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Actualités - CHRONOLOGIE

Religion - Deux réfugiés tibétains avaient érigé le lieu de culte au sud de l’Écosse Samye Ling, le plus ancien monastère bouddhiste d’Europe, fête ses 40 ans

Près d’une rivière au pied des collines boisées dans la plaine écossaise, des yacks tout droit venus du Tibet paissent dans les champs, d’où partent des marches menant à Samye Ling, le premier et plus grand monastère bouddhiste d’Europe. Appelant les moines à la méditation matinale, l’écho de lourds gongs résonne au loin. Sur ces terres veillent deux bouddhas géants en or, l’un avec un cobra enroulé sur la tête, entourés par une fontaine et des jardins. Ce paysage de tranquillité bucolique, à quelques kilomètres du village d’Eskdalemuir au sud de l’Écosse, célèbre ses 40 années d’existence, au cours desquelles il est devenu un havre de repos pour de nombreux occidentaux. Les moines et religieuses, la tête rasée, dans leur tunique orange ou violet, se pressent sur les petites marches menant au temple, le premier bâti en Occident. Mais ils ne sont pas seuls. Des docteurs, artistes, étudiants, et parfois des célébrités viennent au temple construit en 1980, dans le respect des spécificités tibétaines. Le double toit est en forme de pagode, avec à l’intérieur un immense bouddha en or. « Ne laissez pas l’or vous aveugler quand vous entrez dans le temple. Avez-vous pris vos lunettes de soleil ? » interroge un ancien moine Josep Soller, un Espagnol. Pendant sa période religieuse, il est resté reclus du monde extérieur pendant plusieurs années, vivant dans un silence complet avec d’autres moines dans une salle du temple. « Vous entrez en retraite, les portes se ferment derrière vous et vous ne pouvez plus entendre une voix, ni savoir ce qui se passe dans le monde », dit-il. « Après cela, vous vous connaissez parfaitement. » Avant la méditation, dans la large salle à manger, le lama Yeshe Rinpoche, en charge du temple, raconte à l’AFP son histoire. « C’est mon frère qui a fondé le monastère en 1967. Nous avons quitté le Tibet en 1959. J’y retournerai cette année », explique-t-il. En 1959, deux réfugiés tibétains – Chogyam Trungpa Rinpoche et Akong Rinpoche – fuient le Tibet, après l’invasion par la Chine. Huit ans plus tard, ils échouent à la Johnstone House, un pavillon de chasse près d’Eskdalemuir. Ils décident de fonder là une communauté et la nomment Samye Ling, du nom d’un temple du Tibet. « Avant, les voisins étaient très méfiants... mais ça a changé », témoigne Joanna Mackintosh, qui vit dans le village tout proche. « Ils acceptent Samye Ling... maintenant c’est la coexistence pacifique. » Dans les années 60, l’endroit est devenu un lieu de pèlerinage, attirant des « hippies », des musiciens comme Leonard Cohen et des artistes. « Des gens du coin m’ont raconté que dans les années 60, ils voyaient parfois John Lennon et Yoko Ono se promener ici », assure Joanna Mackintosh. Mais personne au monastère ne s’en rappelle. L’histoire du lama Yeshe Rinpoche a aussi quelques accents de légende. Venu en Grande-Bretagne à 18 ans, il a vécu les expériences de tout jeune occidental : cigarettes, boissons, drogues. Il se baladait à moto et écoutait la musique de Jimi Hendrix. « C’étaient des années de fous », se rappelle une religieuse Ani Rinchen Khandro. « Mais ensuite, il a décidé de tourner une nouvelle page. » Le dalaï-lama a visité Samye Ling en deux occasions, dans les années 70 et 80. Aujourd’hui, le lama Yeshe peut être vu chaque jour, dirigeant la méditation, enseignant, ou se promenant parmi les bouddhas, les fontaines, où une pièce emplie de centaines de bougies pour la paix dans le monde. Pendant ce temps, dans le petit salon de thé, les visiteurs et les moines partagent un instant d’intimité sereine. Judith est venue suivre un cours de méditation. Éric et Lucie partent dans une retraite Tai Chi, et Anne est ici pour prendre des leçons de thangkas, les peintures sur toile tibétaines.



Près d’une rivière au pied des collines boisées dans la plaine écossaise, des yacks tout droit venus du Tibet paissent dans les champs, d’où partent des marches menant à Samye Ling, le premier et plus grand monastère bouddhiste d’Europe.

Appelant les moines à la méditation matinale, l’écho de lourds gongs résonne au loin. Sur ces terres veillent deux bouddhas géants...