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EN LIBRAIRIE De Téhéran à Alep, l’Orient à travers ses parfums et ses revirements…

La littérature n’est plus un domaine réservé aux rêves, à l’évasion, au plaisir des fantaisies où se jouent toutes sortes d’intermittences du cœur, des jeux de l’amour et du hasard. Avec sa diversité et ses multiples embranchements, de langue et d’optique, la littérature est aussi témoignage virulent, ferme reconstitution de l’histoire, chapelet de souvenirs émouvants, multianalyse des phénomènes de société, franche introspection pour un meilleur épanouissement, courageuse investigation pour le futur. Une fenêtre nouvelle sur le monde pour une vie meilleure, avec l’espoir lumineux des lendemains qui chantent… Pour les livres de l’été qui seront nos compagnons sous les parasols des plages ou sur les balancelles en montagne, voilà un tour d’horizon qui éclaire généreusement l’Orient. L’Orient dans sa palette de couleurs criardes, le faisceau de ses parfums pénétrants, ses nombreux labyrinthes historiques et surtout ses imprévisibles ou parfois perceptibles revirements. Une mosaïque de pays où la couleur et la chaleur même du soleil, pas plus que les êtres qui l’habitent, n’ont plus la même identité, les mêmes aspirations, le même langage… « Iranienne et libre » de Shirin Ebadi Ou le combat d’une femme Une vie simple, mais une farouche volonté pour la liberté et la dignité a retenu l’attention de centaines de milliers de lecteurs. Pour avoir écrit un livre retraçant son combat contre l’obscurantisme, Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix en 2003, n’en est pas moins femme, épouse, mère. Avocate, juge, conférencière, militante, Shirin Ebadi s’érige aujourd’hui écrivain, avec l’aide d’Azadeh Moaveni, à travers ce livre témoignage intitulé en anglais Iran Awakening (édition Randon House, 236 pages, traduit en français sous le titre Iranienne et libre). Mémoire inoubliable, considéré par le Washington Post Book World comme un des ouvrages les plus importants de l’année. L’auteur analyse la situation de la femme au carrefour de l’histoire et révèle publiquement sa vie privée et sa carrière dans un pays livré par le destin à un régime totalitaire et archaïque. Combat pour une identité et une dignité, car après avoir été la première femme juge de son pays, Shirin Ebadi est obligée de démissionner après la révolution de 1979. L’auteur décrit son enfance à Téhéran, son éducation et son succès professionnel. Mais aussi ses déboires et ses tracas avec un régime qui ne lui a pas épargné l’emprisonnement, les harassements et les tentatives d’assassinat. Une femme qui a cru ferme aux valeurs édifiantes et que le peuple iranien a accueillie en héroïne absolue à son arrivée à l’aéroport de Téhéran. Une voix de la vérité qui triomphe de la cacophonie et du vacarme des sous-fifres. Une leçon de courage, de probité et de détermination qui souligne qu’il ne faut jamais baisser les bras devant l’adversité. « Voyages en Perse » de Jean Chardin Source historique et sens de l’observation De l’Iran des ayatollahs à celui des shahs, avec juste un détour du côté du temps mais à rebours…Si Montesquieu se demandait comment peut-on être persan, le meilleur encore c’est d’aller voir justement la Perse ! Et c’est ce que fit Jean Chardin, à la fin du XVIIe siècle. Il se lança dans le commerce des diamants et shah Abbas II le nomma son marchand de joailleries. Pour ses minutieux et nombreux périples, le négociant en pierres précieuses tint un carnet de route qu’il publia en 1686 sous le titre de Voyages en Perse. Des extraits sont présentés ici grâce à Claude Gaudon (édition Phébus, 276 pages). On rappelle que cet ouvrage, en son temps, fut favorablement accueilli par les esprits frondeurs, tels que Voltaire, Rousseau, Gibbon, et devint le livre de chevet de l’auteur des Lettres persanes. Source historique d’une grande richesse doublée d’un sens aigu de l’observation, cet ouvrage révèle la culture et la civilisation d’un grand empire. « Un certain parfum d’Alep » de Thérèse Karaoglan Les souvenirs impérissables Un premier livre qui parle en toute pudeur et quelques éclats d’innocents souvenirs de l’enfance et de la jeunesse. Sous la voilette du label roman, Thérèse Karaoglan vient de publier un ouvrage, avec un titre un peu bateau, Un certain parfum d’Alep, aux éditions Dergham-219, pour évoquer sa ville d’origine. Écriture correcte, mais sans grand relief pour un récit simple, égrenant moments mouvementés et confidences personnelles romancées d’une époque révolue et pourtant pas encore très lointaine. Des personnages sympathiques, des situations drôles et amusantes, une trame romanesque un peu conventionnelle, mais une fastueuse nomenclature de l’art de vivre et de recevoir aleppin. Goût de la cuisine, des senteurs, des saveurs, de la « vestimentation » et gourmandes notions de plaisirs et de sensualité pour une narration touchant aussi les grands bouleversements régionaux. Une guerre qui se prépare dans le pays voisin et que l’on perçoit comme les premiers roulements de tambour pour la fin d’une période où la douceur de vivre était un coin de paradis qu’on croyait intouchable…Mais c’est Alep qui surgit de cette grouillante petite fresque sociale, Alep magnifié, adulé, vénéré, un peu idéalisé. Une véritable ode d’amour, un poème déployé pour une ville qui a marqué une période et les êtres qui ont vécu dans son enceinte. Légère comme un parfum d’oranger est cette lecture tout en émotions et délicieuses frivolités, avec un arrière-fond de nuages sérieusement menaçants… Edgar DAVIDIAN Livres en vente à la librairie al-Bourj.
La littérature n’est plus un domaine réservé aux rêves, à l’évasion, au plaisir des fantaisies où se jouent toutes sortes d’intermittences du cœur, des jeux de l’amour et du hasard. Avec sa diversité et ses multiples embranchements, de langue et d’optique, la littérature est aussi témoignage virulent, ferme reconstitution de l’histoire, chapelet de souvenirs...