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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE - « L’histoire inconnue de Mao », Jung Chang et Jon Halliday (en arabe) Le Grand Timonier, trente et un ans plus tard…

Le temps est un miroir sans merci. Il exhume tous les mensonges. Surtout ceux des politiciens qui ont l’art du camouflage et une capacité à leurrer. Trente et un ans après la mort de Mao Tsé-Toung, que reste-t-il de l’image adulée et glorifiée d’un homme qui a changé un peuple et l’équilibre du monde? Résurrection de la pensée et de l’action d’un révolutionnaire, d’un théoricien, d’un guérillero, d’un homme d’État, du fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine, né dans la province du Hunan en 1893 et décédé à Pékin le 9 septembre 1976. Tout ce parcours semé de réussites, mais aussi de très nombreuses erreurs revit dans un ouvrage retentissant, abordant courageusement une critique virulente où tout est dit sans ménagement ni concession. Un livre volumineux, paru sous le titre Mao, the Unknown Story (Mao, l’histoire inconnue) de Jung Chang et Jon Halliday, traduit aujourd’hui en arabe par Nola Charfan et Odette Nahas Yaniyeh et édité à Dar an-Nahar (677 pages). On peut détester le riz ou la soupe Won Ton, mais on ne peut ignorer la fascination qu’exerce l’empire du Milieu sur l’humanité. Voilà, à travers la vie du Grand Timonier, ses liens avec le peuple sur lequel il s’est d’ailleurs toujours appuyé, évitant les élites traditionalistes, une histoire certes sanglante mais passionnante pour tous ceux qui cherchent à comprendre vraiment la Chine. Mais aussi pour ceux qui s’interrogent sur le destin de leur propre pays et tentent de trouver des réponses dans des régimes où la liberté demeure presque une utopie... La vie et les actions de Mao érigées en un récit palpitant comme un roman dans ces pages fourmillantes de détails. Tout en découvrant les grands pans et les dérives d’une personnalité politique peu commune qui n’a pas hésité à dominer par la terreur et la tyrannie… Le voile est levé sur le règne d’un empereur d’une forme inédite. Soixante-dix millions de victimes… Cet ouvrage audacieux est né de la collaboration de Jung Chang, née en Chine en 1952 et ancienne Garde rouge, et de Jon Halliday, historien anglais voué au culte de la vérité et de la transparence. À eux deux ils font table rase des chapelets de mensonges d’un dictateur égocentrique et remontent, lanterne de vérité à la main, le cours de l’histoire. Avec des documents inédits, nourris d’archives et d’entretiens, ce livre éclaire toute l’histoire de la Chine du XXe siècle. Une des phrases à la fois surprenantes et décevantes de l’auteur du Livre rouge: «Les gens comme nous n’ont de devoir qu’envers eux-mêmes, nous n’avons aucun devoir envers les autres… Les gens comme moi n’ont que faire des réalisations qu’ils pourront léguer aux générations futures.» Image de cruauté qui rejoint les arrogances des grands despotes allant de Néron à Hitler, en passant par Staline, Pol Pot, Pinochet et la liste serait trop longue pour évoquer les cortèges de la mort de ceux qui étaient asservis à la folie du pouvoir... Pourtant peu de chefs d’État ont été autant adulés internationalement que Mao. De Malraux à Sartre, en passant par Alain Peyrefitte (oui, le monde tremblera quand la Chine s’éveillera avec ses milliards de citoyens!) et Mitterrand, pour ne citer qu’eux. Valery Giscard d’Estaing a été jusqu’à saluer ce «phare de l’humanité»! Pourtant, Mao est responsable de l’une des plus grandes folies meurtrières de l’histoire du siècle dernier. À son actif, plus de 70 millions de victimes. Victimes de son régime totalitaire et tortionnaire sous le couvert de la «Révolution culturelle» ou du «Grand bond en avant». Cela sans parler de cette effroyable famine qui a ravagé la Chine (plus de 40 millions de personnes décimées), car blé et riz étaient envoyés aux Russes pour payer des dettes extérieures pour l’acquisition des armes… Autant de vérités amères pour Mao, qui croyait aussi en ses vertus de poète, d’écrivain (plusieurs traités de philosophie) et de calligraphe. Il est évident, pour lui «le pouvoir politique c’est le pouvoir d’opprimer les autres»… Portrait d’un homme dont l’orgueil était sans limite, qui a puisé aux sources de Confucius et de Karl Marx, mais dont les travers se sont concrétisés par des choix malencontreux. Une épopée, en dépit de l’édification d’un État, faite surtout de sang, de malheur, de torture et d’arbitraire. Même si aujourd’hui encore l’image et la dépouille de Mao dominent la place Tian’anmen. Il y a des pages sombres de l’histoire dont on ne revient toujours pas, même au nom de la grandeur d’une nation. Car la mort ne peut remplacer la vie… Et en rappel des valeurs de l’humanisme et de l’humanité, ce livre épais, torrentiel, ne laissant rien à l’ombre de la Grande Muraille, courageux et clair comme le silence des oiseaux sur le fleuve Yang-Tsé- Kiang… Edgar DAVIDIAN
Le temps est un miroir sans merci. Il exhume tous les mensonges. Surtout ceux des politiciens qui ont l’art du camouflage et une capacité à leurrer. Trente et un ans après la mort de Mao Tsé-Toung, que reste-t-il de l’image adulée et glorifiée d’un homme qui a changé un peuple et l’équilibre du monde? Résurrection de la pensée et de l’action d’un révolutionnaire,...