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Actualités - CHRONOLOGIE

PHOTOS - « Mobile Art » au Goethe-Institut jusqu’au 22 mai Les jeux du numérique et du hasard de Bassam Lahoud

Tout est parti d’une situation extrêmement dure à vivre : l’agonie d’un être cher. Une douleur qui a poussé Bassam Lahoud à entamer l’utilisation de la caméra intégrée à son Palm Treo (agenda électronique). En effet, c’est au chevet de son père mourant que le photographe s’en est servi pour la première fois. Spontanément, il a voulu fixer les derniers instants de vie paternelle. Comme s’il cherchait inconsciemment par se biais à le retenir. Sauf que sous le coup de l’émotion, la main de Bassam Lahoud a bougé, brouillant l’image d’une sorte de voile translucide, dans lequel le photographe, troublé, perçoit « l’esprit » de son père « qui s’en allait ». D’autres photos prises de la même manière, c’est-à-dire un peu à la sauvette et d’une main tremblante, se nimbent tantôt d’un halo jaune « figurant en quelque sorte l’agonie », tantôt d’une aura rouge, couleur symbolique de la douleur. Et de l’affliction. Comme celle éprouvée par la mère de l’artiste, saisie, elle aussi, dans sa vérité d’épouse éplorée. Intrigué par ces coïncidences marquantes, ce professeur de photographie à la LAU se lance dès lors dans l’expérimentation des possibilités de cette caméra de dépannage, à la résolution extrêmement basse (0.7 méga pixel). Du coup, alors que ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, il se met à braquer son objectif sur tout ce qui l’entoure. Proches, étudiants, lieux, architectures, notamment, deviennent alors les cibles de son regard amusé. Car ce qui avait commencé par une émotion triste s’est ensuite développé en recherche technique et ludique. Bassam Lahoud découvre ainsi, par tâtonnements, de nouveaux paramètres qui influent sur le rendu de ces images digitales : éclairage fluorescent ou au tungstène, rotation de l’appareil, mouvement en « panning » qui provoque une dilution de l’image, défaut de batterie qui produit des stries, agrandissement en mauvaise résolution qui donne un grain éclaté... Exploiter les faiblesses du numérique Au moyen de ces jeux du numérique et du hasard, combinés à des prises de vues sous différents angles « et sans aucune retouche ultérieure », il réalise des photos qui vont du portrait déformant à la Francis Bacon, aux paysages abstraits, en passant par des scènes évoquant les clairs-obscurs des peintures flamandes, les vues « mobiles », comme en mouvement, ou encore inquiétantes, d’un lieu on ne peut plus banal... Cela donne des prises originales, exposées jusqu’au 22 mai au Goethe-Institut de Beyrouth (Manara). Des clichés intéressants qui, plutôt que de reproduire la réalité, la transforment, l’enrobent d’une fantaisie surréaliste (autoportrait en diable), poétique (une étudiante qui devient Madone) ou abstraite (vues architecturales tourbillonnantes, spiralées ou réduites à des taches de couleurs)... Pour Lahoud, qui dit avoir opéré, au cours de cette parenthèse enchantée, un retour aux sources de la photographie, à « la primitivité » de cet art : « Le but de cette expérience est de montrer que quel que soit le support photographique, l’œil reste l’élément déterminant. Et que l’on peut créer à partir de n’importe quoi. » En exploitant, par exemple, la faiblesse de l’appareil plutôt que ses performances ! Zéna ZALZAL



Tout est parti d’une situation extrêmement dure à vivre : l’agonie d’un être cher. Une douleur qui a poussé Bassam Lahoud à entamer l’utilisation de la caméra intégrée à son Palm Treo (agenda électronique). En effet, c’est au chevet de son père mourant que le photographe s’en est servi pour la première fois. Spontanément, il a voulu fixer les derniers...