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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise Nouvel accroc en vue entre le Tchad et la BM sur la gestion des pétrodollars

Moins d’un an après sa remise à plat au terme d’un long bras de fer, l’accord imposé par la Banque mondiale (BM) au Tchad pour assurer la bonne gestion de ses ressources pétrolières est menacé d’un nouvel accroc, en raison du dérapage des dépenses militaires de N’Djamena. Selon plusieurs sources proches du dossier, le gouvernement tchadien ne devrait pas être en mesure de respecter cette année son engagement d’affecter 70 % des revenus tirés de la vente de son or noir au financement de « programmes prioritaires de réduction de la pauvreté », comme le prévoit le pacte signé en juillet 2006 avec l’institution financière internationale. « Au vu des projections effectuées en partenariat avec le FMI (Fonds monétaire international) sur la base des dépenses déjà réalisées cette année et de celles qui restent à engager, nous craignons de ne pas pouvoir respecter l’accord avec la Banque mondiale », a affirmé un responsable du ministère tchadien des Finances. Sauf à rectifier le tir, seuls 62 % des dépenses financées par le brut devraient être consacrées aux secteurs de la santé, de l’éducation, de l’eau ou des infrastructures, a estimé ce haut fonctionnaire. « Cette situation est due à une explosion des dépenses des secteurs dits non prioritaires, surtout dans les domaines de la défense à cause de la guerre à l’Est » entre les rebelles hostiles au président Idriss Deby Itno et les troupes gouvernementales, a-t-il expliqué. Trois mois après l’échec d’une offensive rebelle aux portes de N’Djamena, l’accord signé en juillet 2006 à Washington par le Tchad et la BM visait précisément à empêcher le régime de Deby d’engloutir sa manne pétrolière dans le réarmement. En décembre 2005, déjà à court d’argent et menacé par la rébellion, le Tchad avait amendé sa loi sur la gestion des revenus pétroliers, imposée par la banque en échange du financement d’un oléoduc de quelque 1 000 km entre les puits tchadiens de Doba et le port camerounais de Kribi. Présenté comme un modèle, ce premier texte bloquait 10 % des pétrodollars sur un fonds destiné aux générations futures et imposait au Tchad d’affecter 85 % des sommes restantes à des projets de réduction de la pauvreté. Au terme d’un long conflit avec les autorités de N’Djamena, la BM avait finalement consenti à mi-2006 à relâcher l’étreinte imposée au Tchad. Mais, comme le redoutait déjà à l’époque la société civile, ce carcan allégé n’a pas permis de freiner les dépenses militaires du régime Deby qui, selon des experts, devrait percevoir en 2007 près d’un milliard de pétrodollars. « Le gouvernement achète des armes au vu et au su de tout le monde, il ne le nie même pas. On ne comprend pas pourquoi les bailleurs de fonds ferment les yeux », déplore Delphine Djiraïbé, coordinatrice du comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation. Moins définitif, le représentant de la Banque mondiale à N’Djamena Geoffrey Bergen se borne jusque-là à faire part de ses « préoccupations sur l’avancement des programmes de développement ». Quant au ministre des Finances Abbas Mahamat Tolli, il estime que « le moment n’est pas encore venu de tirer des conclusions sur l’exécution du budget ». Une équipe d’experts de la BM est attendue dans les prochains jours à N’Djamena pour s’assurer que ces promesses seront tenues.
Moins d’un an après sa remise à plat au terme d’un long bras de fer, l’accord imposé par la Banque mondiale (BM) au Tchad pour assurer la bonne gestion de ses ressources pétrolières est menacé d’un nouvel accroc, en raison du dérapage des dépenses militaires de N’Djamena.
Selon plusieurs sources proches du dossier, le gouvernement tchadien ne devrait pas être en...