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Actualités - OPINION

Un vainqueur et un vaincu

Messieurs de la majorité, vous avez tous les pouvoirs de par la règle démocratique. Vous avez été élus démocratiquement, vous avez la majorité absolue au Parlement, vous bénéficiez d’un très large appui populaire et du soutien inconditionnel de l’ONU, celui aussi de la Ligue arabe et des grandes puissances occidentales et régionales. Qu’attendez-vous pour agir ? Pensez-vous que si elle avait bénéficié des mêmes soutiens, l’opposition aurait attendu pour passer à l’acte ? De quoi avez-vous peur ? D’une division du pays ? D’un effritement de l’armée ? D’un deuxième gouvernement ? Dans les moments difficiles d’une nation, des hommes exceptionnels se distinguent par des décisions exceptionnelles. Prenez l’initiative et libérez votre pays, pris en otage. Le conflit aujourd’hui oppose deux volontés : la volonté syrienne et la volonté libanaise. Comment accepter, dans un tel conflit, qu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu ? Vous, les fidèles de Rafic Hariri, de Gebran Tuéni, de Georges Haoui, de Samir Kassir, de Pierre Gemayel ; vous, les promoteurs du printemps de Beyrouth et de la révolution du Cèdre, comment pouvez-vous tolérer plus longtemps cette comédie orchestrée à Damas et exécutée par des comparses locaux ? Dans les années 90, les chrétiens avaient presque unanimement boycotté les élections législatives. La volonté syrienne a « nommé » les parlementaires chrétiens. Les institutions alors ne souffraient pas d’un manque de légitimité ou d’une quelconque contradiction avec l’alinéa i ou l’article 95 de la Constitution. Aujourd’hui, un parti politique décide de son plein gré de démissionner du gouvernement. En quoi cela remet-il en cause la coexistence libanaise et pour quelles raisons obscures acceptez-vous cette logique ? Pourquoi le pouvoir, qui était resté légitime même avec le boycott de l’écrasante majorité des chrétiens, serait-il subitement illégitime avec la démission volontaire de quelques ministres ? Messieurs les leaders du mouvement du 14 Mars, vous incarnez aujourd’hui la volonté libanaise. Au risque de perdre toute crédibilité nationale, vous êtes tenus de passer aux actes : 1 - Nomination de ministres chiites en remplacement des ministres démissionnaires. 2 - Ouverture de la session parlementaire ordinaire sous l’égide du vice-président de la Chambre. 3 - Renouvellement de la confiance au gouvernement. 4 - Vote du statut du tribunal international. 5 - Approbation de la loi électorale proposée par la commission présidée par M. Fouad Boutros. 6 - Destitution du président de l’Assemblée nationale conformément à la Constitution et élection d’un nouveau président. Personne ne veut d’une guerre interne au Liban. Mais ce refus ne doit pas vous pousser à plier devant la volonté du Baas syrien. Ce qui se passe chez nous rappelle étrangement ce qui s’est passé en 1938 à Munich. Les démocrates de l’époque, dans leur volonté de préserver la paix, avaient accepté le diktat du Führer. Tout le monde connaît la suite. N’oubliez pas que le pouvoir se gagne, mais aussi qu’il se perd. Aujourd’hui, vous avez le pouvoir. Vous pouvez le perdre demain et vous devrez alors vous incliner en acceptant la règle du jeu qui est l’essence même de la démocratie : un vainqueur et un vaincu. Raymond NAMMOUR Côte d’Ivoire
Messieurs de la majorité, vous avez tous les pouvoirs de par la règle démocratique. Vous avez été élus démocratiquement, vous avez la majorité absolue au Parlement, vous bénéficiez d’un très large appui populaire et du soutien inconditionnel de l’ONU, celui aussi de la Ligue arabe et des grandes puissances occidentales et régionales. Qu’attendez-vous pour agir ?...