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Actualités - OPINION

Quand les rois délirent… Karim S. TABET

« Il faut éclairer la conscience et non la contraindre » (Diderot) Louis Ferdinand Celine, dont la vision pessimiste du genre humain pouvait atteindre des niveaux nauséeux, écrit : « Faire confiance aux hommes, c’est déjà se faire tuer un peu. » Moi je dis : « Faire encore confiance à la majeure partie de nos pseudopoliticiens, c’est le suicide garanti. » Nommez-moi donc un seul pays « civilisé » (étrange comme ce mot, synonyme d’évolution, donc lourd de conséquences, est frivolement utilisé, abondamment mastiqué, constamment mâchouillé par nos pseudo-politiciens) et dont la population subit jour après jour, 7 jours sur 7, depuis des lustres et des lustres, la guignolade effrénée de ses « représentants » et quelquefois de leurs rejetons aussi. Sauf qu’au Guignol, on rit de bon cœur et on applaudit lorsque le vilain reçoit une bastonnade (paf !) sur la tête, alors que nous, à les observer gesticuler, à les écouter palabrer et à devoir les subir, nous rions… jaune. « …Et la foule servira toujours d’instrument à un caprice », reconnaît J.Giono. Lorsque Camus note qu’« il y a toujours une philosophie pour le manque de courage », mon premier réflexe me porte à nouveau vers la grande majorité de nos pseudo-politiciens, dont la grotesque conception du courage signifie entre autres : s’envoyer constamment des vannes, exposer et déployer ses muscles, accumuler ses pétards, rouler dans de rutilantes bagnoles blindées aux vitres teintées (et surtout, surtout, ne nous dites pas que c’est dû à des raisons de sécurité, car en fait vous vous faites encore plus remarquer ainsi…), se jeter mutuellement des patates chaudes, pointer hargneusement un index manucuré, invoquer (par Toutatis !) l’apocalypse, nous mentir comme ils respirent. Et la liste est interminable. Pour eux, le courage est de ne pas reconnaître leurs limitations et de ne pas admettre leur impuissance. Leur courage est aussi d’invoquer encore et toujours des raisons externes et indépendantes de leurs bonnes (?) volontés (langue de bois). S’il est vrai que nous avons subi des siècles d’emprise ottomane, des décennies de mandat français, en n’oubliant pas les affres du nassérisme, les vaines chimères palestiniennes, les sauvageries de notre voisin du sud, le machiavélisme constant de l’autre voisin (et demain de qui d’autre ?), il vous faut au moins admettre, messieurs, (prenez votre courage à deux mains) que la mission qui vous incombait, de poser les jalons d’une république moderne (pas bananière), de contribuer à rapprocher et à rassembler notre société mosaïque (au lieu de l’éparpiller), de créer une cohésion dont nous sommes tous assoiffés (cohésion = union), d’élever le niveau du débat (pas du monologue), de prôner l’ouverture vers autrui (pas du sectarisme), n’a pas été accomplie. Alors, un mur fêlé (comprendre ici : le pays) est beaucoup plus apte à s’effriter lorsqu’on lui assène vicieusement, inlassablement de multiples coups, qu’ils soient internes ou externes. Le courage est de crier à l’unisson : un pour tous et tous pour un (chez nous, sauce libanaise oblige, c’est chacun pour soi et « Allah bi dabber »). Le courage est de ne pas rester viscéralement vissés à d’illusoires strapontins (dont nous payons le prix en chair et en os). Une marque de colle X ferait d’ailleurs fortune en s’inspirant de nos pseudo-politiciens, pour vanter les mérites du produit : « Bon gré, mal gré, la colle X qui vous cloue sur place or your money back. » Le courage, le vrai, est de nous regarder bien en face et d’admettre votre échec, car si en politique il n’y a pas de fatalité, la politique par contre meurt de l’immobilisme de la pensée. Le courage, le vrai, est de savoir quitter la table (ce n’est pas honteux ou indigne) ; d’accepter de céder sa place (sacrée colle X, elle est vraiment tenace !) ; de donner la chance aux nombreux talents de ce pays (eh oui, ils existent). L’histoire nous apprend que lorsque les rois délirent, c’est toujours le peuple qui paie. Mais l’histoire a aussi une impardonnable mémoire d’éléphant qui ne relègue jamais aux oubliettes les courageux, les vrais, eux qui ont payé de leurs vies le prix de leurs convictions réelles. Et le futur finit, tôt ou tard, par prendre sa revanche. Article paru le Mardi 12 Juin 2007
« Il faut éclairer la conscience
et non la contraindre » (Diderot)

Louis Ferdinand Celine, dont la vision pessimiste du genre humain pouvait atteindre des niveaux nauséeux, écrit : « Faire confiance aux hommes, c’est déjà se faire tuer un peu. » Moi je dis : « Faire encore confiance à la majeure partie de nos pseudopoliticiens, c’est le suicide garanti. »
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