cyprès, le nymphée de Temnine el-Faouqa, a été bâti en pierre locale au-dessus d’une source jaillissante, au IIe siècle après J.-C. Orienté vers l’est, face au soleil levant, il était consacré à la divinité Hygie (Salus chez les romains), déesse de la santé, de la guérison et du bonheur chez les Romains. Longtemps son nom n’a été qu’une épithète appliquée à d’autres divinités, comme Athéna, Demeter ou Aphrodite, et toujours associé à d’autres dieux guérisseurs, surtout à son père Asclépios (Esculape), dieu de la médecine. Elle est la plupart du temps représentée debout près de lui avec un serpent ou une coupe dans laquelle s’abreuve le reptile sacré. Dans son ouvrage intitulé Les temples de l’époque romaine au Liban, Lévon Nordiguian signale qu’une inscription gravée sur un sarcophage trouvé jadis près d’une source à Douma et exposé actuellement sur la place du village mentionne Hygie à côté d’Asclépios. La divinité est également mentionnée dans une inscription « inédite » de Qasr Naous. Surmonté d’un fronton et doté d’un linteau à trois faces comportant une inscription fragmentaire, le nymphée, « Jubb el-Habash » de son nom local, se présente comme un temple in-antis, possédant deux colonnes encadrées de deux antes. Les fragments d’une colonne et un chapiteau corinthien, variante tardive du style ionique, découverts dans une tranchée, ont réintégré leur place sur la façade. La seconde colonne et son chapiteau, ayant disparu du site, n’ont pas été reconstitués fidèlement, et ce « afin de permettre au public de différencier le nouvel ouvrage de l’ancien », explique l’architecte archéologue Michel Daoud. La cella, au plafond voûté en forme de berceau, décline un plan rectangulaire de 12 m de long et 6 m de large, et comporte deux niches rectangulaires à fronton, creusées dans les parois latérales, nord et sud. Deux marches permettent d’accéder à une plate-forme surélevée au fond de laquelle se dresse une niche semi-circulaire qui devait abriter probablement « la statue divine ». L’architecte Daoud indique que la cella a été bâtie au-dessus d’un bassin d’eau de quatre mètres de profondeur, alimenté par une source souterraine qui a été intégrée au temple. « Elle se déversait d’abord dans le bassin et le trop-plein sortait de l’orifice rectangulaire aménagé dans le dallage. À travers des rigoles ou petits conduits creusés dans le sol, elle passait ensuite sous le seuil de la porte et tombait en cascatelles devant l’entrée du temple. » Sur le site se dresse un relief d’Hygie : la déesse tient dans la main droite un vase jaillissant et, dans la gauche, une hampe sur laquelle s’enroule un serpent, symbole des vertus thérapeutiques de la divinité guérisseuse. Un peu plus loin, un autre bloc de pierre « qui se trouvait au milieu du fronton du nymphée » représente aussi un buste, « probablement celui d’une divinité adorée », ajoute encore le spécialiste. Signalons que le village de Temnine el-Faouqa est situé au bas du flanc oriental du mont Sannine. Dans cette région, riche en sources, Hadad et Atargatis, divinités liées au culte de l’eau, étaient particulièrement vénérées à l’époque romaine. C’est autour de ces sources qu’un réseau de temples antiques, pour ne citer que Niha, Hosn Niha et Qsar Naba, ont été construits. May MAKAREM



La réhabilitation des monuments historiques et des sites naturels s’inscrit dans le cadre d’une politique américaine axée sur la sauvegarde du patrimoine libanais. Après les nécropoles de Tyr, en 2003, l’ermitage Mar Mechii de Wadi Kannoubine en 2004, Bahr al-Moubaraka à Tyr et les manuscrits de la bibliothèque nationale en 2006, l’Ambassador’s Fund for Cultural...