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Actualités - OPINION

LE POINT La France Président Christian MERVILLE

Depuis le temps que les aînés en parlait… Avec quelque retard, simple problème de calendrier, la France vient d’embarquer à bord du train du siècle, le regard porté sur de nouveaux horizons, apparemment résolue à tourner le dos à des décennies de morosité. Que les deux chefs qui lui ont redonné un goût de vivre que l’on croyait à jamais perdu soient des quinquagénaires n’a rien d’étonnant. Par contre, ce qui l’est, c’est la résistance dont continue de faire preuve cette notion délicieusement obsolète de « droite » et de « gauche » qui voit deux camps se battre pour les mêmes idéaux de justice et d’égalité mais avec des mots différents. Ce qui sortira du brassage opéré ces dernières semaines, nul encore n’oserait se hasarder à le prédire, même si, chez les uns comme chez les autres, on sait déjà qui seront les initiateurs des changements à venir sans encore deviner à quelles méthodes ils recourront pour les réaliser. Au soir du 6 mai, le peuple souverain a tranché : dans la querelle entre partisans du corset étatique et adeptes d’un reagano-thatchérisme gaulois, il a opté pour un libéralisme bon teint dans lequel la providence aura toujours son mot à dire. Dès lundi, le porte-parole de Nicolas Sarkozy annonçait la nature du premier train des mesures à venir : exonération des heures supplémentaires, suppression des droits de succession, réforme des modalités de l’emprunt immobilier, défiscalisation du travail des étudiants. Il est clair que pour le nouveau régime, la confiance retrouvée, le travail valorisé, une meilleure justice sociale, cela passe – nul ne songerait à contester une telle approche de la relance – par la protection du bas de laine. Voilà ! Entre la nébuleuse des promesses de Ségolène Royal et le pragmatisme de son vainqueur, il y a toute la différence qui sépare l’amateurisme du professionnalisme. D’un côté les bons sentiments d’une Mère Teresa reconvertie à la res publique, de l’autre la vision d’un politique se découvrant supercomptable des deniers de la nation et gendarme de leur sécurité. Ici une femme qui a voulu, sans grande expérience, jouer perso, sans filet de protection, dans la cour des « grands » ; là un homme qui a longuement mûri sa conquête du pouvoir, reconnaissant en toute honnêteté que la présidentielle, il y pense « et pas seulement en me rasant », après avoir promis à Cecilia de gravir avec elle les marches conduisant au perron de l’Élysée. Sans doute la madone du PS crânait-elle dimanche soir en lançant sa nouvelle OPA sur le parti en prévision des législatives des 10-16 juin. Elle n’aura réussi qu’à s’attirer un jugement des plus sévères (une condamnation sans appel ?) de ces « éléphants » trop longtemps forcés par ses soins à prendre des bains de boue. Dominique Strauss-Kahn : « Quand au bout du compte on n’est pas clair sur ce qu’on leur dit, les Français ne peuvent pas suivre. » Laurent Fabius : « Le drapeau de la gauche est à terre. » DSK encore, impitoyable : « C’est au premier tour que nous avons perdu. » En fait, la bataille était perdue dès lors que Ségo avait choisi comme machine de guerre le bélier plutôt que le fleuret, jusqu’à ce duel télévisé où elle aura forcé sur l’invective, laissant à son adversaire le beau rôle. Dans les jours à venir, elle devra répondre de ses erreurs devant le tribunal socialiste et assumer à elle seule un possible lâchage par le reste de la gauche. Vae vicitis ! L’histoire retiendra que l’abracadabrantesque rafistolage de la gauche opéré dans les années soixante-dix par François Mitterrand n’aura pas résisté à l’usure du temps. Pas plus qu’aux erreurs à répétition de ses incorrigibles héritiers. N’est pas « Teflon-Blair » qui veut et aussi bien Royal que son compagnon François Hollande – la main de velours dans un gant de fer – ont prouvé que le double fond de leur chapeau n’était pas susceptible de cacher le moindre lapin. Telle est la dure loi de la politique à l’heure de la surmédiatisation. Restent deux grandes questions : Nicolas Sarkozy réussira-t-il à faire bon usage du quinquennat que le pays vient de lui offrir ? Ségolène saura-t-elle dépasser les aléas d’une candidature remportée à l’esbroufe et achevée dans la défaite, la troisième consécutive de la gauche ? Il a su trouver le ton adéquat, loin des trémolos dans la voix et des effets de manche, à l’heure où s’éveillent les banlieues, lui apportant (paradoxe des paradoxes…) l’eau dont son moulin a besoin. Elle en est encore à chercher sa voie, à oublier l’ombre du père. Elle gagnerait à faire vite si elle veut éviter le sort réservée à la chèvre de Monsieur Seguin. « Qu’on ne compte pas sur moi pour tenir un discours qui ne soit pas fidèle aux valeurs de la droite et de la gauche », disait déjà Sarkozy dès le 29 novembre 2006. Mais comment fait-il pour constamment avoir une longueur d’avance sur ses adversaires ?...
Depuis le temps que les aînés en parlait… Avec quelque retard, simple problème de calendrier, la France vient d’embarquer à bord du train du siècle, le regard porté sur de nouveaux horizons, apparemment résolue à tourner le dos à des décennies de morosité. Que les deux chefs qui lui ont redonné un goût de vivre que l’on croyait à jamais perdu soient des...