RENCONTRE - De passage au Liban, son pays d’origine, pour lancer son album « Livin’ » Therése Neaimé, entre Sade et Annie Lennox

Elle n’a de libanais que son nom, qu’elle a tenu à garder malgré une carrière internationale qui démarre bien depuis deux ans. Et cet attachement presque viscéral au pays de son père, qu’elle visite dès que la possibilité et les circonstances le lui permettent. Therése Neaimé, avec l’accent qu’elle ne veut pas grave mais drôle et aigu sur son deuxième e, née en Suède, sort son premier CD intitulé « Livin », dont elle a également signé les textes et certaines musiques. « Quand je viens au Liban, j’ai ce sentiment familier de rentrer chez moi... » Lorsque Therése Neaimé, Tessa pour les amis, débarque dans ce café de la capitale, les regards se tournent instantanément vers cette grande femme de 1,80m, mince, les bras élancés, les mains féminines et un sourire qui illumine. Danseuse dès ses plus tendres années, elle a gardé de cet exercice artistique un port de tête et une grâce devenus naturels. « Dans les années 1960 , mon père Georges travaillait dans un grand hôtel à Beyrouth, raconte-t-elle.12 ans plus tard, il est parti. C’est en Suède qu’il a rencontré ma mère. J’ai découvert le Liban en 1990. Depuis, j’y reviens tous les deux ans, » poursuit-elle. Son premier contact avec la chanson se fera à 15 ans, lorsqu’elle rejoint la Stockholm East Gospel Choir. Après avoir travaillé sous la houlette de Susanna Hultén, professeur de chant professionnelle, elle participe à des tournées internationales en tant que danseuse et deuxième voix. « En 1996, lors d’une tournée internationale qui m’a menée au Mexique, devant un public de 60 000 personnes, j’ai décidé qu’il était temps de me mettre en avant et de jouer les premiers rôles. Et, surtout, de pouvoir m’exprimer avec mes textes et ma voix. » Pour mener sa vocation à terme, déterminée, elle s’envole pour Hollywood et s’inscrit au fameux Musicians Institute. Là, durant deux ans, elle élargit sa palette musicale, y incluant différents styles musicaux, R n’B, jazz, rock, et perfectionne le chant et l’écriture. Elle créé son groupe, baptisé tout simplement « Neaimé », et l’emmène en tournées aux États-Unis et en Suède.« Le rythme est en moi. J’entends des mélodies en permanence dans ma tête ! Écrire est très naturel pour moi. Je m’inspire de mon vécu, des séparations, des pertes et des rencontres. Mes chansons racontent toute une histoire. Elles sont ma force. » Un album à découvrir C’est avec un premier single, Colour of Life, que l’artiste a lancé son album Livin en Suède. Suivront The Future et Here to Stay, qui connaîtront un succès égal. Une voix, chaude et puissante, des textes sincères sur des mélodies qui se retiennent, avec une préférence pour Back Against the Wall, le CD de Tessy se laisse entendre avec beaucoup de plaisir. Sa carrière a démarré aux États-Unis en septembre 2006, avant d’arriver à destination, c’est-à)dire au Liban, en mai de cette année. Therése Neaimé, « entre Occident et Orient », comme elle se qualifie, affirme vouloir « montrer au monde que le Liban n’est pas mort ». Chanteuse dotée d’une belle voix, elle n’en demeure pas moins une artiste pleine de sensibilité et une femme à l’âme généreuse. Ambassadrice de The Foundation for Children with Cancer, en mémoire de sa mère partie prématurément, « pour transformer ma peine en quelque chose de positif », elle remercie tous les jours ceux qui l’ont aidée dans son long parcours. « J’ai travaillé si longtemps pour en arriver là que je n’aurai jamais la grosse tête », nous assure-t-elle. Souhaitons-lui de poursuivre une belle carrière. Et d’ajouter à sa vie les couleurs du bonheur. Carla HENOUD