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Attentat - L’immeuble soufflé par l’explosion dans le secteur de Mar Mitr se prépare à recevoir ses habitants Offre-Joie se mobilise pour panser les blessures d’Achrafieh Tilda ABOU RIZK

Près de vingt jours après l’explosion d’une charge, le 20 mai dernier, dans le secteur de Mar Mitr, à Achrafieh, on en est encore à panser ses blessures. Lentement mais sûrement. Le quartier soufflé par l’explosion est en chantier depuis plusieurs jours déjà, et le vieil immeuble de quatre étages, éventré par la quarantaine de kilos d’explosifs, s’apprête à accueillir de nouveau ses occupants, grâce à une initiative de l’association Offre-Joie, qui a pris en charge les travaux de reconstruction et de restauration. Dans un formidable élan de solidarité, Offre-Joie s’est mobilisée dès que l’enquête sur le terrain a pris fin et que les rapports de routine ont été établis. « L’idée principale est de ne pas rester sous un choc négatif. Notre société a besoin de ne pas baisser les bras », explique Melhem Khalaf, président de l’association, sur un ton passionné. Engagé depuis des mois dans une série d’actions s’inscrivant dans le cadre de la promotion de la paix et de l’aide à la population civile en détresse, Offre-Joie s’est immédiatement impliquée « pour donner un signe d’espérance à la société qui a besoin de ne pas baisser les bras ». L’espérance, un credo d’Offre-Joie. « Nous voulons dire aux gens : vous n’êtes pas seuls. À travers notre action, nous voulons montrer que nous sommes une société qui vit, qui refuse de baisser les bras et de se résigner. Ce que nous faisons est un cri d’espérance », insiste M. Khalaf. Une quarantaine de volontaires sont sur le terrain, assistés par des professionnels de la construction, qui sont à pied d’œuvre tous les jours, tôt le matin, le week-end compris, depuis presque trois semaines. Les jeunes, eux, partagent leur temps entre l’université, où ils commencent à préparer les examens de fin d’année, et le chantier « qui n’a de sens que dans la mesure où il nous permet d’être près des gens », relève le président d’Offre-Joie. Un immeuble remis à neuf Aussitôt leurs cours terminés, les jeunes accourent sur le chantier pour suivre l’évolution des travaux et prêter main-forte aux ouvriers du bâtiment, menuisiers et vitriers qui s’activent. « Notre objectif est de permettre aux habitants de l’immeuble éventré de regagner leurs appartements le plus tôt possible », nous explique Marc Torbey, un des jeunes universitaires, présents en permanence sur le chantier. Un défi de taille, vu l’état de l’immeuble. Mais un ingénieur, dépêché par Offre-Joie sur les lieux, a assuré que le bâtiment n’est pas ébranlé. Aujourd’hui, les trous énormes que les quarante kilos d’explosifs ont provoqués dans la façade ont été comblés. Le badigeonnage des pierres est terminé et l’on a commencé à peindre les murs extérieurs. Reste la pose des fenêtres, des vitres et des portes. Les jeunes aident les ouvriers à faire avancer les travaux. « À force d’aider Offre-Joie, ils ont acquis un certain savoir-faire. Ils peuvent s’occuper du béton ou du badigeonnage, réparer des vitres cassées », explique Marc. Le quartier dans son ensemble est devenu un chantier gigantesque. L’État a effectué un bilan des dégâts, il est vrai, mais les indemnités ne seront pas versées de sitôt à qui de droit. Offre-Joie aide les familles les plus démunies à remplacer les vitres cassées, les volets arrachés et à réparer les portes défoncées. Le coût des réparations est estimé à près de 15 mille dollars. « Mais c’est un chiffre approximatif », indique Marc, en mettant l’accent sur les donations qui permettent à Offre-Joie de mener à bien sa mission. « Des gens nous ont offert le ciment, d’autres les vitres ou les pierres et la peinture », explique-t-il. « Certains habitants du quartier n’ont pas les moyens d’entreprendre eux-mêmes les travaux de réparation. C’est pour eux que nous travaillons », ajoute Marc. Pour des gens comme Yvonne, par exemple. Âgée de 74 ans, Yvonne est manucure. Une arthrose et des douleurs lombaires, dues à une osthéoporose, l’empêchent cependant de travailler. Elle habite dans une masure à quelque cinq cents mètres du parking où la voiture piégée a explosé. Un deux-pièces au toit de tuiles branlant, où la minuscule cuisine fait en même temps office de salle de bains. Le soir de l’explosion, le toit s’est effondré et toute la maison a été soufflée, mais elle en est sortie indemne. Pour elle, les jeunes d’Offre-Joie sont des anges venus du ciel. « Je suis restée deux jours sans que personne ne demande de mes nouvelles. J’étais désemparée et je ne savais pas quoi faire pour réparer le toit. Puis, au troisième jour, j’ai vu des jeunes passer avec des brassards sur lesquels j’ai lu Offre-Joie. J’ai tout de suite su de qui il s’agissait. Je les avais vus sur Télé-Lumière. Ce sont eux qui ont reconstruit le Sud », raconte-t-elle, en ponctuant chaque phrase de « que Dieu les garde », « que Dieu leur donne la vie et la santé », « ce sont mes chéris ». Autant de vœux qui expriment un immense sentiment de gratitude. Une gratitude qui s’explique par le fait que les volontaires de l’association ne se sont pas contentés de réparer la partie affaissée du toit, les vitres brisées et les portes défoncées ou les pans fissurés du mur, mais ont entrepris un véritable travail de rénovation pour rendre les deux pièces délabrées salubres. « Ils ont même tenu à remplacer les tuiles qui tenaient encore. » Comme la maisonnette adjacente est vide, ils ont même été demander au propriétaire l’autorisation de démolir le mur la séparant de celle d’Yvonne, pour que celle-ci puisse au moins avoir une salle de bains indépendante. Le propriétaire a accepté. C’est Yvonne qui a refusé. Elle considère que ce qu’elle a lui suffit amplement. La vieille masure a aujourd’hui un aspect coquet.
Près de vingt jours après l’explosion d’une charge, le 20 mai dernier, dans le secteur de Mar Mitr, à Achrafieh, on en est encore à panser ses blessures. Lentement mais sûrement. Le quartier soufflé par l’explosion est en chantier depuis plusieurs jours déjà, et le vieil immeuble de quatre étages, éventré par la quarantaine de kilos d’explosifs, s’apprête à accueillir de...