HUMEUR « Fly me to the Moon »

Il est venu, il a vu, mais il n’a pas vaincu les réticences des politicards libanais et, surtout, il n’a pas convaincu le Hezbollah de remettre « gentiment » ses armes à l’armée libanaise… Lui, c’est le nouveau secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui vient de rappliquer parce qu’on n’a pas encore intégralement appliqué la 1701. Fraîchement investi dans ses fonctions onusiennes, M. Ban m’a donné l’impression qu’il était plutôt dans la… lune ! J’ai eu l’impression (pourvu que je me trompe) qu’il ne savait pas tout à fait où il en était ni de quoi il en ressortait. Il est arrivé, il a souri, il a serré des mains, il a écouté, il a enquêté, il a palabré, il a déjeuné, il a dit oui avec sa tête, mais il a dit non avec son cœur et il est reparti en vadrouille, mais bredouille. Il semblait vouloir apprendre plutôt que comprendre. On aurait juré qu’il venait d’une autre planète ou d’un autre satellite. Au ministre (sans Énergie) Mohammad Fneich qui lui demandait « Comment pouvait-il appuyer un gouvernement illégitime comme celui de Fouad Siniora », il a répondu (on et off the record) : « Vous savez, je n’ai pas encore l’expérience en la matière » (propos rapportés par le journal as-Safir). C’est quand même étonnant pour un diplomate aussi chevronné que M. Ban. Pourtant, il m’a semblé beaucoup plus au courant des livraisons d’armes au Hezbollah à travers la frontière syrienne (information démentie par Élias Murr, ministre de la Défense du gouvernement de M. Siniora). Là encore, il m’a épaté. Quel contraste ! Vraiment, M. Ban, ou vous ne semblez pas connaître grand-chose au Liban, ou bien au contraire vous êtes un surdoué de l’esquive et de la manœuvre. Je reconnais qu’au Liban, et surtout en Israël, on ne vient pas pour faire la lune de miel et je sais que vous n’êtes pas venu non plus pour nous promettre la lune (heureusement, car les Libanais vous auraient pris au mot). Je suis très heureux de vous entendre dire que vous allez faire tout votre possible pour faire respecter le cessez-le-feu entre le Liban et Israël (bien que ce dernier n’ait pas cessé de jouer avec le feu autour des tourelles de votre Finul). Toutefois, vous semblez flotter sur une « lune d’eau », en ayant la certitude d’être entré dans la période de la « lune rousse ». Dans ce cas, je vous conjure de ne pas écouter les vieilles lunes de nos politicards qui polémiquent piètrement et sans arrêt, et de revenir nous voir à la pleine lune. Comme cela, on y verra mieux au clair de la lune. Pour pallier votre déception, ajustez bien vos lunettes de pointage, oubliez vos soucis, votre ONU et surtout l’honorable M. George W., et laissez-vous bercer par la célèbre chanson de Frank Sinatra Fly me to the Moon and Let me Play Among the Stars. Cela pourrait nous faire monter au septième ciel et ce serait tellement plus romantique que de martyriser vos tympans avec les mélopées grincheuses et discordantes de nos leaders (ou plutôt dealers) qui chantent tellement faux, avec un faux air d’harmonie démocratique. Et qui risquent de mettre le Liban au… ban de la société internationale. Nahi LAHOUD