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Actualités - CHRONOLOGIE

RESSOURCES - Le déficit en eau potable est de 690 millions de m3 et risque de s’aggraver encore Fadi Comair : « Les fonds alloués à la construction des barrages sont déviés à des fins électorales » May MAKAREM

L’eau est aussi nécessaire à l’homme que l’air. Or, le danger de pénuries menace le Liban. Le déficit dans l’alimentation en eau potable durant la période de sécheresse est de 690 millions de mètres cubes actuellement, et le réchauffement climatique risque d’aggraver la sécheresse et entraîner un déficit de 802 millions de mètres cubes. En l’an 2015, le pays aura des besoins en eau supérieurs aux quantités dont il dispose. Et que font les Libanais ? Ils continuent de surexploiter les nappes phréatiques en creusant des puits artésiens dont le nombre est estimé à quelque 300 000, à ce jour. Les grands projets de barrages et lacs collinaires qui figurent dans le plan décennal (2001-2010) élaboré en 1999 n’ont pas été exécutés ou sont encore en chantier. Aussi, la plus grande partie de l’eau de pluie se perd dans la mer. La majeure partie des précipitations reste aujourd’hui inutilisée au Liban pour divers motifs : les phénomènes d’évapotranspiration, l’écoulement vers les pays limitrophes et vers la mer d’une partie des eaux de surface et eaux souterraines, l’inexistence de stations de traitement des eaux usées, le recours à des moyens d’irrigation obsolètes, la contamination du fait de l’usage excessif des pesticides et de fertilisants, et la pollution industrielle. L’exploitation illégale de l’eau souterraine est également une cause de pertes. Sur les 300 000 forages individuels et collectifs, « 50 000 sont légaux ». « Les permis ont été délivrés suivant des restrictions énormes, imposant d’être loin d’une source d’eau sur un rayon de 1 000 mètres pour éviter à cette source de se tarir », indique M. Fadi Comair, directeur général des Ressources hydrauliques et électriques, ajoutant que le reste des puits artésiens a été creusé durant la guerre (1975-1990), donc à une époque où l’État ne contrôlait pas le pays. Comair rappelle par ailleurs que conscient de l’urgence de rationaliser la gestion de l’eau, le gouvernement libanais avait élaboré en 1999 une stratégie décennale visant à éviter le gaspillage des ressources en eau, à assurer des ressources supplémentaires par le stockage et la recherche de nappes aquifères, et à exécuter des projets de traitement des eaux usées afin que celles-ci soient utilisées pour l’irrigation. Le coût de cette loi-programme votée en 2000 s’élève à deux milliards de dollars. « Mais le budget n’a pas été honoré. Il a été dévié par les politiques vers des projets non planifiés, non durables, uniquement exploités à des fins politiques, pour des élections municipales ou parlementaires, pour montrer au citoyen qu’on construit des réseaux, qu’on y travaille, qu’on s’occupe de son bien-être, etc. D’énormes sommes d’argent ont été ainsi investies ». Comair donne à titre d’exemple les travaux de réseaux de distribution qui ne sont connectés à aucune source, c’est-à-dire que « le complément en ressources n’est pas assuré puisque le réseau est vide. Évidemment qu’il n’y a pas d’eau ! L’exode qui a suivi la guerre de 1975 a créé de nouvelles agglomérations où la population est dense et les besoins importants. Or les ressources qui alimentent ces agglomérations sont les mêmes depuis 1960, et elles ne peuvent desservir une population qui, elle, a augmenté en nombre. C’est pour cela que les gens se plaignent du manque d’eau ». Des projets gelés La stratégie planifiée sur dix ans (2001-2010) prévoyait l’aménagement de trente barrages et lacs artificiels dans les différents mohafazats, à Azounieh (Chouf), Brifa (Liban-Nord), Yammouneh (Békaa-Nord), Bisri (Saïda) et Bekaata (Metn), pour stocker les eaux de surface et recharger ensuite la nappe phréatique. « Ces projets ont été budgétisés, mais n’ont pas été exécutés parce que les politiciens n’ont pas honoré les fonds que le Conseil des ministres et le Parlement nous ont alloués », explique Fadi Comair, soulignant que « le projet de Kaïsamani à Dahr el-Baïdar a été adjugé, puis, sans raison, gelé par le Conseil des ministres !  ». Les travaux sur le Assi (stockage de 27 millions de m3, avec une centrale électrique de 50 millions de m3) ont été interrompus car « l’entreprise chinoise responsable de la construction de l’ouvrage a quitté le Liban ». Le barrage de Brissa est en cours de construction, « le CDR est chargé de son exécution ». L’aménagement de Chabrouh qui va alimenter les régions du Kesrouan et du Metn avait débuté en août 2002, et il est presque terminé. Il reste à entreprendre les travaux d’étanchéité, une opération qui doit se dérouler à une température adéquate et par conséquent au mois d’août prochain, indique Comair. Construit par un consortium franco-libanais, le barrage permettra d’emmagasiner un volume d’eau annuel moyen de huit millions de mètres cubes d’eau, soit 60 000 m3/jour.
L’eau est aussi nécessaire à l’homme que l’air. Or, le danger de pénuries menace le Liban. Le déficit dans l’alimentation en eau potable durant la période de sécheresse est de 690 millions de mètres cubes actuellement, et le réchauffement climatique risque d’aggraver la sécheresse et entraîner un déficit de 802 millions de mètres cubes. En l’an 2015, le pays aura des...