Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Une chercheuse allemande et un député de Baalbeck livrent leur analyse

« C’est à Moi de venger, je rembourserai. » Le Deutéronome (32 : 35) Selon Sarah Binay, professeur allemande, chercheuse à l’Orient Institute de Beyrouth, « la vendetta est une possibilité pour la société de s’organiser lorsqu’il n’y a pas d’État, indépendamment de l’appartenance ethnique. Elle n’a rien à voir avec la nationalité. Chez les Turcs et les Kurdes, l’on retrouve les mêmes pratiques. Quand il n’y a pas d’État, ou que l’État est faible, ou que la confiance dans ce dernier n’est pas là, la société a recours à des modèles de justice traditionnels. Le système de la vengeance n’est pas un système forcément mauvais en soi puisqu’il obéit à un code. La violence est donc limitée. » Le député de Baalbeck Ismaïl Succariyé souligne que « la coutume du « tha’r » est appliquée dans des sociétés où les institutions étatiques sont absentes et dont le niveau de vie est précaire. Le “tha’r” est présent dans les coins reculés du Akkar, à Baalbeck, chez les bédouins de la plaine de Zahlé-Saadnayel, au Marj dans la Békaa-Ouest et chez les autres tribus de bédouins éparpillées dans la Békaa-Nord ». Le médecin originaire de Baalbeck rappelle que le « tha’r » peut revêtir différents aspects. « Il était parfois l’expression de la justice dans des coins où toute autre forme de justice est absente. Mais le “tha’r” le plus injuste était celui où l’on s’en prenait à n’importe qui de la famille du tueur. Souvent, la personne la plus en vue en société au sein de la famille de l’assassin était tuée en représailles. Cela s’est produit dans le passé. De même, il arrivait que l’assassin soit abattu devant le Palais de justice par des parents de la victime, alors qu’il venait d’être jugé par un tribunal. Mais il faut dire que ces pratiques sont de moins en moins courantes. Et le Hezbollah a joué un rôle essentiel en ce sens en menant des dizaines de “solhas” (paix) entre les clans de la Békaa et en exhortant les gens à s’en remettre aux enseignements de la charia (la loi islamique). » Ismaïl Succariyé ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’on évoque le sujet de la vendetta, lui qui a étudié la médecine aux États-Unis et dont le cabinet se situe dans une rue huppée de Ras-Beyrouth. Dans un effort de mémoire, il raconte cependant qu’il arrivait que les parents du mort jetaient leur « aagal » (cet épais ruban noir qui resserre le keffieh et qui symbolise encore la dignité chez de nombreux bédouins) dans la fosse avec le défunt. Ils ne se remettaient à porter leur « aagal » qu’après avoir vengé leur mort. Il semblerait même que Barazan Takriti, le demi-frère de Saddam Hussein, qui s’est toujours présenté devant ses juges le keffieh sur la tête, ait une fois refusé d’entrer dans la salle de tribunal avant qu’on ne lui rende son « aagal ».
« C’est à Moi de venger, je rembourserai. »

Le Deutéronome (32 : 35)

Selon Sarah Binay, professeur allemande, chercheuse à l’Orient Institute de Beyrouth, « la vendetta est une possibilité pour la société de s’organiser lorsqu’il n’y a pas d’État, indépendamment de l’appartenance ethnique. Elle n’a rien à voir avec la nationalité. Chez les Turcs et les...