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SCÈNES Le Français Olivier Py présente aux Russes un Debussy subversif

Le metteur en scène et dramaturge français Olivier Py va faire découvrir aux Russes Pelléas et Mélisande, un opéra de Debussy « démodé » en France, mais pratiquement inconnu en Russie dont il veut donner une version philosophique transcendant l’histoire d’un adultère fatal. Quatre représentations sont prévues pour cette création franco-russe au théâtre lyrique Stanislavski de Moscou à partir du 18 juin dans le cadre du prestigieux Festival international du théâtre Tchekhov. Cette œuvre, tirée du drame du symboliste belge Maurice Maeterlinck, « est toujours subversive », estime Olivier Py, directeur du théâtre de l’Odéon à Paris, interrogé par l’AFP lors d’une répétition à Moscou. « Il passe pour un peu démodé et mélodramatique, mais j’ai toujours adoré cette œuvre. La version qu’on va en donner est beaucoup plus philosophique, plus profonde, et dépasse l’anecdote, assez pauvre, de l’adultère », ajoute-t-il. Mis en scène en 1915 à Petrograd (nom de Saint-Pétersbourg à l’époque), l’opéra n’a été donné depuis en Russie qu’en version concertante. Pour cette interprétation « visuelle et mystique » du drame de Maeterlinck, Olivier Py et son scénographe Pierre André Weitz ont inventé un décor composé de lourdes constructions métalliques noir et argent qui bougent tout le temps, donnant des vertiges au spectateur. Elles se transforment tantôt en figures géométriques comme un triangle au sommet duquel se rencontrent Pelléas et Mélisande, tantôt en château où la jeune femme vit avec son époux Golaud et se sent malheureuse. Cette « chorégraphie de décor » est inspirée de Maeterlinck « qui écrit des scènes courtes et qui change d’espace absolument à chaque scène », explique Olivier Py. « Les personnages sont dans une sorte de décor qui les accable, les rend tout petits et tout fragiles. C’est comme si les gens s’agitaient pour des choses qui sont futiles par rapport à l’immensité du lieu », estime François Le Roux, qui interprète Golaud. « Ce qui est très intéressant est d’arriver à surdimensionner les réactions pour pouvoir être à la taille de ce décor, mais de rester quand même authentique, proche d’une réaction normale d’homme », confie à l’AFP le chanteur, qui a joué dans cet opéra en France depuis 1985 Pelléas, puis Golaud. Un Golaud « très humain » et son jeune frère Pelléas « plutôt grave », interprété par Jean-Sébastien Bou, sont tous les deux passionnés par une Mélisande qui incarne « l’énigme du désir », selon M. Py. « Elle est innocente, à la fois pure et légèrement ambiguë. Dans sa naïveté, elle peut être trop ambiguë, presque perverse », dit la chanteuse Sophie Marin-Degor, enthousiaste à l’idée de faire découvrir aux Russes cette « œuvre majeure du patrimoine de la musique française ». L’opéra a été donné pour la première fois à Paris en 1902, divisant les critiques, les uns dénonçant une pièce « nuisible », les autres se disant « conquis par la magie et le doux poison de cette musique ». « En France il y a toujours le même scandale quand on joue Pelléas », estime Olivier Py, prédisant que les spectateurs russes n’y trouveront pas « ce qu’on attend d’un certain opéra. C’est comme un long récitatif, un opéra presque parlé », ajoute-t-il. « Il faut espérer des oreilles sensibles à la véritable beauté de Debussy, à la richesse harmonique, les splendeurs, les couleurs d’orchestre » conduit par Marc Minkowski, souligne l’artiste. Les chanteurs russes participant à ce projet parlent d’une « expérience inhabituelle ». Je travaille pour la première fois avec une telle musique plastique », avoue Denis Makarov, qui interprète le docteur. « Sur scène, les personnages semblent trop statiques, mais quand on regarde de la salle, c’est plein de vie », souligne le chanteur, qui prédit « des débats » chez le public russe. Olga NEDBAEVA (AFP)
Le metteur en scène et dramaturge français Olivier Py va faire découvrir aux Russes Pelléas et Mélisande, un opéra de Debussy « démodé » en France, mais pratiquement inconnu en Russie dont il veut donner une version philosophique transcendant l’histoire d’un adultère fatal.
Quatre représentations sont prévues pour cette création franco-russe au théâtre lyrique...