MUSIQUE Retour en grande forme pour les Rita Mitsouko

De Marcia Baila à Y a d’la haine, en passant par Andy, Les histoires d’A ou C’est comme ça, les Rita Mitsouko se sont affirmés depuis 25 ans comme l’un des groupes les plus libres du paysage musical français et reviennent en grande forme avec l’album Variety, qui vient tout juste de sortir en France. Le duo, composé de la chanteuse Catherine Ringer et du guitariste Fred Chichin, n’avait pas sorti d’album studio depuis La femme trombone en 2002. Tous deux avaient publié en 2004 Les Rita Mitsouko en concert avec l’orchestre Lamoureux, enregistré en public au théâtre des Champs-Élysées à Paris et dans lequel ils interprétaient en version symphonique leurs anciens succès, ainsi que des reprises de Serge Gainsbourg, Charles Trénet, Léo Ferré ou Neil Young. Pour Variety, qui sort sous le label Because, les Rita Mitsouko ont opté pour un style pop rock simple, sobre et direct, qui fait merveille. Ce style, sans affèterie excessive, met en valeur la qualité des mélodies de Chichin (des chansons comme L’amie ennemie ou Rêverie) et magnifie la voix de cantatrice «destroy» de Catherine Ringer, pleine de puissance, d’originalité et de folie. Le titre de l’album exprime l’idée de diversité et est aussi un clin d’œil à une certaine variété de qualité dont le duo estime qu’elle appartient au passé. Car les Rita Mitsouko sont agacés par le paysage musical français actuel. « De toute façon, en France, il y a qui? Philippe Katerine, Rachid Taha et puis Étienne Daho (...). Derrière, je n’entends qu’une bande de suiveurs qui se préoccupent de préserver leur pré carré», a récemment affirmé Fred Chichin à Télérama, en déplorant n’entendre actuellement que «très peu de choses spontanées, qui jaillissent d’une vision personnelle». Les chanteurs militants comme Manu Chao ou Renaud ne trouvent pas grâce à ses yeux («Ils prennent la musique en otage pour faire du militantisme»), pas plus que le rap actuel, qui a, selon lui, dévoyé l’esprit du rap américain de la première heure. «Le rap a fait énormément de mal à la scène musicale française. C’est une véritable catastrophe, un gouffre culturel. La pauvreté de l’idéologie que ça véhicule : la violence, le racisme anti-Blancs, anti-occidental, anti-femmes... C’est affreux», a déclaré Chichin à Télérama. Trois des douze chansons de Variety sont en anglais, dont Terminal Beauty, duo inattendu entre Catherine Ringer et Serj Tankian, le chanteur de l’excellent groupe de métal californien System of a Down, à la voix aussi théâtrale que la sienne. En outre, une version du disque intégralement en anglais sortira à l’international fin juin. Paul RICARD (AFP)