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Société - Des associations exigent l’effacement de la confession pour prévenir les violences La religion sur la carte d’identité contestée en Indonésie

La religion est une mention obligatoire de la carte d’identité indonésienne. Des voix exigent pourtant son effacement, au nom de la liberté et pour prévenir les violences. L’Indonésie ne reconnaît officiellement que six religions : l’islam, le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, l’hindouisme et le confucianisme. La loi impose d’avoir une de ces religions marquée sur sa carte d’identité. Aujourd’hui encore, le simple fait d’être « reconnu » comme appartenant à telle religion, en particulier celles minoritaires, peut être source de danger. « Des personnes sont tuées dans des conflits sectaires car la religion est mentionnée sur les cartes », a affirmé à l’AFP Maya Safira, du Mouvement pour l’intégration nationale, une ONG basée à Djakarta. Les murs du local de cette association sont tapissés de symboles des différentes religions, pour illustrer la tolérance au nom de laquelle elle milite pour une carte d’identité « religieusement anonyme ». L’Indonésie, plus grand pays musulman du monde, compte de 85 à 90 % de ses habitants qui se réclament de l’islam et le pratiquent de façon modérée dans leur immense majorité. Mais, dans certaines régions, les tensions interconfessionnelles sont vives, en particulier dans l’archipel des Moluques et sur l’île de Célèbes (également appelée Sulawesi). Le 21 mars dernier, trois islamistes ont été condamnés à des peines de 14 à 20 ans de prison pour avoir décapité trois lycéennes chrétiennes, « coupables » seulement d’appartenir à une religion qu’ils haïssaient. Des villes indonésiennes restent en outre divisées en quartiers chrétiens ou musulmans. « Nous sommes préoccupés par ces fractures », déclare Mme Safira, dont le combat est partagé par d’autres organisations et des intellectuels, parmi lesquels l’ex-président Abdurrahman Wahid, surnommé Gus Dur. « L’islam n’interdit pas de supprimer la religion des cartes d’identité », a-t-il affirmé à l’AFP. « Cette question est importante car elle pourrait permettre de sauver des vies dans les conflits religieux. » Yudanegara a perdu son frère dans les violences qui ont enflammé en 1999 les Moluques, opposant chrétiens et musulmans et ayant débouché sur 5 000 morts. « Au bureau de mon frère, entre cinquante et soixante personnes ont été brûlées vives, enfermées dans une pièce », a-t-il relaté à l’AFP. « Mon frère était hindouiste, il n’avait rien à voir avec les deux religions qui se confrontaient, mais il en a été pourtant victime. » Selon Suma Mihardja, de l’ONG LBH Rakyat, les personnes pratiquant une religion autre que les six officielles sont de fait privées de documents officiels tels que les certificats de naissance, de mariage, de décès ou de résidence. Pour éviter les soucis, de nombreux Indonésiens non musulmans choisissent donc la mention « islam » sur leur carte. La réforme de la carte d’identité indonésienne n’est pas pour demain. Le ministre des Affaires religieuses, Mohammad Maftuh Basyuni, a soutenu que la mention obligatoire, loin de diviser, pouvait favoriser l’harmonie entre les différents croyants. Il a ajouté que cela permettait aussi de vérifier si un citoyen pratiquait correctement sa foi. Din Syamsuddin, président de la Muhammadiyah, deuxième plus importante organisation islamique d’Indonésie, a, lui, assuré que les conflits confessionnels étaient suscités par les inégalités sociales et économiques, plutôt que par la carte d’identité. Au sujet des pays qui ont interdit la mention religieuse sur les papiers officiels, il a estimé : « Nous n’avons pas besoin de les imiter. »


La religion est une mention obligatoire de la carte d’identité indonésienne. Des voix exigent pourtant son effacement, au nom de la liberté et pour prévenir les violences.
L’Indonésie ne reconnaît officiellement que six religions : l’islam, le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, l’hindouisme et le confucianisme. La loi impose d’avoir une de ces...