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Actualités - OPINION

Poids et envol

Elle est fascinante, déroutante, la théorie de l’envol. Ce dernier est favorisé, par des chemins humains multiples tels que l’art, la philosophie, la culture, la beauté, l’ouverture à l’autre, la foi et l’amour. D’autres itinéraires, par contre, nous enlisent dans la lourdeur de la terre, sans aucune possibilité de mobilité. Cela concerne le monde de l’appropriation, des acquisitions, de la politique et du pouvoir. L’alternative est la suivante : rester collé à la surface de la terre, ou bien aspirer à transcender la condition terrestre pour franchir de nouveaux espaces de l’impalpable. Entre le poids et la légèreté, tout un cheminement à faire et un tas de ponts à construire. Entre la démocratie et la tyrannie – entre autres, la tyrannie économique –, pour quel choix de société veut-on opter ? Celui de l’égalité, de la liberté et du respect ou celui du ressentiment, de la rancune et de l’injustice ? Deux courants actuels, dans un même pays. Comment les concilier et les réconcilier ? Il faut avoir goûté au sublime pour avoir l’envie d’y revenir, comme il faut avoir savouré les plaisirs de l’envol pour oser se détacher de la boue. L’issue est dans l’éducation citoyenne (pas uniquement dans les livres) et dans la « conscientisation » du peuple. Un citoyen initié à la finesse de la culture et autonome dans sa façon de penser peut se permettre le luxe de se détacher des affinités claniques qui le sécurisent ; parce qu’il a trouvé un exutoire ailleurs. On ne récolte que ce qu’on sème. On ne peut espérer avoir une vision commune de notre pays sans fondements communs, sans aucune base qui réunisse les bouts. La logique structurelle du pays est construite de séparations, de cloisonnements religieux, confessionnels, sociaux, culturels. L’aboutissement ne saurait être différent de ce à quoi on assiste actuellement ; séparations, clivages, cloisonnements, ruptures de liens. Afin de les rapprocher, il est impérieux de tisser des relations entre les citoyens, de rétablir la communication blessée et d’opter pour la construction d’une plate-forme éducative commune, ne serait-ce que pour les grandes lignes matrices, telles que la vision projective du Liban et la valeur estimée des personnes qui vont y vivre. Mais attention, danger ! Cette optique devrait conduire le pays et le peuple vers un nivellement vers le haut et non vers le bas. Mais comment discerner entre ces deux directions opposées de développement et de sous-développement ? Possible : il importe de se référer toujours à la théorie de l’envol, en misant sur le meilleur de la personne humaine, c’est-à-dire rassembler les protagonistes autour de la culture, l’art, la beauté, la philosophie, l’expression libre, le respect de l’autre et ceci, dès les premières années, sur les bancs d’école ! Parce que l’homme est appelé à s’élever, en évitant, toutefois, de tomber dans le piège d’Icare. Contemplons pour un moment les cieux, si peu soit-il, au lieu de s’égarer à nous regarder les uns les autres. À présent, cette verticalité, nous en avons vraiment besoin pour décoller ! Carla BEJJANI ARAMOUNI

Elle est fascinante, déroutante, la théorie de l’envol. Ce dernier est favorisé, par des chemins humains multiples tels que l’art, la philosophie, la culture, la beauté, l’ouverture à l’autre, la foi et l’amour. D’autres itinéraires, par contre, nous enlisent dans la lourdeur de la terre, sans aucune possibilité de mobilité. Cela concerne le monde de...