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Actualités - REPORTAGE

Le groupe d’opposition armé iranien est inscrit sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne et du département d’État américain Les moujahidine Khalq, une « résistance » controversée

Alors que les pressions américaines s’accentuent contre l’Iran, les interrogations sur un éventuel changement du régime des mollahs se font de plus en plus actuelles. Toutefois, le problème demeure entier sur l’identité de celui ou de ceux qui pourraient prendre le relais après la chute de la République islamique, en l’absence d’une opposition interne pouvant s’imposer d’une part, et en présence d’une résistance armée extérieure controversée. Actuellement, l’Organisation des moujahidine du peuple iranien (OMPI), connue également sous l’appellation « moujahidine-e Khalq » (MEK) est le principal mouvement d’opposition armé en lutte contre le régime instauré en Iran à la suite de la Révolution islamique. Le groupe est né au milieu des années 60 en se scindant du Mouvement de libération de l’Iran (MLI). Ce dernier, créé en 1961, était opposé à la monarchie en Iran et fut violemment réprimé par le chah. La forte répression à cette époque a entraîné la radicalisation d’un groupe de jeunes militants qui se séparèrent du MLI en déclarant que « la lutte armée est une nécessité historique ». Un comité central est élu en 1966 pour diriger l’organisation. Dès qu’ils prirent connaissance de l’existence du groupe, les agents de la Savak (la police politique du chah) le dénoncèrent comme un mouvement « islamo-marxiste » ou « musulman-communiste ». Dans les années 70, les moujahidine-e Khalq prirent contact avec l’Organisation de libération de la Palestine qui entreprit de former militairement un certain nombre de leurs militants dans les camps de l’OLP en Jordanie et au Liban. Mais une majeure partie du mouvement fut arrêtée et un grand nombre de membres exécutés par le régime des Pahlavi. Les moujahidine passèrent alors à l’action et entamèrent une campagne d’attentats à la bombe visant les symboles du pouvoir. Ses membres menèrent progressivement de véritables actions de guérilla devenant, en 1975, le groupe phare de l’opposition au chah. En 1979, l’OMPI participa activement au renversement de la monarchie. Toutefois, durant les mois qui suivirent la révolution, les affrontements commencèrent à éclater entre les pasdaran khomeynistes et les moujahidine. À la répression des pasdaran, répondit la « terreur révolutionnaire » des moujahidine. Ces derniers abattirent en moyenne trois dignitaires musulmans par jour, selon certaines sources. Mais la répression des mollahs fini par avoir raison du mouvement d’opposition dont les dirigeants s’exilèrent dès 1981 et formèrent, avec l’ancien président en exil Bani Sadr et divers autres groupes, le Conseil national de la résistance, basé en France. En exil, l’organisation évolua vers une radicalisation de ses positions, accompagnée par une dérive sectaire du mouvement qui entraîna peu à peu son isolement sur la scène internationale. Ainsi, en 1997, l’OMPI fut placée sur la liste des organisations terroristes du département d’État américain. La France et de l’Union européenne le firent en 2002 à la demande de Téhéran. Une geste d’ouverture vers le président Khatami, qui était le président iranien à cette époque. Parallèlement, le nouveau régime des mollahs procéda à l’élimination de plusieurs membres du mouvement en Europe. Ce qui n’empêcha pas l’OMPI de réaliser plusieurs opérations spectaculaires en Iran. Entre-temps, les moujahidine Khalq ont poursuivi leur lutte armée à partir de l’Irak en créant l’Armée de libération nationale d’Iran. Ils menèrent ainsi des opérations militaires à partir de ce pays et rendirent un certain nombre de « services » militaires au régime de Saddam Hussein. À la fin de la guerre, en 1988, il tentèrent d’envahir l’Iran, mais subirent un cuisant échec, qui s’est soldé par la mort de milliers d’entre eux. Téhéran lança par la suite une nouvelle vague de répression ordonnant l’emprisonnement et l’exécution d’un grand nombre d’opposants dont de nombreux membres des moujahidine-e Khalq. Toutefois, quand les troupes américaines envahirent l’Irak, ils épargnèrent leurs camps qui ne furent ni bombardés ni investis. De son coté, le MEK fournit régulièrement des informations aux Américains. Dernièrement, le groupe a rendu publique une liste de plus de 30 000 noms d’Irakiens qui reçoivent un salaire de Téhéran. Pour ce mouvement qui est opposé au régime clérical de Téhéran, la force Qods de l’Iran, les forces spéciales des Gardiens de la révolution Islamique, est lourdement impliquée dans les escadrons de la mort et les milices. Ils accusent aussi le régime iranien d’être secrètement impliqué dans « l’entraînement et l’organisation de larges réseaux terroristes irakiens en Iran avant de les renvoyer en Irak ». Ils ont, en outre, par le passé divulgué à maintes reprises des informations secrètes sur le programme nucléaire iranien. Cette coopération semble présager une certaine évolution dans la politique américaine, celle de voir ce groupe d’opposition contribuer dans le futur à déstabiliser le régime iranien actuel. C’est dans ce contexte que Raymond Tanter, professeur à Georgetown et membre actif de l’Iran Policy Committee, a déclaré récemment : « Veuillez ne pas oublier la troisième voie : retirer le principal groupe d’opposition iranien des listes terroristes occidentales afin de mettre en danger la survie du régime iranien et de l’inciter à négocier sur le dossier nucléaire, sur la subversion de l’Irak et sur la déstabilisation du Liban. » Par « principal groupe d’opposition », M. Tanter faisait référence aux moujahidine-e Khalq. Déjà, plus de mille parlementaires de pays européens, dont une majorité de députés britanniques, belges et luxembourgeois ainsi que des eurodéputés, ont protesté contre cette qualification de mouvement terrorisme et ont appelé à ce qu’elle soit retirée. A. A.
Alors que les pressions américaines s’accentuent contre l’Iran, les interrogations sur un éventuel changement du régime des mollahs se font de plus en plus actuelles. Toutefois, le problème demeure entier sur l’identité de celui ou de ceux qui pourraient prendre le relais après la chute de la République islamique, en l’absence d’une opposition interne pouvant s’imposer d’une...