Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L’art au cœur de Sainte-Anne

Peu le savent, mais les sous-sols du Centre hospitalier Sainte-Anne sont riches de quelque 70 000 œuvres – tableaux, dessins, objets d’art – réalisées par d’anciens malades, mais pas seulement. « Un fonds énorme, explique Anne-Marie Dubois, psychiatre et conservatrice de cette « collection hospitalière », qui comporte à la fois des œuvres de facture classique, des œuvres inscrites dans les mouvements artistiques de leur époque et des œuvres d’“art brut”, production artistique singulière. » C’est en partie au titre d’« exposition d’art brut », ou « art modeste » qu’elle a convié François Tortosa, ancien détenu à la Santé, mais ne souffrant pas de troubles psychiques, à présenter « Pitchic-Art » au Musée Singer-Polignac. « Nous accueillons des artistes qui viennent de l’extérieur et qui ont envie d’exposer dans ce très beau lieu. Si bien que nous montrons aussi bien des œuvres réalisées par des malades artistes que par des artistes non étiquetés comme malades », explique-t-elle. La collection de Sainte-Anne, l’une des plus grandes d’Europe, est divisée en deux fonds. « D’une part, une collection de dons anciens, d’œuvres historiques et patrimoniales, d’autre part, un fonds contemporain constitué essentiellement des dons récents et des œuvres réalisées dans les ateliers depuis 60 ans. » Anne-Marie Dubois porte en effet une deuxième casquette, puisqu’elle dirige le Centre d’étude et de l’expression de l’Hôpital Sainte-Anne, une unité de thérapies à médiation artistique, dispensées dans 30 ateliers hebdomadaires. « Certains parlent d’art-thérapie, mais, souligne-t-elle, c’est un très mauvais terme, parce que ce n’est pas l’art en lui-même qui est un agent thérapeutique, c’est l’utilisation de pratiques artistiques dans un cadre thérapeutique qui est susceptible d’être un facteur de soins. Nos ateliers sont des dispositifs de soin et non pas occupationnels. » « D’ailleurs, souligne-t-elle, nous n’exposons aucune œuvre réalisée dans le cadre d’ateliers thérapeutiques, seulement des œuvres qui ont une réalité artistique. Je rappelle que, contrairement à l’idée reçue, la plupart des artistes connus – de Vincent Van Gogh à Antonin Arthaud – étaient essentiellement productifs en dehors de leurs périodes de troubles psychiques. » « Il est très réducteur de penser que ce qu’un patient va produire n’est que le reflet de sa maladie. Malheureusement, le spectateur a toujours tendance à regarder différemment l’œuvre d’un artiste, s’il sait qu’il souffre de troubles psychiques de l’œuvre d’un artiste qui n’a pas de troubles », relève-t-elle. « J’aimerais à terme que le regard des gens soit le même sur les œuvres, quel qu’en soit le producteur », conclut Anne-Marie Dubois.

Peu le savent, mais les sous-sols du Centre hospitalier Sainte-Anne sont riches de quelque 70 000 œuvres – tableaux, dessins, objets d’art – réalisées par d’anciens malades, mais pas seulement.
« Un fonds énorme, explique Anne-Marie Dubois, psychiatre et conservatrice de cette « collection hospitalière », qui comporte à la fois des œuvres de facture classique, des...