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La communauté orthodoxe du pays compte environ 200 moines En Érythrée, un monastère vieux de 600 ans tente de résister aux « persécutions religieuses »

Dans un monastère vieux de plus de six cents ans à l’est de l’Érythrée, des moines orthodoxes tentent de rester à l’écart des pressions dans ce pays de la Corne de l’Afrique où la religion est un sujet politiquement très sensible. «La vie ici est simple », confie à l’AFP sous le couvert de l’anonymat un moine veilleur de nuit, enveloppé dans une couverture blanche. « Nous consacrons notre temps à la prière, à Dieu. Cela nous occupe tout le temps, nous sommes heureux et en paix », lance-t-il par une nuit de clair de lune. Perché sur une montagne rocailleuse de 2 400 mètres, le monastère domine la petite ville de Nefasit, à environ 20 km à l’est de la capitale érythréenne Asmara. Cette communauté orthodoxe, qui compte environ 200 moines, suit un mode de vie austère dans ce monastère construit en 1368, accessible seulement par un chemin escarpé après deux heures de marche. L’Érythrée accepte et reconnaît quatre religions : orthodoxe, catholique, musulmane et l’Église évangélique d’Érythrée. En vertu d’un décret du gouvernement érythréen, paru en mai 2002, tous les autres groupes doivent se faire enregistrer auprès des autorités et cesser toute activité tant qu’ils ne sont pas autorisés. La population érythréenne, qui compte environ 4,2 millions de personnes, est divisée de façon égale entre musulmans et chrétiens. Parmi les chrétiens, les orthodoxes sont majoritaires. Des organisations des droits de l’homme et les États-Unis notamment accusent régulièrement les autorités érythréennes de persécutions religieuses, ce que dément Asmara. En janvier 2006, le patriarche de l’Église orthodoxe en Érythrée, Abune Antonios, a été démis de ses fonctions par son synode. Le ministère érythréen de l’Information avait alors démenti que le synode eut agi en raison de pression gouvernementale. Amnesty International a également dénoncé à plusieurs reprises ces dernières années les « persécutions religieuses » perpétrées selon l’organisation en Érythrée, et affirmé que M. Abune avait été congédié à cause des critiques qu’il aurait formulées sur les ingérences supposées de l’État érythréen dans les affaires de son église. Selon Amnesty, Abune Antonios est assigné à résidence depuis janvier. En mars 2007, les États-Unis ont ajouté l’Érythrée à leur liste des pires violateurs des droits de l’homme. « Le gouvernement érythréen reste l’un des plus répressifs de l’Afrique subsaharienne et son bilan en terme des droits de l’homme s’est aggravé en 2006 », souligne le rapport annuel sur les droits de l’homme du département d’État, qui critique « la violation grave et continue par le gouvernement (d’Asmara) de la liberté religieuse ». Asmara a vivement réfuté les accusations de ce rapport, les qualifiant d’« inventions » et de « complots puérils des colonialistes ». En apparence, ces troubles ne perturbent pas la quiétude du monastère de Debre Bizen, où les moines affirment ne pas être au courant de ces informations. « Je ne veux pas parler de ça, je ne sais rien à ce sujet », déclare sur un ton inquiet un jeune moine. Dans une salle à manger sobrement décorée des portraits de chefs spirituels de l’Église orthodoxe, plusieurs moines préparent un dîner frugal. « L’Érythrée a souffert et combattu pendant plusieurs années pour être libre », lâche un moine en déposant sur la table l’« injera » (sorte de grande crêpe préparé avec de la farine de « teff »). « Il y a eu beaucoup d’épreuves, mais le monastère n’a jamais fermé. La vie est toujours difficile, mais l’Église poursuit son chemin », conclut-il.
Dans un monastère vieux de plus de six cents ans à l’est de l’Érythrée, des moines orthodoxes tentent de rester à l’écart des pressions dans ce pays de la Corne de l’Afrique où la religion est un sujet politiquement très sensible.
«La vie ici est simple », confie à l’AFP sous le couvert de l’anonymat un moine veilleur de nuit, enveloppé dans une couverture blanche....