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MOMENTS INSOLITES - Bienvenu à un casino royal très virtuel où la tenue de soirée n’est pas de rigueur Le poker se libère enfin de toutes ses contraintes Carla HENOUD

Certains l’aiment pour le goût du risque, la mise, l’enchère, le parfum de la pièce, le bruit des jetons, l’odeur de l’argent et le goût du pouvoir. D’autres pour le bluff, le rituel qui l’entoure. Ou pour le jeu, tout simplement. Autrefois, à ses débuts il y a deux siècles, le poker était exclusivement masculin. Au fil des décennies, les femmes y ont occupé une place de plus en plus importante, pour en représenter, au Liban déjà, plus de la moitié des joueurs ! Interdit au moins de dix-huit ans ? Peut-être, mais pas sur Internet… Le poker on-line, une vraie révolution. 1823. Arizona. Fin de journée. Un saloon au milieu de la ville. La salle est noyée de fumée. Les joueurs, cinq bandits dont la photo occupe tous les murs sous la rubrique « Hors-la-loi », une barbe de plusieurs jours qui leur donne des airs de vrais méchants, le cigare mâchouillé jusqu’au bout, la poussière collée à leurs éperons. Le plus vilain annonce la couleur, d’un ton menaçant : « Je double la mise »... Le revolver à la taille, un air de Ennio Morricone en écho, la partie de poker a longtemps pris des allures de western. 2007. Beyrouth. La salle est silencieuse. Des notes de jazz s’échappent d’un I-pod suspendu à ses oreilles. Le joueur, un jeune adolescent de 17 ans, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur, joue contre des fantômes. Des concurrents dont il ignore tout, sauf la manière de procéder, qu’il devine, puis devance. Des heures que ça dure. Entre les deux dates que tout sépare, un jeu, qui a évolué avec les années, se débarrasse des clichés classiques pour une palette de versions à tous les budgets ! Nouvelle génération Le poker n’est plus ce qu’il était. Et personne ne s’en plaint. Pour les traditionnels, le jeu se fait toujours « comme avant », autour d’une table. Avec ses habitudes, ses grigris, ses horaires fixes et ses accros. Pour les autres, le jeu s’est libéré, offrant des dizaines de possibilités. Des variantes dont de nombreuses personnalités du show-business se font les parfaits ambassadeurs. À leur tête le champion du monde de poker classique, Patrick Bruel, qui commente le World Tour sur Canal + tous les samedis et a sorti un DVD intitulé Poker Coach. Sur Internet, à la télévision, le monde entier est branché poker. Et le Liban a suivi, bien évidemment... Le champion du World Series of Poker 2005 est… un Libanais vivant en Australie. Joe Hashem, qui était chiropracteur, a également remporté, outre les millions de dollars, le World Poker Tour 5 Diamond Classic Event. C’est Joyce Fayad, un vrai « joueur » – elle a fait de sa passion un métier –, qui nous a donné toutes ces indications. Dans sa boutique envahie de jeux de société et autres accessoires pour joueurs invétérés, elle connaît les règles de jeu de chaque boîte mise en vente. Normal, à deux ans, elle jouait déjà avec les jetons ! « Il y a, précise-t-elle, deux types de joueurs : le vrai, celui qui aime le jeu pour le jeu, qui, accessoirement, irait au casino pour le seul plaisir de jouer. Et les autres… » « Le poker classique, poursuit-elle, a toujours existé au Liban. Surtout depuis que certains de nos compatriotes ont vécu dans les pays arabes. Nous n’avons pas de clubs officiels de poker, d’ailleurs il est normalement interdit de jouer pour de l’argent. Mais la ville est truffée de clubs officieux. » Le nombre de joueurs a grandi, ici et dans le monde entier, grâce, ou à cause, de la télévision, d’abord, qui diffuse, sur ses nombreuses chaînes des tournois de poker. Et puis, il y a le phénomène Internet… « Le jeu y est très différent. Il n’y a plus le plaisir de bluffer, de deviner le regard de son partenaire, de saisir sa tension. Mais c’est également prenant de jouer contre un inconnu, dont on ne saura jamais rien. De saisir son âge, son métier. De jouer chez soi, sans permission, au budget qui convient à chacun, sans avoir à s’habiller, sortir et se déplacer. Certaines parties peuvent ainsi durer, sans se faire sentir, plus de huit heures d’affilée ! » Mode d’emploi Les sites qui proposent des parties de poker sur Internet se calculent par milliers. La France, pourtant, annonce que le jeu en ligne va bientôt y être interdit. Poker stars, Pacific Poker, Prime poker, Party Poker et tant d’autres…On y joue les nouvelles versions du poker : le Omaha, le 7-Stud, Aviation ou, le plus connu aux États-Unis, le Texas Hold’em… Pour commencer, les joueurs faisaient des parties en ligne pour faire passer le temps, entre deux rendez-vous ou en attendant l’incontournable partie du samedi soir. Petit à petit, de nouvelles habitudes se sont installées : allumer son PC, choisir un site, récupérer un logiciel de poker, préférer une salle de jeu, une table, un « seat ». Désigner l’enjeu et le type de jeu en pianotant sur son clavier et commencer ainsi, facilement, une partie. Les autres aspects de ce nouveau plaisir consistent à jouer sans saisir les cartes en main, faire de nouvelles connaissances, occuper les « salles » on-line, utiliser un nouveau lexique… Actuellement, la grande majorité des joueurs on-line n’a jamais joué au poker classique. Beaucoup sont mineurs et n’ont besoin d’aucune autorisation pour participer à une partie. Certains, dit-on dans ces milieux bien informés, jouent seuls et finissent par avoir des tics, des mauvaises habitudes, un manque de contrôle qui ne se passe jamais sur une table de jeux. Mais, d’autre part, des compétitions s’organisent dans le monde, auquel il est aisé de prendre part, sans avoir à faire le voyage. Les joueurs se disputent en tout « fair-play » de gros enjeux et des titres prestigieux. « Le vrai pokeriste, souligne Joyce, elle-même vraie pokeriste, ne peut se contenter de jouer sur Internet. Il a besoin de son rituel, de sa partie, de ses partenaires et de ses superstitions. Tous ces détails qui font également partie du plaisir et qui font d’une partie un moment privilégié… » « Le poker d’aujourd’hui, conclut-elle, est un nouveau rêve pour des milliers de personnes, au Liban comme ailleurs. Les joueurs achètent des livres, apprennent, s’exercent pour pouvoir participer aux tournois et devenir, un jour, un champion. Ils pourront ainsi empocher des millions et mener la vie de château. Un champion de poker actuel peut gagner beaucoup plus d’argent qu’un champion de tennis. Je dirais que c’est le sport le plus lucratif des temps modernes ! »
Certains l’aiment pour le goût du risque, la mise, l’enchère, le parfum de la pièce, le bruit des jetons, l’odeur de l’argent et le goût du pouvoir. D’autres pour le bluff, le rituel qui l’entoure. Ou pour le jeu, tout simplement. Autrefois, à ses débuts il y a deux siècles, le poker était exclusivement masculin. Au fil des décennies, les femmes y ont occupé une place de...