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Le premier est un colon israélien ultraorthodoxe, le second un Palestinien de Ramallah Boikutt et Jew Da, rappeurs combattants

L’un écrit ses rimes sur les bancs d’une école talmudique. L’autre compose ses rythmes à l’ombre du mur de séparation. Tout divise Jew Da, un colon israélien ultraorthodoxe, et Boikutt, un Palestinien de Ramallah. Excepté leur passion commune : le rap. Pour ces deux artistes, le hip hop est une arme. Jew Da, de son vrai nom Amnon Arama, 30 ans, s’en sert pour « rapprocher les gens de Dieu ». Boikutt, alias Jad Abbas, 20 ans, l’utilise pour « résister à l’occupation ». Jew Da fait figure d’ovni dans le paysage hip hop israélien. Se décrivant comme un « combattant des temps modernes », il est habillé en « gangsta » américain, version juif religieux : jean large tombant sur une paire de Nike, tee-shirt des Miami Heat, l’équipe de basket de sa ville d’origine qui recouvre son châle de prière, et kippa noire sous sa casquette blanche. Dans son ancienne vie, aux États-Unis, il rappait dans des soirées qu’il organisait sur les plages de Floride en louant dans ses morceaux « les fêtes » et « les filles », dans la plus pure tradition du rap américain. La drogue aussi, avoue-t-il lors d’une interview accordée à l’AFP, à demi-mots. Arrivé il y a sept mois en Israël, il vit désormais dans une colonie en Cisjordanie, El Ad, et étudie la Torah et le Talmud dans une yeshiva, une école talmudique. « Ma musique enseigne aux gens à se rapprocher de Dieu. Mon message, c’est la rédemption » car « le monde est sur le point de se transformer radicalement, il va devenir religieux », déclame-t-il dans un studio de la banlieue de Tel-Aviv, où il enregistre son premier album. Jew Da ne voit aucune contradiction entre son rap – influencé par des artistes américains comme Eminem, Dr Dre ou les Beastie Boys – et la religion qu’il prêche maintenant. « Mon rabbin m’a dit : tout ce que tu as fait avant, injecte le dans ta nouvelle vie spirituelle. J’ai transformé les ténèbres en lumière. » S’il se défend de diffuser un « message politique », il estime que « tout se réglera si les gens retournent à la religion ». La foi, solution au conflit israélo-palestinien ? « Vous voulez savoir ce que j’en pense ? » demande-t-il. « La Torah dit que cette terre est la nôtre. Je ne souhaite pas d’État palestinien en Eretz Israël (le grand Israël). » « Chaque fois que nous avons rendu plus de terres, le sang des juifs a coulé. Ce que nous avons, nous ne devons pas le rendre », insiste-t-il. À Ramallah, à quelques dizaines de kilomètres d’El Ad, Jad Abbas mixe les titres de son « crew », Ramallah Underground, dans sa chambre d’étudiant, chez ses parents. Manque de moyens oblige, il les diffuse sur le site MySpace, un espace d’échanges libre et gratuit sur Internet. « Le rap est un art, mais aussi un moyen de résistance. Je parle de ce que je vois tous les jours, le mur de séparation, les barrages, les démolitions de maisons, l’occupation. Ça fait partie de ma vie », explique Jad, qui a étudié la musique pendant deux ans à Washington. « J’ai écrit par exemple une chanson intitulée Sous les ruines. C’est une dédicace à Jénine », où l’armée israélienne a mené une vaste opération en 2002. Boikutt milite, comme son nom l’indique, pour le boycott économique d’Israël car, dit-il, le « monde entier vit de l’argent ». « On n’est pas obligé de se faire exploser. On peut résister autrement », lâche le jeune homme. Mais dans une société encline à dénigrer le hip hop, vu comme le fruit de la culture occidentale, être rappeur et palestinien demande de l’obstination. « Il existe un certain respect, mais en même temps ce n’est pas trop accepté », regrette Jad. Avec une « scène musicale hip hop » inexistante à Ramallah, sans « soutien financier » ni magasins pour vendre ses disques, le rappeur et son groupe tentent de s’exporter à l’étranger, et notamment dans le monde arabe. Après des concerts à Londres, Lausanne ou Amsterdam, il se produira au Caire, en juin, et à Amman, en juillet. « Les Égyptiens m’ont dit que je ne pouvais pas aborder de sujets politiques. Mais le hip hop est une musique de la rue, faite pour dénoncer et parler politique. »
L’un écrit ses rimes sur les bancs d’une école talmudique. L’autre compose ses rythmes à l’ombre du mur de séparation. Tout divise Jew Da, un colon israélien ultraorthodoxe, et Boikutt, un Palestinien de Ramallah. Excepté leur passion commune : le rap.


Pour ces deux artistes, le hip hop est une arme. Jew Da, de son vrai nom Amnon Arama, 30 ans, s’en sert pour «...