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Actualités

Éclairage Le dossier présidentiel renoue le contact entre Baabda et Bkerké Scarlett HADDAD

La visite, qu’on a qualifiée d’imprévue, du patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir à Baabda n’était pas, selon les sources proches du palais présidentiel, « si surprenante que cela ». Les mêmes sources révèlent qu’en dépit d’une certaine tension entre le cardinal Sfeir et le président Émile Lahoud, suite à ce qui avait été perçu comme un appel du premier à la démission du second, le contact entre les deux hommes n’avait jamais été réellement rompu. Pourtant, le chef de l’État avait sciemment renoncé à se rendre à la messe pascale à Bkerké et la présidence avait tenu à préciser que cette absence n’était pas due à des raisons de sécurité. Toutefois, les émissaires de Baabda ont continué à se rendre auprès du patriarche qui avait toujours déclaré que ses portes étaient ouvertes à tous les visiteurs. Un contact direct avait été même établi avant le dernier voyage du patriarche Sfeir au Vatican, il y a quelques jours, et l’initiative s’était concrétisée par une invitation officielle adressée par le chef de l’État au patriarche Sfeir à se rendre à Baabda. L’affaire était toutefois restée discrète pour permettre justement à la rencontre de se tenir dans les meilleures conditions possibles. Le président Lahoud a donc envoyé voiture, chauffeur et escorte à Bkerké, vendredi matin, pour conduire le patriarche à Baabda. La visite s’est déroulée avec les hommages dus à cet invité de marque et après un tête-à-tête de 90 minutes, Émile Lahoud a invité le patriarche Sfeir à un déjeuner auquel ont assisté un nombre très réduit de convives. Les sources proches de Baabda affirment que l’entretien entre les deux hommes a été empreint de franchise et de cordialité comme à l’accoutumée et il a évidemment tourné autour de la prochaine échéance présidentielle. Selon les mêmes sources, le patriarche, appuyé en cela par le Vatican et même par les États-Unis, mais surtout compte tenu de ses propres convictions, aurait insisté sur le fait que l’élection présidentielle devrait se dérouler à la date prévue, selon les règles constitutionnelles et de manière à assurer une passation calme du pouvoir. Le chef de l’État aurait expliqué, de son côté, qu’il était tout à fait d’accord sur le fait qu’il s’agit là du scénario idéal pour le Liban et pour les chrétiens en particulier. Mais un tel scénario, affirment les sources de Baabda, suppose une élection présidentielle qui se déroulerait sur base du quorum des deux tiers des députés, ce qui suppose une entente préalable entre les différentes parties libanaises. Car si cette entente n’est pas assurée, les députés de l’opposition pourraient décider de boycotter la séance d’élection, prévue le 25 septembre, et le quorum des deux tiers ne serait pas atteint. Il est donc indispensable de favoriser une entente entre la majorité et l’opposition avant la tenue de la séance électorale, soulignent encore les sources de Baabda. Le chef de l’État aurait aussi précisé qu’à son avis, le meilleur moyen de paver la voie à cette entente serait de former un gouvernement d’union qui étudierait les dossiers conflictuels et permettrait l’ébauche d’un dialogue de fond entre les parties libanaises en présence. Le chef de l’État aurait encore ajouté qu’il est encore temps de former un tel gouvernement et il y va de l’avenir de l’échéance présidentielle. Le président Lahoud aurait aussi développé les raisons qui le poussent à considérer le gouvernement actuel comme illégal et anticonstitutionnel et dans ce contexte, il ne saurait lui remettre le pouvoir en cas de non-élection d’un président à la date prévue. Selon les mêmes sources, le patriarche aurait écouté attentivement, insistant sur l’importance d’élire un président consensuel à la date prévue. Échange franc donc et profond, avec un engagement de part et d’autre de favoriser autant que possible l’aboutissement à un accord sur la présidence. Selon un ancien député proche de Bkerké, le patriarche maronite s’apprêterait à lancer une série de contacts avec les parties concernées pour évoquer le dossier de la présidentielle et tenter de dégager un accord sur un président d’entente qui serait en mesure de sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se débat actuellement et lui permettre de passer avec succès cette période de transition. Le même ancien député précise que le patriarche bénéficierait de l’appui total du Vatican dans cette démarche ainsi que de celui des Américains. Le Vatican aurait même promis de déployer de son côté des efforts avec des parties non libanaises si le besoin s’en fait sentir. Selon l’ancien député, le ministre des Affaires étrangères du Vatican, Mgr Dominique Mamberti, doit se rendre très bientôt au Liban et il aurait décidé d’inclure Damas dans sa tournée. Ce qui laisse supposer que le dossier libanais, et plus particulièrement celui de la présidence libanaise, pourrait être évoqué dans le cadre de ses entretiens avec les dirigeants syriens. Cette visite devrait d’ailleurs intervenir après celle que compte effectuer le président américain George Bush au Vatican au cours des prochaines semaines. De là à croire qu’il y aurait une volonté de la part de l’Administration américaine de pousser le Vatican à s’impliquer dans ce dossier qui concerne certes tous les Libanais, mais particulièrement les chrétiens, il n’y a qu’un pas. Ce qui est sûr c’est que le dossier présidentiel s’impose d’ores et déjà sur la scène interne, mais aussi dans les pourparlers régionaux et internationaux, détrônant pratiquement les autres sujets d’actualité... À moins qu’il ne s’agisse d’un tout indissociable qui fonctionne selon le principe suivant : si un problème est résolu, les autres devraient forcément suivre.
La visite, qu’on a qualifiée d’imprévue, du patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir à Baabda n’était pas, selon les sources proches du palais présidentiel, « si surprenante que cela ». Les mêmes sources révèlent qu’en dépit d’une certaine tension entre le cardinal Sfeir et le président Émile Lahoud, suite à ce qui avait été perçu comme un appel du premier à la...