Rechercher
Rechercher

Actualités

Bucarest et Varsovie démentent vivement, Marty dénonce les « saloperies » et la « loi du silence » La Pologne et la Roumanie ont abrité des centres de détention de la CIA, accuse un rapporteur européen

La Pologne et la Roumanie ont sciemment abrité des centres de détention de la CIA entre 2003 et 2005, a révélé hier Dick Marty, le rapporteur du Conseil de l’Europe, suscitant de vives dénégations de la part des pays concernés. Un an après ses premières révélations concernant les transferts illégaux de terroristes présumés à travers l’espace aérien européen, le sénateur suisse a sensiblement durci le ton dans son 2e rapport sur les activités illégales de la CIA en Europe. « Ce qui n’était auparavant que des allégations est désormais une certitude », a souligné M. Marty pour qui il « subsiste aujourd’hui suffisamment d’éléments pour affirmer que des centres secrets de détention gérés par la CIA ont bien existé en Europe, entre 2003 et 2005, notamment en Pologne et en Roumanie ». Dans son rapport, M. Marty affirme que l’ex-président polonais Aleksander Kwasniewski « connaissait et a approuvé » le rôle de son pays dans les activités secrètes de détention de la CIA sur le territoire polonais. Khalid Sheikh Mohammad, le cerveau présumé des attaques du 11-Septembre, a été secrètement transporté de Kaboul à Szymany (Pologne) en mars 2003 à bord d’un vol « délibérément camouflé au moyen de plans de vol fictifs », ajoute le sénateur suisse. L’ancien président roumain Ion Iliescu se voit pour sa part reprocher d’avoir négocié et signé le 30 octobre 2001 un accord avec les États-Unis prévoyant « une extension du volume et de la portée des activités américaines sur le sol roumain », notamment un régime d’accès spécial au territoire national et la création d’une « zone sécurisée » au bénéfice des Américains dans le sud-est du pays. Des collaborations tant « publiques » que « secrètes » se sont, selon lui, développées entre les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sur la base d’un accord conclu le 4 octobre 2001 et qui aurait servi de « plate-forme pour des accords bilatéraux, eux aussi, bien entendu, secrets ». Le sénateur suisse, qui se fonde notamment sur les services de renseignements des États-Unis et d’autres pays concernés, a également accusé certains gouvernements européens, notamment allemand et italien, d’avoir fait obstacle à la recherche de la vérité en invoquant la notion de « secret d’État ». Lors d’une conférence de presse à Paris, il a fustigé l’attitude du gouvernement de Romano Prodi qu’il a accusé d’avoir été « encore plus loin » que celui de Silvio Berlusconi pour « faire obstacle » au procès sur l’enlèvement d’un ex-imam égyptien par des agents de la CIA. L’Italie – où un procès historique contre 26 agents de la CIA, accusés du rapt d’un ex-imam égyptien en Italie, s’est ouvert par contumace hier à Milan (voir par ailleurs) – n’a pas immédiatement réagi, mais le gouvernement allemand a rejeté les allégations, affirmant avoir « toujours fait part clairement de ses connaissances et des informations dont il disposait ». Il a également fustigé les « saloperies » et la loi du silence qu’il a découvertes en enquêtant et évoqué un « système très subtil de chantages croisés » entre « services secrets de différents pays ». Dénonçant « l’exportation (par les États-Unis) en Europe de toute une série d’activités illégales », M. Marty a jugé « affligeant et même insultant pour l’Europe qu’on ait pensé que ce qui n’est pas bon pour les États-Unis était bon pour l’Europe ». La Pologne et la Roumanie ont aussitôt démenti les accusations du rapport Marty, soulignant que le nouveau rapport n’apportait « aucune preuve ». Les États-Unis et leurs partenaires européens ont aussi éludé toute responsabilité dans l’enlèvement de Khaled el-Masri, citoyen allemand kidnappé et détenu par erreur pendant quelques mois à Kaboul, et dans d’autres opérations clandestines de la CIA, selon le rapporteur. Le contenu du rapport a en revanche été salué par le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe René Van der Linden qui a dénoncé les « efforts éhontés » de certains gouvernements européens « pour empêcher que la lumière soit faite sur leurs agissements ». La Commission européenne a, pour sa part, appelé les États membres de l’Union européenne à « mener des enquêtes impartiales » pour déterminer les responsabilités.
La Pologne et la Roumanie ont sciemment abrité des centres de détention de la CIA entre 2003 et 2005, a révélé hier Dick Marty, le rapporteur du Conseil de l’Europe, suscitant de vives dénégations de la part des pays concernés.

Un an après ses premières révélations concernant les transferts illégaux de terroristes présumés à travers l’espace aérien européen,...