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Une première, à New York, au musée de la Télévision et de la Radio « Beirut Rising, »  un émouvant documentaire sur la révolution du Cèdre, signé Soula Saad

New York, de Sylviane ZEHIL Film symbole ? Parfait timing. L’excellent documentaire intitulé Beirut Rising est la « première of a Work-in-Progress (travail en cours) », signé par la réalisatrice Soula Saad, présenté, mercredi dernier, à New York, au musée de la Télévision et de la Radio. Cet événement, qui a fait salle comble, a eu lieu deux heures après le vote historique par le Conseil de sécurité adoptant légalement la résolution 1757 sur l’établissement du tribunal pour le Liban. Beirut Rising est l’histoire vécue, festive et enthousiaste de la révolution du Cèdre, un mouvement populaire spontané, survenu au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, dont l’apogée fut la manifestation d’un million de personnes le 14 mars de la même année. Ce film est l’hymne à la vie, à la liberté d’expression, à la fraternisation spontanée d’un peuple en quête de la « vérité », désireux de vivre ensemble, s’exprimant enfin contre la présence syrienne sur son sol. « Nous voulons la liberté », clame tout simplement un jeune homme qui a décidé de camper avec des centaines d’autres jeunes au centre-ville. Le vent de la liberté, sur fond rouge et blanc, couleurs de l’opposition antisyrienne, a soufflé un temps sur le Liban. Cette flamme ne s’est jamais éteinte. Beirut Rising évoque justement cette flamme jaillie de cette révolution blanche porteuse d’espoir pour un peuple, toutes religions confondues, déferlant à pied, tel un long fleuve, pour exprimer en chœur sa soif de liberté, d’indépendance et de souveraineté. Les images fortes et colorées sont celles d’une « photographe amateur », émaillées de documentaires historiques empruntés d’archives diverses. L’accompagnement musical et les chants « superbes » spontanés rythment ce film aux pas d’une foule en marche vers la place des Martyrs, devenu lieu de rassemblement. C’est comme si on y était encore ! Gebran Tuéni : « Des fissures dans le mur de la peur » C’est dans ce contexte que le député journaliste, Gebran Tuéni, épris de liberté, de souveraineté et d’indépendance, émerge comme le héros symbole du printemps de Beyrouth. Acclamé par la foule, Gebran, portant à son cou le foulard rouge et blanc, parle de « créer des fissures dans le mur de la peur. Le retrait total des Syriens du Liban est un rêve pour nous après trente ans », lance-t-il à la foule. Le député journaliste dénonce les crimes perpétrés par la Syrie au Liban. Son grand serment fédérateur apparaît comme un nouveau souffle libérateur qu’il paiera cher de son sang. Carlos Eddé, Éli Khoury, Timothy Balding, Alexandra Asseily, May Menassa, Nayla Moawad, Nicole Fayad, Asma Andraos, Gabriel Murr, May Chidiac, Gisèle Khoury, Detlev Mehlis, et bien d’autres racontent, chacun à sa manière, les évènements de l’« intifada », tout en rendant hommage à Rafic Hariri, « un homme d’affaires chevronné, issu d’une famille modeste, qui a contribué à l’éducation de 30 000 jeunes Libanais », témoigne l’analyste politique, Eli Khoury. Pour Carlos Eddé, « le problème résidait entre le président Lahoud et ses amis syriens d’une part, et Rafic Hariri d’autre part, écarté des affaires ». « Il a pourtant voté la reconduction de Lahoud », précise-t-il. Gabriel Murr parle de la liberté d’expression refoulée, et Asma Andraos de l’amour spontané pour le Liban. Alexandra Asseily exprime son souci de bâtir un nouveau Liban pour les générations futures car « il est important d’être de bons ancêtres. Nous formons une énorme partie de cette population », dit-elle. « La société civile s’est exprimée pour la première fois. L’amour pour la patrie est devenu plus profond », raconte Nicole Fayad. « La colère a fait place au mouvement spontané », indique-t-elle. C’est ainsi qu’elle a pu recueillir des milliers de signatures pour la « démission » du gouvernement prosyrien de Omar Karamé, sur une toile d’un mètre et demi. Museler la presse Beirut Rising passe en revue, archives à l’appui, les grands moments historiques qui ont suivi la manifestation du 14 Mars. La démission impromptue du gouvernement Omar Karamé relève de l’inattendu, provoquant la protestation furieuse du président Nabih Berry : « J’aurais aimé être prévenu à l’avance », a-t-il lancé. Le documentaire met en relief la suite des évènements, à savoir le limogeage des responsables des services de renseignement syriens, le départ des troupes syriennes le 26 avril, les attentats à répétition visant les quartiers chrétiens, la vérification du départ des troupes syriennes par une mission de l’ONU, l’organisation d’élections législatives sous le contrôle d’organisations internationales, le retour du général Michel Aoun, le 7 mai, l’assassinat du journaliste Samir Kassir, le 2 juin à Achrafieh, l’assassinat de George Haoui le 21 juin 2005, la libération du chef des Forces libanaises Samir Geagea, le 26 juillet, l’attentat qui a mutilé la journaliste vedette May Chidiac, le 25 septembre 2005, et l’assassinat de Gebran Tuéni, le 12 décembre. Ce film, comme l’histoire du Liban, est inachevé. Il ne couvre pas les autres attentats perpétrés en 2007. La deuxième partie du film les couvrira. Beirut Rising montre l’évènement organisé par Reporters sans frontières, en présence de Christine Okrent et l’actuel ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à Beyrouth, pour dénoncer les assassinats des journalistes Samir Kassir et Gebran Tuéni, ainsi que l’attentat qui a mutilé la journaliste May Chidiac. À cette occasion, les discours de Nayla Gebrane Tuéni et de Gisèle Khoury, veuve du journaliste Samir Kassir, ont été marquants. Dans son discours, Nayla Tuéni a demandé à la justice libanaise d’accélérer ses investigations et à la presse de son pays de se mobiliser afin de mettre un terme à la vague d’attentats qui secoue le Liban depuis octobre 2004. « Le Liban est le seul pays arabe qui jouit d’une certaine liberté et c’est pour cette raison que les journalistes y sont tués. Nous demandons à tous nos confrères dans le monde de réagir pour que la mort de Gebran et de Samir renforce notre détermination », déclare, de son côté, Gisèle Khoury. Le deuxième volet du film portera aussi sur le témoignage de Detlev Mehlis, ancien chef de la commission d’enquête internationale de l’ONU. Désillusion ? Le printemps libanais est une symphonie inachevée. Les efforts d’aboutir à un autre Liban restent jalonnés d’écueils. C’est ce qui ressort du débat de haut niveau qui a suivi la projection du film en présence du conservateur du musée de la Télévision et la Radio, Ron Simon, en qualité de modérateur, de la réalisatrice Soula Saad et d’Alexandra Asseily, fondatrice de Garden of Forgiveness, une association créée à Beyrouth en 1997. Parfaite ambassadrice et « témoin de la guerre civile au Liban », Alexandra, devenue psychothérapeute « pour explorer sa propre responsabilité pour la paix au Liban », a brossé à une audience américaine avide de connaître les enjeux auxquels est exposé le pays du Cèdre le tableau d’un Liban meurtri qu’il « faut rebâtir pour les générations futures ». C’est avec justesse que la fondatrice du Centre d’études libanaises à Oxford a pointé du doigt « une autre population qui campe aujourd’hui au centre-ville ».
New York, de Sylviane ZEHIL

Film symbole ? Parfait timing. L’excellent documentaire intitulé Beirut Rising est la « première of a Work-in-Progress (travail en cours) », signé par la réalisatrice Soula Saad, présenté, mercredi dernier, à New York, au musée de la Télévision et de la Radio. Cet événement, qui a fait salle comble, a eu lieu deux heures après le vote historique...