Rechercher
Rechercher

Actualités

« Si l’armée décide de partir, nous partirons avant elle », promet le moukhtar de Rmeich

«Nous attendons depuis quarante ans le déploiement de l’armée », indique Khalil Hajj, moukhtar de Rmeich. « Si je me sens en sécurité aujourd’hui, c’est bien parce que la troupe s’est déployée. Et si un jour l’armée libanaise décide de quitter la zone, nous partirons avant elle... pas derrière elle. Nous la devancerons. Nous avons ras le bol des guerres. Nous avons déjà donné, de 1969 à 2006. » « Au Liban-Sud, ou ailleurs, la troupe est le seul garant de notre sécurité », assure ce quinquagénaire. Khalil n’oublie pas de mentionner les Casques bleus « qui viennent de l’étranger pour préserver la paix au Liban » et qui sont en train de pourvoir des emplois aux habitants de la zone. «Il faut que ça se sache : notre village est le symbole de la résistance. À chaque guerre nos voisins s’enfuient, partent. Nous restons sur place. En juillet, les habitants de cinq autres villages se sont réfugiés chez nous. D’autres sont partis à Beyrouth. Quand on résiste, on ne porte pas un drapeau blanc pour partir ailleurs », indique le moukhtar de Rmeich. « Nous avons bu de l’eau sale, nous sommes restés sans pain. Nous avons résisté », martèle-t-il. « Le ministre Trad Hamadé avait affirmé alors que tout le monde s’était réfugié chez nous, que les Israéliens n’ont pas bombardé Rmeich parce que le village était chrétien. Il se trompe, ce n’est pas pour ça… Que Trad Hamadé et les autres se souviennent que les Israéliens avaient interdit en juillet et août derniers à la Croix-Rouge et aux organismes humanitaires de l’ONU d’entrer à Rmeich durant 34 jours de conflit », s’insurge-t-il. Soulignant que « les Israéliens sont nos pires ennemis », il ajoute : « En 1948, le jeune État d’Israël avait grignoté des centaines de dounoums de nos terrains agricoles. Ces terres n’ont jamais été restituées. De plus, en 1982, trois zones proches de la frontière, utilisées pour l’agriculture, ont été plantées de mines antipersonnel. Et jusqu’à présent personne n’a déminé ces secteurs. » Choisissant ses termes, le moukhtar indique également : « Si Rmeich n’a pas été bombardé, c’est parce que la configuration de nos terrains empêche les combattants de se réfugier chez nous. » Khalil parle de la guerre, de son petit fils qui a refusé de manger un potage, parce qu’il n’y avait plus de pain. « Ma femme a frappé à la porte d’une quinzaine de maisons. Personne n’avait du pain… Les fumeurs avaient un autre problème… Ils ont fini par enrouler les feuilles de tabac des terrains agricoles dans du papier ordinaire », raconte-t-il. Le moukhtar se rappelle quand il branchait la nuit la télévision sur la batterie de la voiture pour regarder les nouvelles et comment la famille, réfugiée dans la cage d’escalier, s’éclairait à la lueur de la bougie. « De l’une des fenêtres de ma maison, je voyais la colonie israélienne d’en face. Leurs rues étaient éclairées et les habitants étaient réfugiés dans de vrais abris, ils avaient de quoi manger, du ravitaillement… Alors que nous, nous sommes retournés 200 ans en arrière, sans eau, sans électricité, sans carburant, et sans pain. » Pat.K.
«Nous attendons depuis quarante ans le déploiement de l’armée », indique Khalil Hajj, moukhtar de Rmeich. « Si je me sens en sécurité aujourd’hui, c’est bien parce que la troupe s’est déployée. Et si un jour l’armée libanaise décide de quitter la zone, nous partirons avant elle... pas derrière elle. Nous la devancerons. Nous avons ras le bol des guerres. Nous avons déjà...