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Les opérateurs vivotent et tentent de faire de la résistance La saison estivale gâchée avant même de commencer ; le secteur touristique en berne

Depuis le début de l’année, le secteur touristique attend impatiemment l’été pour compenser les pertes subies en juillet dernier. Malheureusement, la saison s’annonce mal, et les touristes tant attendus ne seront sans doute pas au rendez-vous. « Les demandes de touristes étrangers sont presque nulles. Non seulement il n’y a quasiment pas de visiteurs à l’heure actuelle, mais en plus il n’y a pratiquement pas de réservations vers le Liban pour les mois à venir. Même les résidents ne cessent de retarder leurs voyages à l’étranger », affirme Élie Nakhal, responsable de l’agence de voyage du même nom. « Les Libanais de l’extérieur sont aussi hésitants à rentrer cette année, sans parler du tourisme interne totalement en berne, renchérit Nadine Kurban, de Kurban Travel et Avis. C’est presque pire qu’en basse saison, que ce soit au niveau des réservations de vols ou de voitures. » En effet, les réservations de la MEA ont baissé entre 25 et 30 % par rapport à l’année dernière, et les vols arrivent à peine remplis, selon une source bien informée. Cette dernière affirme également qu’un certain nombre de vols supplémentaires prévus en haute saison ont été annulés. Par exemple, sur les trois vols additionnels hebdomadaires prévus vers Djeddah, seuls deux ont été maintenus. À destination de Dubaï, un vol par semaine sur les trois prévus en été assurera les liaisons cette année. Par conséquent, les hôtels sont pratiquement déserts, malgré des offres de plus en plus alléchantes. Leur situation est d’autant plus dramatique qu’ils sont totalement tributaires de la clientèle étrangère, les expatriés ayant le plus souvent des lieux de résidence dans leur pays natal. Un des grands hôtels de la capitale affiche actuellement un taux d’occupation de près de 15 %, et un taux de réservation pour le mois de juillet de 8 %, malgré des propositions de package intéressantes. Même son de cloche dans les hôtels des régions « habituellement » touristiques. Le secteur de la restauration subit quant à lui un double coup dur. D’abord, les Libanais résidents eux-mêmes boudent les lieux publics par crainte des attentats. Et les touristes se font toujours attendre. « En moyenne, le taux d’activité dans les restaurants et les cafés est de 10 %, contre 100 % en juin 2006 », indique Paul Ariss, président du syndicat des restaurants, cafés et pâtisseries. « Dans les régions estivales, à la montagne, dans la Békaa, au Sud ou au Nord, l’activité est quasi nulle, poursuit-il. Seule Beyrouth tire son épingle du jeu avec un taux d’activité de près de 30 %. » Et encore. Au centre-ville, près de 30 établissements ont déjà fermé leurs portes, et M. Ariss s’attend à une vingtaine d’autres faillites d’ici à un ou deux mois, si la situation perdure. Déjà entre 2005 et 2006, le chiffre d’affaires du secteur, qui compte près de 5 000 établissements et qui emploie environ 50 000 personnes à plus de 95 % libanaises, avait baissé de plus de 50 %. Stratégies de survie En attendant un sursaut plutôt improbable, comment survit le secteur ? Fidèles à leur réputation, les Libanais essayent de garder leur optimisme, et font de la résistance. L’agence de voyage Nakhal, par exemple, a créé un portail d’activités sur Internet qui permet d’offrir des services de voyages à des clients à l’étranger. « Nous avons créé une société on-line, pour devenir moins dépendants du marché libanais » explique M. Nakhal. À Kurban Travel, des réductions d’effectifs ont été décidées, soutenues par de nombreux départs volontaires : « Chaque mois, nous voyons partir des salariés vers le Golfe, et nous ne sommes pas en mesure de les retenir. » Dans la restauration, les congés non payés sont également devenus légion. Mais certains avaient planifié des stratégies en amont. « Dans le contrat de location, nous avions prévu une clause selon laquelle si une crise intervient, nous pouvons reporter le paiement du loyer », indique Walid Baroudi, propriétaire d’un restaurant à Gemmayzé. « En général, ce qui permet aux établissements de la région de tenir est leur petite taille. Il s’agit le plus souvent de petits investissements et d’une stratégie misant sur la qualité. Cela a permis à Gemmayzé de se créer une clientèle locale, fidèle et régulière. » Aussi, lorsque cette rue a été désertée par crainte des attentats, M. Baroudi a développé les services de ventes à emporter. Un certain nombre d’établissements au centre-ville ont également ouvert des branches dans d’autres régions, leur permettant de rester ouverts au centre-ville, du moins à midi. Le cas des hôteliers, en revanche, est certainement le plus problématique. En général, un hôtel au Liban doit afficher un taux d’occupation moyen supérieur à 35 % pour rentrer dans ses frais, ses coûts fixes étant très élevés. Là encore, les réductions d’effectifs et les congés non payés sont monnaie courante, mais leur survie dépend surtout du soutien de leur banquier. Globalement, les opérateurs du secteur vivotent, mais aucun d’entre eux n’arrive à se projeter dans un avenir lointain. À la question de savoir combien ils pourraient tenir, les plus optimistes répondent 6 à 7 mois. Les plus pessimistes, en revanche, ne croient plus en un avenir touristique pour le pays des Cèdres. « Entre le sit-in au centre-ville, les attentats et Nahr el-Bared, le Liban n’est plus un pays touristique, c’est un pays de guerre », conclut M. Nakhal. Sahar AL-ATTAR

Depuis le début de l’année, le secteur touristique attend impatiemment l’été pour compenser les pertes subies en juillet dernier. Malheureusement, la saison s’annonce mal, et les touristes tant attendus ne seront sans doute pas au rendez-vous. « Les demandes de touristes étrangers sont presque nulles. Non seulement il n’y a quasiment pas de visiteurs à l’heure actuelle, mais en...