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Intervention du directeur du « Monde diplomatique » dans le cadre d’un séminaire sur la mondialisation à la NDU « Le poids des multinationales l’emporte parfois sur celui des États », souligne Ignacio Ramonet

Dans le cadre du séminaire tenu à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), sur le thème « La citoyenneté, entre identité et mondialisation », Ignacio Ramonet, directeur du « Monde diplomatique », professeur à l’université Paris VII et président d’honneur d’Attac, a signalé que la mondialisation a dépouillé le citoyen de ses indispensables repères culturels, a tué le marché national, a modifié le capitalisme national, diminué le rôle des pouvoirs publics et remis en cause des concepts comme l’État-nation, la souveraineté, la démocratie et la citoyenneté. En favorisant le libre flux de capitaux et les privatisations massives, les responsables politiques ont permis le transfert de décisions (en matière d’investissement, d’emploi, de santé, d’éducation, de culture, de protection de l’environnement) de la sphère publique à la sphère privée. Or celle-ci est de plus en plus déconnectée du social et refuse d’assumer les conséquences (chômage, paupérisation, exclusions, fracture) provoquées par l’adoption du dogme de la mondialisation. « Les fonds privés des marchés financiers tiennent désormais en leur pouvoir le destin de nombreux pays. Et dans une certaine mesure, le sort économique du monde », a indiqué le conférencier, soulignant que ce nouveau paysage politico-économique a instauré une rupture entre l’intérêt de l’entreprise et l’intérêt de la collectivité, entre la logique du marché et celle de la démocratie. Un « nouveau colonialisme » s’installe, soumettant les citoyens à un diktat unique : « S’adapter. Abdiquer de toute volonté, pour mieux obéir aux injonctions anonymes des marchés financiers. La mondialisation constitue l’aboutissement ultime de l’économisme : construire un homme “mondial”, vidé de culture, de sens et de conscience de l’autre. » Et ce n’est pas tout. La globalisation impose l’idéologie néolibérale à une planète qui connaît toute sorte d’affrontements : « Le marché contre l’État. Le marché cherchant sans cesse à élargir son périmètre d’intervention aux dépens de celui de l’État ; le privé contre le public, l’individu contre la collectivité, les égoïsmes contre les solidarités », a affirme le directeur du Monde diplomatique, révélant que, selon les libéraux, une société peut vivre sans démocratie mais ne peut vivre sans marché. Placée « au poste de commandement », l’économie tend de plus en plus à devenir totalitaire. « Les hommes politiques sont désormais sous le contrôle des marchés financiers. » Sur les 200 premières économies du monde, plus de la moitié sont des entreprises privées. Alors qu’elles se comptaient en centaines dans les années 70, le nombre des sociétés multinationales frôle actuellement les 40 000... « Le poids des firmes géantes l’emporte parfois sur celui des États », souligne Ignacio Ramonet, ajoutant que le chiffre d’affaires de General Motors est supérieur au PIB du Danemark et celui d’ExxonMobil dépasse le PIB de l’Autriche. Les 23 entreprises les plus puissantes vendent plus que certains géants du Sud comme l’Inde, le Brésil, l’Indonésie ou le Mexique. Ces grandes firmes contrôlent 70 % du commerce mondial et détiennent au-delà des apparences la réalité du pouvoir. « Par le biais de leurs puissants lobbies, les dirigeants de ces entreprises ainsi que ceux des grands groupes financiers et médiatiques pèsent de tout leur poids sur les décisions politiques, ajoute Ignacio Ramonet. Ils confisquent à leur profit la démocratie. Les inégalités sont devenues l’une des grandes caractéristiques structurelles de l’ère de la mondialisation. Des individus sont désormais plus riches que des États : le patrimoine des 15 personnes les plus fortunées dépasse le PIB total de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. » Les recours démocratiques semblent désormais impuissants à corriger les nuisances des marchés financiers. Même la gestion de la pauvreté a été transférée vers les ONG, donc privatisée. M.M.
Dans le cadre du séminaire tenu à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), sur le thème « La citoyenneté, entre identité et mondialisation », Ignacio Ramonet, directeur du « Monde diplomatique », professeur à l’université Paris VII et président d’honneur d’Attac, a signalé que la mondialisation a dépouillé le citoyen de ses indispensables repères culturels, a tué le...