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Actualités - REPORTAGE

« 30 ans de véhicules militaires », par Samer Kassis Comprendre la guerre à travers les armes lourdes des belligérants

Si le sujet de la guerre vous intéresse, s’il vous tient à cœur de mieux comprendre les années de conflits au Liban de 1975 à 2005, si vous n’êtes pas insensible aux belles photographies, si les véhicules militaires vous passionnent, le livre bilingue de Samer Kassis, 30 ans de véhicules militaires au Liban, ou 30 years of military vehicles in Lebanon, est un petit bonheur pour le lecteur et, sans doute, un ouvrage de référence pour les chercheurs. L’ouvrage s’étale sur deux cents pages et comporte huit chapitres : l’armée libanaise, les milices chrétiennes, les milices druzes et musulmanes, les Palestiniens, le Hezbollah, l’ALS, les Armées d’occupation et les troupes de paix. En tout, les véhicules d’une vingtaine d’armées et groupes armés, soit 687 photographies en couleurs, sont à découvrir. La cerise sur le gâteau est ce livret de légendes explicatives qui accompagne l’ouvrage et qui permet de comprendre les différentes batailles à travers le prisme des véhicules militaires utilisés par les belligérants. Les « fouilles » commencent en 1990 Chaque photo a son histoire. « C’est la synthèse d’un fond d’archives de milliers de photos et de quinze années de recherches », indique Samer Kassis. À treize ans, l’adolescent de Aïn el-Remmaneh qui, paradoxalement, n’a pas fait partie d’un groupe armé, découvrait les magazines militaires, Armée et Défense, al-Difah al-arabi, Guerre… Voilà un moyen pour claquer son argent de poche. C’est le début de la passion pour la maquette militaire. « À l’époque, je construisais des maquettes à l’échelle 1/72 (soit la taille d’une Matchbox), se souvient-il. Aujourd’hui, nous en sommes au 1/35 ». Il faut dire que les passionnés de maquettes militaires ne sont pas rares au Liban. Un club devrait être bientôt fondé pour les réunir. Féru d’histoire, libanaise particulièrement, Samer Kassis achève aujourd’hui un diplôme à l’Université libanaise. À Sydney, en 1987, où il était parti poursuivre des études, le jeune Libanais découvre le plus grand magasin de livres militaires d’Australie, le Napoleon’s Military Bookshop. C’est la révélation. « L’image du conflit libanais en Occident était très floue. J’ai donc décidé qu’il fallait faire un livre pour donner une image juste et meilleure », dit-il. Le périple pouvait commencer. En 1990, il commence ses « fouilles » au Liban. La source pouvait être les archives d’un journal ou celle d’un vieux photographe tenant un atelier au Liban-Sud. Samer Kassis comptait également sur ses contacts personnels avec des militaires et des combattants de tous les horizons. Le plus souvent, il fallait payer pour acquérir une photo. La meilleure source, en tout cas celle qui fait briller les yeux de l’auteur, est « la chasse sur le terrain ». « Là où il y avait le plus de tensions, c’est là où il y avait le plus de véhicules, donc plus de photos et du plaisir en plus », précise-t-il tout sourire. « Roukh mén hone ! » Exemples ? Un jour, Samer aperçoit au journal télévisé l’image d’une sorte de jeep Hummer dont la photo lui manquait. Tôt le lendemain, il va guetter sa proie à la frontière avec Israël, appareil photo en bandoulière, dans le secteur des fermes de Chebaa. Sa seule présence provoque l’arrivée d’une Hummer. Un soldat israélien en descend et pointe sa mitraillette sur le photographe. « Roukh mén hone ! » lui dit-il. Samer ne met pas une seconde pour obéir. Il avait déjà ce qu’il voulait. En juin 1999, le retrait israélien de Jezzine, et en mai 2000, le retrait de la bande occupée ont constitué une aubaine pour le chasseur d’images. Pendant plusieurs semaines, le photographe est resté au Sud à la recherche des véhicules laissés par l’armée israélienne et l’ALS. Photographier l’armée syrienne était une autre paire de manche. Kassis a souvent risqué sa peau, souvent en compagnie d’autres camarades « fous », pour obtenir des photos des véhicules syriens. Sur la route de Khaldé, un véhicule syrien de type BMP1 lui tenait particulièrement à cœur. Mais il était toujours bâché. D’expérience, le photographe savait que les Syriens avaient coutume d’enlever la bâche après une journée pluvieuse. Il a donc fallu attendre le beau temps qui a suivi des journées de pluie pour ajouter cette photo à l’album… Voilà un dernier exemple : Samer découvre dans un journal un Nagmakhon israélien, transporteur de troupes dérivé du char anglais Centurion, équipé d’une antenne télescopique surmontée d’une caméra destinée à photographier les mouvements du Hezbollah. Il part le lendemain à Bint Jbeil, à la recherche de ce Nagmakhon bien particulier… Samer Kassis nous apprend même qu’au Musée de la guerre d’octobre 1973, à Damas, des chars volés à l’armée libanaise ont été repeints et présentés comme des chars israéliens. Pourquoi ce livre ? « C’est un livre pour la mémoire, répond d’emblée l’auteur. Au Liban, presque tout le monde déteste le souvenir de la guerre. Les peuples des pays en développement détestent leur passé. Ce qui leur permet de le répéter. Ensuite, le livre donne une idée détaillée de toutes les parties au conflit et de leurs armes lourdes utilisées entre 1975 et 2005. Cela concerne autant l’armée libanaise que l’armée syrienne, la FAD, l’OLP, les Tigres du PNL, les Forces libanaises, les Kataëb, les Mourabitoun, le PSP, les Marada, le Hezbollah, la Finul, la Force multinationale… » Hasard du calendrier, 30 ans de véhicules militaires est paru le 12 juillet 2006. Il est quand même commercialisé, aujourd’hui, dans une dizaine de pays européens (dont la République d’Irlande, la Suède et l’Italie). Des livraisons se font également en Russie et au Japon. Mais il lui reste à conquérir le marché américain. À Paris et en France, le livre est vendu aux boutiques Blast Models (www.blast-models.com). À Beyrouth, il faudra se rendre à la Librairie Antoine pour l’obtenir. L’ancien commandant de la Finul, le général Pellegrini, et le chef d’un parti politique chrétien (n’ayant pas participé à la guerre civile), tout aussi passionné de chars, ont compté parmi les premiers acquéreurs de l’ouvrage. Pour davantage d’informations, visitez le site www.elitegrp.com.lb. Jad SEMAAN

Si le sujet de la guerre vous intéresse, s’il vous tient à cœur de mieux comprendre les années de conflits au Liban de 1975 à 2005, si vous n’êtes pas insensible aux belles photographies, si les véhicules militaires vous passionnent, le livre bilingue de Samer Kassis, 30 ans de véhicules militaires au Liban, ou 30 years of military vehicles in Lebanon, est un petit...