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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Le contre-ténor signe son CD ce soir, à 19h, au Virgin de l’ABC Matteo chante aussi bien dans une église qu’au «Queens»…

Cela relève du conte de fées ou d’une histoire de génie phénoménale. C’est en effet phénoménal qu’à vingt-deux printemps, Matteo, un garçon à la voix de fille, passe, sans formation très précise, de la Norma de Bellini aux Noces de Figaro de Mozart en illustrant vocalement, sans coup férir, sur fond de rythmes pop, des pages de Bach, Purcell, Haendel, Giordano, Shapplin, Brightman et Sting! Oui, on pense immédiatement à Klaus Nomi, à David Daniels. Mais la réponse du turbulent «divo», qui a sacrément du tempérament, fuse sans attendre: «Je monte encore plus haut que David Daniels. Je suis un contre-ténor et non un contre-alto qui peut atteindre jusqu’au mi bémol…» Rencontre avec Matteo, un jeune homme absolument pas comme les autres, qui signe son premier CD (déjà deuxième numéro des ventes dans les bacs), édité chez Universal, aujourd’hui, à 19 heures, au Megastore Virgin de l’ABC. Matteo ne passe pas inaperçu. Sa théâtralité, entre un rien de provocant et une élégance un peu singulière, il la revendique avec véhémence. Manteau trois quarts avec col en fourrure noire sur jeans moulant et basket, avec une écharpe en motif cachemire couvrant un col largement échancré porté à même le poil. Cheveux d’ébène coupés à la Necker comme un dandy romantique, regard perçant et mobile, silhouette filiforme et sourire «ultra bright» ravageur, voilà une star montante dont la voix pourrait casser une flûte de champagne, fêler une vitre, déchirer un voile… Né à Beyrouth en 1984, en pleine guerre, d’origine gréco-libanaise, Matteo (son nom du registre civil est Matteo Mamdouh el-Khoder) a très vite compris que son personnage et sa voix sortent du rang. Dès l’âge de 9 ans, il est initié au solfège et commence des cours de piano. Ses confidences, d’une franchise totale, sont teintées d’humour: «J’étais assez mélomane pour mon âge, dit-il. À vrai dire, je ne partageais pas cette passion avec les autres, puisque c’était assez singulier de voir un môme chanter Carmen de Bizet, porter une jupe et danser le Boléro de Ravel. À douze ans, je connaissais par cœur le Magnificat de Bach, les Quatre saisons de Vivaldi, le Te Deum de Charpentier, le Requiem de Mozart…» Et ce n’est guère un hasard si «l’air des bijoux» de la Castafiore le séduit et a toutes ses faveurs vocales… Les notes de Gounod s’échappent de sa gorge: une voix de soprano avec la force de la voix d’un homme, ce n’est pas du quotidien! Et l’enfant de chœur se bat pour garder cet inestimable cadeau du ciel pour devenir un contre-ténor. Il travaille dès lors sans relâche pour améliorer ses capacités vocales, de façon autodidacte. «Chanter, c’est tout pour moi, confie-t-il. La haute contre c’est la tessiture de ma voix, je suis chanceux et c’est ma destinée.» Il traverse le temps en entamant des études d’architecture, tâte du théâtre (avec de jeunes metteurs en scènes beyrouthins), se met à la peinture et expose à Beyrouth avec succès (quand les professionnels s’acharnent à être sous les spots), mais aujourd’hui, avec l’enregistrement de cet album, le rêve, un peu à la Cendrillon, se réalise. Les propositions pleuvent. Déjà pointe à l’horizon un tour de chant pour l’Alumni Club de l’AUB à Paris, au Grand Hôtel, financé par le sultan d’Oman. «Créer, pour moi, c’est vital», dit le jeune artiste, boulimique de travail, et d’ajouter: «Je suis polyvalent et si je chante avec un air angélique dans une église, je me produis tout aussi bien au Queens des Champs-Élysées, en redingote queue-de-pie et un chapeau melon…» Fier de sa libanité et des Libanais, Matteo déclare «adorer» Beyrouth. En substance, il dit: «J’aime son côté plouc, chic, kitsch, bordélique… Ici on a la liberté de faire ce que l’on veut…» L’art lyrique revisité par un mordu de bel canto donc ce soir au Virgin. Dans un écrin inédit pour la pochette du disque, où se marient le glamour d’une soie cardinalice, la douceur d’un ruban de velours et les miroirs du baroque. Pour une voix qui joue de tous les contrastes, pour des vibratos invitant au port de tous les masques, Matteo ressuscite les grands airs du répertoire lyrique dans une subtile et dynamique version du siècle. À découvrir pour la spécificité d’une voix rare et la saveur d’un personnage fait d’enfance, de talent et d’une certaine délicieuse et extravagante fantaisie qui a pour muse la divine Callas! Un vrai programme! Edgar DAVIDIAN

Cela relève du conte de fées ou d’une histoire de génie phénoménale. C’est en effet phénoménal qu’à vingt-deux printemps, Matteo, un garçon à la voix de fille, passe, sans formation très précise, de la Norma de Bellini aux Noces de Figaro de Mozart en illustrant vocalement, sans coup férir, sur fond de rythmes pop, des pages de Bach, Purcell, Haendel, Giordano,...