Nina Jidejian à la recherche d’un Coran datant de l’époque mamelouke

Au cours des XIVe et XVe siècles, le nombre élevé des « madrassas » (écoles coraniques) fondées dans la nouvelle cité mamelouke, Tripoli, a pour objectif l’enseignement du Coran et de la loi coranique. Érigées et dotées par les gouverneurs et les notables de la ville, ces « madrassas » observent le principe d’établir et de propager la foi musulmane dans un lieu qui fut, près de deux cents ans, une citadelle croisée. L’historienne Nina Jidejian a découvert – lors de ses recherches pour son ouvrage en cours de préparation, Tripoli, à travers les âges, qui sera publié chez Aleph – qu’au cours du XIVe siècle, un Coran a été offert par l’émir Mamelouk Aytmish al-Bajasi à une madrassa créée près de Bab al-Wazir, l’une des portes de la Tripoli médiévale. Nina Jidejian écrit que « six exemplaires de ce Coran rédigé en trente volumes et dont la reliure est en cuir rehaussé d’or se trouve au Smithsonian Institution, à Washington DC (deux exemplaires), au Walters Art Museum, à Baltimore, au Beatty Collection, à Dublin, et à Paris dans l’ancienne collection H. Vever ». « Alors débute une chasse au trésor à partir du Liban. L’émir décédé en 1400 avait commandé ce Coran pour l’offrir à l’établissement religieux qu’il avait fondé et doté pour les habitants de Tripoli. Nous ne connaissons pas le nom de la “madrassa”, hélas, ni son emplacement. ». L’historienne souligne qu’« on retrouve le nom de l’émir Aytmish sur le promontoire nord-ouest de Nahr el-Kalb, sur une inscription en arabe de cinq lignes qui commémore la réparation d’un pont traversant le fleuve ». Nina Jidejian découvre aussi que l’émir portait le titre de « maréchal des armées » et de chef des émirs du sultan Malik Zahir Barquq. « Il a construit une des tours de garde qui protégeait Tripoli à cette époque contre un retour des croisés. »