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Viticulture - Une unité expérimentale de l’Institut national de la recherche agronomique Le Domaine de Vassal dans l’Hérault, une bibliothèque vivante des cépages

Entre le bassin de Thau et la mer Méditerranée, s’étire un lido, un long cordon dunaire allant de Sète à Marseillan-Plage : c’est là que sont conservées 3 000 variétés de vignes, originaires de 47 pays différents, une collection unique au monde. Le Domaine de Vassal, d’une surface de 27 ha, est une unité expérimentale de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Montpellier : peu de gens savent que derrière le banal portail vert et des bâtiments datant des années 50 se cache une collection de ressources génétiques inestimable, indispensable à la biodiversité de la vigne et à l’amélioration variétale. « On fournit et on reçoit des variétés du monde entier, on a plusieurs centaines de demandes de cépages par an », souligne Armand Boyat, président adjoint du centre INRA de Montpellier. Comme dans tous les conservatoires, le travail consiste à « caractériser » les collections : deux à trois techniciens s’attachent à décrire les caractères morphologiques du cépage, bourgeonnement, floraison, maturité de la baie, caractéristiques des feuilles, des grappes, des pépins et des sarments. D’autres aspects sont également consignés : pour les feuilles, leur taille, forme, couleur, profil, gaufrure, pilosité. Pour les grappes, leur compacité, longueur, largeur, couleur et forme, le poids des pépins ou la vigueur des sarments, etc. Il faut aussi régénérer régulièrement les collections : « 40 à 50 “introductions” provenant de France ou de pays étrangers sont faites chaque année, notamment pour avoir accès à des souches résistantes aux maladies », explique M. Boyat. Car les virus, transportés par les insectes ou les champignons (mildiou et oïdium), n’épargnent pas ce bout de terre balayé par les vents et les embruns, mais qui résiste bien au phylloxera en raison de la nature sableuse du sol. Le conservatoire est d’ailleurs né de l’obligation de régénérer la vigne très endommagée par le phylloxéra en 1876. « Gustave Foëx, professeur à l’École d’agriculture de Montpellier, a alors rassemblé des vignes nord-américaines et locales pour faire des croisements et des greffages », rappelle M. Boyat. Sur 20 ha de parcelles, cinq souches de chaque variété de vigne sont plantées. Sous des serres, des boutures sont cultivées avec une solution nutritive : « Ce sont des plants rares, des variétés impossibles à conserver à l’extérieur ou très demandées », souligne le scientifique. Depuis 1949, année de la création du domaine, 3 400 croisements ont été réalisés et plus de 290 000 plants mis en terre. Dans un bâtiment réservé à la « microvinification », des bouteilles étiquetées « Negru Mare », « Val de Penas », « Bakouri » pour les vins rouges, ou bien « Manzoni », « Nuragus », « Gyongy Szöl ? » pour les vins blancs, s’alignent sur des étagères. « Ici, on vinifie et on déguste à titre expérimental. Ce sont des ressources génétiques, pas des grands vins », explique un technicien. Le Domaine de Vassal fait partie d’un grand projet touristique et devrait être totalement rénové, selon Martial Pelatan, directeur général de Listel, plus grand vignoble privé d’Europe et propriétaire du terrain où est implanté le domaine. Le nouvel actionnaire majoritaire de Listel, le groupe de champagne Vranken-Pommery, veut en effet faire de cet endroit un pôle écotouristique, avec circuit-découverte, centre de dégustation de vins, d’huiles et d’huîtres et bassins d’affinage. Le projet prévoit même de déplacer la route qui longe la mer pour lutter contre l’érosion de la plage.
Entre le bassin de Thau et la mer Méditerranée, s’étire un lido, un long cordon dunaire allant de Sète à Marseillan-Plage : c’est là que sont conservées 3 000 variétés de vignes, originaires de 47 pays différents, une collection unique au monde.
Le Domaine de Vassal, d’une surface de 27 ha, est une unité expérimentale de l’Institut national de la recherche...