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Liban-Sud - Le porte-parole de la force onusienne se félicite du fait que le retour de l’armée se soit déroulé sans incidents majeurs « Des progrès au cours des réunions tripartites à Naqoura », souligne Liam Mcdawell Patricia KHODER

Cela fait exactement vingt-neuf ans que les Casques bleus sont présents au Liban-Sud, plus précisément depuis l’adoption le 19 mars 1978 de la résolution 425 du Conseil de sécurité, votée à la suite de la première invasion israélienne, en 1978, baptisée par l’État hébreux « opération Litani ». Trois jours après l’adoption de cette résolution, les premiers soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban-Sud (Finul) – qui devait compter à cette époque 4 000 hommes – se déployaient au sud du Litani. Vingt-neuf ans plus tard – après l’invasion israélienne de 1982, plusieurs frappes et offensives contre le Liban, le retrait israélien de la bande frontalière en mai 2000, et la guerre déclenchée le 12 juillet dernier par l’opération du Hezbollah « promesse tenue » –, rien ne semble avoir changé au sud du Litani, hormis peut-être le nombre de Casques bleus… Tombés aux alentours de 2 000 hommes après l’an 2000, les effectifs de la Finul s’élèvent actuellement, après l’adoption en août dernier de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, à exactement 12 975 soldats, appartenant à trente pays. Le mandat de la force a aussi été modifié. Les Casques bleus sont là pour aider le gouvernement libanais à instaurer son autorité au Liban-Sud…Dans un entretien accordé à « L’Orient-Le Jour », le porte-parole de la Finul, Liam Mcdawell, met l’accent sur la nouvelle mission de la Finul et se félicite du fait que « l’armée libanaise soit retournée au Liban-Sud sans incidents majeurs ». M. Mcdawell évoque les réunions tripartites regroupant des officiers libanais et israéliens ainsi que des représentants de la Finul. Il met l’accent à cet égard sur les progrès enregistrés, précisant que ces réunions concernent la coordination entre la Finul et les parties en conflit. Il note que les trois dossiers actuellement sous étude lors de ces réunions sont la coordination, le retrait israélien du nord de Ghajar, et le marquage de la ligne bleue. Le porte-parole de la Finul a qualifié de « bon » le niveau de coordination entre l’armée et la Finul, soulignant qu’à l’exception du nord de Ghajar, l’armée libanaise et les soldats de la paix, environ 20 000 hommes en tout, contrôlent la région s’étendant du sud du Litani jusqu’à la ligne bleue, « une zone relativement petite et compacte ». « Avec l’armée libanaise, nous œuvrons pour que la zone soit sécurisée et sûre », dit-il. « Nous sommes en discussion avec les parties concernées pour parvenir rapidement à un retrait de l’armée israélienne du nord de Ghajar », indique M. Mcdawell, qualifiant le dossier de « sensible et sérieux ». Le porte-parole des Casques bleus met aussi l’accent sur l’augmentation du nombre de soldats de la Finul, après le cessez-le-feu du 14 août dernier, rappelant que « la résolution 1701 du Conseil de sécurité avait appelé au déploiement de 15 000 hommes et que les pays qui s’étaient engagés à envoyer des soldats au Liban avaient agi très rapidement ». « La Finul continue de grandir, nous attendons dans les mois à venir le contingent coréen, qui comptera environ 350 hommes », dit-il. « Nous sommes en train de revoir actuellement les besoins de la Finul, souligne le responsable onusien. Nous devons aider l’armée libanaise pour nous assurer qu’il n’y a pas un trafic d’armes ou des éléments armés actifs dans la zone de nos opérations. Il faut que les habitants ne soient pas mis en danger, que la ligne bleue soit respectée. » « Il faut surtout que la Finul soit crédible. Tout cela demande du personnel et des équipements et implique différents atouts et un savoir-faire », indique M. Mcdawell. Affiner et améliorer la coordination Soulignant que les Casques bleus sont « satisfaits qu’il n’y ait pas eu d’incidents importants depuis la cessation des hostilités sur la ligne bleue », il note que c’est grâce à la Finul que la fusillade qui avait éclaté en février dernier entre l’armée libanaise et l’armée israélienne des deux côtés de la ligne bleue au niveau de Maroun el-Rass n’avait pas dégénéré en une escalade. « Cet incident était important et sérieux mais il a été rapidement circonscrit, ce qui met l’accent sur l’importance de la présence de la Finul et des réunions tripartites », estime-t-il, rappelant que « si elle est rapidement prévenue, la Finul peut parler séparément aux parties en conflit ». « C’est parce que nous tenons à ce que les parties concernées aient une réponse rapide de notre part que nous essayons d’affiner et d’améliorer notre coordination avec elles », explique-t-il. Concernant toujours les réunions triparties tenues à Naqoura, le porte-parole de la Finul indique qu’elles « ne se sont jamais interrompues », qu’elles « ont lieu au moins une fois par mois. Les trois plus importants points de discussion actuellement sont le nord de Ghajar, la ligne bleue et la coordination ». Il souligne que « des progrès ont été enregistrés dans les dossiers discutés. Dans ce cadre, le plus important progrès est relatif à la coordination entre la Finul et les parties en conflit ». « Nous mettons l’accent sur la manière avec laquelle la Finul peut renforcer la coordination, d’une part avec l’armée libanaise, et d’autre part avec les forces israéliennes », explique-t-il encore. Se penchant sur le dossier de la ligne bleue, M. Mcdawell note que « le marquage de la ligne est nécessaire et important pour la sécurité dans la région, pour que les habitants sachent par exemple où se trouve cette ligne bleue et qu’il n’y ait pas de malentendu ». « Nous œuvrons pour que les parties en conflit se mettent d’accord sur les points de marquage de la ligne bleue, pour qu’il y ait un point de vue commun et pas de malentendu. Nous coopérons aussi étroitement dans ce cadre avec l’armée libanaise », poursuit-t-il. Des chasseurs À la question de savoir quelle sera la réaction de la Finul si jamais elle croise des éléments armés en civil ou en habit militaire à l’intérieur de la zone de son déploiement, M. Mcdawell indique qu’« à part l’armée libanaise, jusqu’à présent nous n’avons pas vu des militaires armés dans la zone de notre déploiement ». « De plus, il relève de la responsabilité de l’armée libanaise de prendre en charge ces individus, d’où l’importance de la coordination entre la troupe et la Finul », rappelant dans ce cadre le travail effectué par les officiers de liaison de l’armée libanaise opérant auprès des Casques bleus. Concernant l’éventualité de la présence de non-militaires en armes au sud du Litani, le porte-parole des Casques bleus indique que « c’est à l’armée libanaise de pousser plus loin ses investigations dans ce cas. Nous avons déjà eu des rapports sur des civils armés, ils n’étaient que des chasseurs ». Interrogé sur les relations entre les soldats de la paix et les habitants, notamment à la lumière des difficultés auxquelles font face sur le terrain certains contingents de la Finul, M. Mcdawell souligne que « la Finul a eu, de tout temps, de bonnes relations avec les communautés du Liban-Sud. Nous sommes confiants du fait que tel sera toujours le cas ». « Actuellement, sur le terrain, il y a des soldats qui possèdent des connaissances techniques, des ingénieurs et des démineurs par exemple. Nous essayons de communiquer aux habitants notre savoir-faire dans divers domaines. Il y a par exemple des soldats médecins ou vétérinaires, explique-t-il. Nous mettons l’accent sur les programmes humanitaires. Notre présence n’est donc pas purement militaire. Nous la complétons avec un soutien aux communautés », poursuit-il. M. Mcdawell cite dans ce cadre plusieurs exemples : « Pour les écoles qui n’ont pas d’électricité, nous avons mis en place des générateurs ou nous les avons reliées au réseau électrique. Nous avons aussi aidé à la réparation des conduites d’eau », dit-il. Projets à impact rapide Concernant le déminage, le porte-parole de la Finul explique qu’il existe deux genres de déminage effectué par les soldats de la paix : « Le déminage fonctionnel, c’est-à-dire que si les Casques bleus doivent construire un camp, effectuer des patrouilles à pied, ils ont à sécuriser le terrain et déminer la zone. Il y a aussi le déminage humanitaire destiné à aider la population. Ainsi, nous répondons à la demande des habitants qui informent les Casques bleus de l’existence des engins explosifs sur leur terre », note-t-il. Toujours sur le plan humanitaire, M. Mcdawell évoque l’aide médicale : « Les contingents italien, espagnol, belge, français, ont un nombre de soldats médecins. Les Belges ont un hôpital dans leur base de Tebnine, alors que les Italiens, les Espagnols et les Français ont des unités mobiles et se rendent régulièrement dans les villages. Il y a aussi des unités mobiles destinées aux soins dentaires. » « Dans le secteur est, où le contingent indien est déployé, une aide vétérinaire est assurée aux animaux. Le spécialiste ausculte en moyenne 700 bêtes par semaine. Il leur donne aussi des médicaments, explique aux propriétaires comment administrer des soins à un animal malade », ajoute-t-il. Toujours concernant le contingent indien, il donne des cours de langue anglaise et de yoga. Les Casques bleus sont également en charge d’une association qui fournit des membres artificiels. M. Mcdawell évoque également « les programmes linguistiques dispensés par les Espagnols (conjointement avec l’institut Cervantes dans une dizaine de villages du caza de Marjeyoun), les Italiens et les Français. Il y a aussi certains contingents qui dispensent des cours d’informatique aux habitants. Dans ce cadre, les Népalais ont mis en place un programme de trois mois destiné aux femmes de Houla ». Il y a certes une aide bilatérale, qui relève directement du pays dont le contingent est originaire. Il y a aussi l’aide financée directement par la Finul. Ainsi, depuis la cessation des hostilités, la Finul a consacré un demi-million de dollars dans le cadre des « projets à impact rapide ». « L’argent sert à la mise en place de petits projets qui ne dépassent pas les 20 000 dollars l’un et qui visent à améliorer le quotidien des habitants. Dans ce cadre, des camions bennes ont été assurés aux municipalités et des terrains de jeux ont été construits pour les enfants », conclut M. Mcdawell. Enfin, depuis qu’elle a été renforcée, la Finul a assuré des emplois à 323 Libanais. Et le recrutement se poursuit.
Cela fait exactement vingt-neuf ans que les Casques bleus sont présents au Liban-Sud, plus précisément depuis l’adoption le 19 mars 1978 de la résolution 425 du Conseil de sécurité, votée à la suite de la première invasion israélienne, en 1978, baptisée par l’État hébreux « opération Litani ». Trois jours après l’adoption de cette résolution, les premiers soldats de la...